Washington envisage sérieusement de transférer le QG d’AFRICOM au Maroc, partenaire stratégique et pilier sécuritaire régional

Le Maroc continue de s’affirmer comme un acteur incontournable de la sécurité en Afrique. Lors d’une audition tenue le 10 juin 2025 devant le Comité des forces armées du Congrès américain, le général Michael E. Langley, commandant du United States Africa Command (AFRICOM), a mis en lumière le rôle central du Royaume dans la stabilité régionale, n’écartant pas la possibilité de transférer le quartier général d’AFRICOM de Stuttgart (Allemagne) vers le Maroc. Si cette perspective est encore entravée par des considérations budgétaires, l’option marocaine s’impose de plus en plus dans les milieux stratégiques américains.
Un repositionnement stratégique à l’étude
Le transfert du QG d’AFRICOM au Maroc n’est plus un simple sujet de réflexion marginal. À Washington, cette éventualité est désormais débattue au plus haut niveau. Devant les membres du Congrès, le général Langley a reconnu que le Maroc représentait un emplacement géostratégique de choix pour piloter les opérations américaines sur le continent africain, en raison de sa stabilité, de ses capacités militaires croissantes et de son engagement actif en matière de sécurité régionale.
Même si le coût financier de cette relocalisation reste élevé, Langley a indiqué que les avantages opérationnels d’un tel déménagement pourraient, à terme, l’emporter sur les contraintes budgétaires actuelles. Il a souligné que la proximité du Royaume avec les foyers de crise du Sahel et son ouverture sur l’Atlantique et la Méditerranée en font un partenaire de premier ordre pour les États-Unis.
Le Maroc, modèle régional et exportateur de sécurité
Plus qu’un allié traditionnel, le Maroc a été décrit par Langley comme un véritable « exportateur de sécurité », salué pour sa capacité à former des milliers de militaires africains chaque année dans plusieurs domaines : médecine militaire, renseignement, forces spéciales, troupes aéroportées, et plus encore. Grâce à une coopération exemplaire, le Royaume forme annuellement plus de 1 200 cadres militaires issus de pays d’Afrique subsaharienne, souvent sans facturer les bénéficiaires.
Les forces armées royales, appuyées par une flotte d’aéronefs de type C-130 fournis par les États-Unis, assurent également des missions de formation et de soutien logistique dans la région. Ce rôle structurant est complété par une participation active aux missions de maintien de la paix de l’ONU, avec plus de 1 700 soldats marocains déployés notamment en Centrafrique et en République démocratique du Congo.
Un Centre d’excellence en 2025, cofinancé par les États-Unis
Le général Langley a aussi annoncé un jalon majeur : en septembre 2025, le Maroc inaugurera un Centre d’excellence pour le maintien de la paix. Cette infrastructure ultramoderne, financée en partie par les États-Unis, sera capable de former des milliers de militaires africains et d’accueillir des sommets de haut niveau, des conférences de défense et des sessions de formation pour les élites militaires du continent. Il s’agira d’un levier majeur pour la montée en compétence des forces armées africaines.
African Lion, symbole d’une coopération militaire approfondie
Langley a rappelé sa participation récente à l’exercice African Lion 2025, tenu au Maroc. Il s’agit du plus grand exercice militaire conjoint organisé par les États-Unis sur le continent africain, rassemblant plus de 10 000 soldats issus de 52 pays, dont plusieurs membres de l’OTAN. Cet événement, selon lui, incarne l’efficacité d’un partenariat où les nations africaines, à commencer par le Maroc, deviennent des acteurs de premier plan dans la gestion des menaces régionales.
Il a également évoqué la tenue, à Rabat, de la Africa Senior Enlisted Leader Conference, qui a réuni plus de 130 hauts responsables militaires de 30 pays africains. Le choix du sergent-major Michael Woods, ancien conseiller de Langley, de s’installer au Maroc pour cet événement, illustre selon le général « le lieu où l’influence stratégique est aujourd’hui la plus forte sur le continent ».
Une reconnaissance du leadership marocain
En résumé, les déclarations du général Langley dressent un portrait élogieux du Maroc : un pays exemplaire en matière de coopération militaire, de projection sécuritaire, de diplomatie régionale et de formation de cadres africains. Pour lui, le Royaume est tout simplement « un exemple éclatant de retour sur investissement » pour les États-Unis.
Si le transfert d’AFRICOM au Maroc n’est pas encore entériné, il s’agit désormais d’un scénario pris très au sérieux à Washington, dans un contexte où l’influence sécuritaire du Royaume, notamment au Sahel, ne cesse de croître.
Le Maroc, fort de son engagement constant pour la paix et la stabilité, pourrait donc accueillir prochainement l’un des plus importants commandements militaires des États-Unis hors sol américain — une reconnaissance sans précédent de son statut de partenaire stratégique majeur sur le continent africain.
Abderrazzak Boussaid/Le7tv