À Rabat, la Ministre Palestinienne Farsin Shaheen alerte sur un génocide à Gaza et appelle à la reconnaissance universelle de l’État de Palestine

C’est avec une gravité poignante que Farsin Shaheen, Ministre d’État Palestinienne chargée des Affaires étrangères et des Expatriés, s’est exprimée en marge des travaux de la 5e réunion de l’Alliance Globale pour la mise en œuvre de la solution à Deux États, ouverte à Rabat ce mardi 20 mai 2025. Dans un point de presse sans concession, la cheffe de la diplomatie palestinienne a dénoncé ce qu’elle qualifie de « génocide en temps réel » dans la bande de Gaza, un drame humain qu’elle affirme ne plus pouvoir être nié par la communauté internationale.
« Gaza est affamée, bombardée, déplacée, et délibérément privée des moyens de survie. Il ne s’agit pas d’une guerre contre des militants, mais d’une tentative d’effacement pur et simple de notre peuple », a-t-elle martelé.
Un cri d’alerte contre une « politique d’anéantissement »
Dans un discours empreint de colère contenue, la ministre palestinienne a dénoncé une violence systémique, qualifiant la situation actuelle non pas d’accident de l’Histoire, mais d’aboutissement d’une stratégie assumée visant à faire obstacle à l’émergence d’un État palestinien souverain.
Elle a décrit une situation où tous les éléments constitutifs d’un génocide sont, selon elle, réunis : privation de nourriture et d’eau, bombardements indiscriminés, absence d’aide médicale, et politique de déplacement forcé.
« Nous assistons à une purification ethnique en temps réel. L’intention de tuer est manifeste », a-t-elle ajouté.
Une reconnaissance qui ne peut plus attendre
Tout en réaffirmant l’engagement de la Palestine en faveur d’une solution fondée sur la justice et le droit international, Farsin Shaheen a dénoncé le paradoxe d’un ordre mondial où le droit des Palestiniens à l’autodétermination reste conditionné à la volonté de la puissance occupante.
« Cela fait des décennies que l’on nous dit que la reconnaissance de l’État de Palestine doit être le fruit d’un processus de négociation. Mais ce raisonnement revient à subordonner nos droits fondamentaux à ceux qui nous les refusent », a-t-elle regretté.
Dans ce contexte, la ministre a appelé à une reconnaissance universelle et immédiate de l’État de Palestine, non comme un simple geste symbolique, mais comme un acte politique stabilisateur.
Pour Farsin Shaheen, l’Alliance mondiale réunie à Rabat constitue une plateforme stratégique capable d’unir les efforts régionaux et internationaux en faveur d’une paix juste et durable. Elle a salué l’attachement constant de nombreux pays, de l’Europe à l’Arabie saoudite, à l’Initiative de paix arabe, qui conditionne tout rétablissement de relations diplomatiques avec Israël à la fin de l’occupation et à la création d’un État palestinien souverain.
« Après 77 ans de déplacements forcés et 56 ans d’occupation, ce consensus régional représente une avancée significative », a-t-elle souligné.
« Le temps de l’incertitude est révolu »
La ministre palestinienne a conclu en lançant un appel clair aux États membres de l’Alliance :
« Soutenir la paix, c’est défendre le droit de la Palestine à exister. 149 pays nous ont déjà reconnus. Cette dynamique doit maintenant se traduire en avancées concrètes, irréversibles. Il est temps d’ancrer la Palestine dans l’ordre international. Faisons de la paix une réalité. Le temps de l’incertitude est révolu. »
Dans un contexte international de plus en plus conscient des tragédies humanitaires à Gaza, l’appel de Rabat, porté par une diplomatie palestinienne déterminée, vient rappeler que la reconnaissance de l’État de Palestine n’est plus une option diplomatique, mais une exigence de justice et de stabilité mondiale.
Abderrazzak Boussaid/Le7tv