Bouznika : Nasser Bourita souligne la nécessité impérative de « l’esprit de Skhirat » pour parvenir à une solution au dossier Libyen.

Le Ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita, a souligné ce mercredi à Bouznika la nécessité impérative de « l’esprit de Skhirat » pour parvenir à une solution au dossier Libyen.

Dans son allocution lors de l’ouverture de la réunion consultative entre la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État libyens, qui se déroule sur deux jours avec la participation de plus de 60 membres des deux institutions, M. Bourita a déclaré : « Nous avons besoin aujourd’hui, plus que jamais, de l’esprit de Skhirat à ce moment crucial du dossier libyen. » Il a précisé que cet esprit, qui avait permis aux Libyens de démontrer au monde leur capacité, leur volonté et leur vision pour résoudre les problèmes de leur pays, était essentiel pour la Libye et la communauté internationale. Il a exprimé l’espoir que cet esprit guide les prochaines étapes à partir de cette réunion.

Le ministre a rappelé que la signature, le 17 décembre 2015, de l’Accord de Skhirat avait constitué une référence fondamentale pour les Libyens, offrant au pays des interlocuteurs au niveau international, une certaine stabilité et des institutions, parmi lesquelles figurent celles représentées aujourd’hui. Selon lui, la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État libyens restent des « outils essentiels » pour tout progrès dans le processus de résolution du dossier libyen.

Quant au choix de la ville de Bouznika pour accueillir cette réunion consultative, M. Bourita a expliqué que le Maroc y voit un signe de confiance durable et de fraternité sincère entre les deux pays et leurs peuples, ainsi qu’un témoignage du confort des Libyens à tenir leurs réunions au Royaume, grâce à l’approche adoptée par le Maroc, sous les Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, depuis le début du dossier libyen.

Cette approche, a-t-il ajouté, repose sur la non-ingérence, le respect de la volonté des Libyens et de leurs institutions, et le soutien à toutes les options décidées par les institutions légitimes libyennes pour avancer vers une solution à la crise dans ce pays.

M. Bourita a souligné que les positions du Royaume du Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, sont constantes et ne changent pas avec les événements ou les contextes : « Nous sommes aux côtés de la Libye, considérant que sa stabilité est la nôtre, et son unité est la nôtre. Nous pensons que la solution doit toujours être libyo-libyenne, sans aucune imposition extérieure. »

Il a également mis en avant la volonté du Maroc de laisser aux Libyens un espace de dialogue libre, sans positions préconçues, propositions ou initiatives autres que celles découlant de la volonté des parties libyennes elles-mêmes, à l’abri de toute pression.

Le ministre a relevé que cette réunion consultative se tient dans un contexte complexe, marqué par des transformations importantes, des événements rapides et des ingérences non arabes dans les affaires arabes. Il a appelé les Libyens, en particulier, à préserver l’unité et l’intégrité de leur pays dans cette conjoncture délicate pour la région arabe.

Par ailleurs, cette réunion intervient, selon M. Bourita, dans un contexte de volonté de relancer le dossier libyen, tant au niveau de la mission onusienne que de certains acteurs. Il a indiqué que cette rencontre représente une opportunité pour les deux institutions légitimes en Libye de converger leurs visions et de réagir aux évolutions en cours.

Il a poursuivi en affirmant qu’il existe un besoin urgent pour une gouvernement d’unité nationale en Libye, capable de répondre aux aspirations des Libyens en matière de développement économique et social, de stabilité, et de préparer des élections crédibles pour résoudre la dualité institutionnelle. Il a noté que la communauté internationale a également besoin de ce gouvernement pour accompagner la volonté libyenne, tant sur les questions internes qu’au niveau externe.

Il a averti que « la multiplication des conférences régionales et internationales sur la Libye ne remplacera pas les dialogues libyo-libyens, qui sont légitimes et porteurs de solutions adaptées aux besoins du pays. » Le Maroc estime que ces dialogues doivent se dérouler sans ingérences, influences ou pressions.

M. Bourita a conclu en qualifiant cette réunion consultative de « fondamentale et encourageante », ajoutant qu’elle pourrait servir de point de départ pour redynamiser le dossier libyen. Il a insisté sur le fait que « la solution à la crise libyenne est entre les mains des Libyens eux-mêmes. »

Il convient de rappeler que le Royaume du Maroc, sous les directives de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avait accueilli en 2015 à Skhirat une série de rounds du dialogue libyo-libyen sous les auspices des Nations Unies. Ces efforts ont abouti à l’Accord de Skhirat, qui constitue une étape cruciale pour résoudre la crise libyenne. Cet accord a conduit à la formation du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale, à la mise en place de mécanismes pour unifier les institutions de l’État et à l’organisation d’élections, contribuant ainsi à l’édification des institutions de la Libye et à la préservation de son unité nationale et de sa souveraineté territoriale, répondant aux aspirations du peuple libyen en matière de prospérité, de développement et de stabilité.