Algérie: Les Libertés de la Presse toujours sous le joug de la junte militaire
Chaque année, Amnesty International publie son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Pour l’année 2023, la situation en Algérie est particulièrement alarmante, marquée par une répression accrue contre la liberté d’expression et la presse. Les autorités algériennes ont resserré leur étau autour de l’espace civique, condamnant des journalistes, militants et chercheurs pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression. Le rapport de cette année met en lumière des pratiques autoritaires qui violent gravement les droits fondamentaux des citoyens algériens.
Répression Systématique et Fermetures Abusives
Le gouvernement algérien a intensifié ses actions répressives en poursuivant en justice et en condamnant plusieurs journalistes, militants et chercheurs. Parmi les victimes de cette répression, le journaliste Ihsane El Kadi et son groupe Interface Média, qui inclut Radio M et le site Maghreb Émergent, ont été dissous sur ordre d’un tribunal algérien. La cour d’appel a ensuite condamné Ihsane El Kadi à sept ans de prison, dont deux avec sursis, pour son travail journalistique, notamment ses contributions au quotidien français La Croix. Cette condamnation n’est qu’un exemple parmi d’autres.
En outre, le militant amazigh Slimane Bouhafs a été condamné à trois ans de prison pour des accusations infondées liées à ses publications en ligne. Ces actions judiciaires contre des figures médiatiques et des activistes soulignent une volonté claire du gouvernement de museler toute forme de critique et d’opposition.
Lois Draconiennes
Les autorités n’ont pas seulement ciblé des individus mais ont aussi promulgué des lois draconiennes pour restreindre davantage la liberté d’expression. La nouvelle Loi organique n°23-14 relative à l’information impose des règles strictes concernant la licence et la propriété des médias, limitant leur détention aux seuls ressortissants algériens et interdisant la publication d’informations jugées « fausses » ou « portant atteinte à la mémoire nationale ». Cette loi prévoit également des amendes sévères et la confiscation de biens pour les médias recevant des financements étrangers, une mesure qui vise clairement à isoler les médias algériens de toute influence extérieure.
Le rapport d’Amnesty International est une dénonciation accablante des pratiques autoritaires des autorités algériennes. En persistant dans cette voie, le gouvernement algérien non seulement bafoue les droits fondamentaux de ses citoyens mais s’érige également en adversaire des principes démocratiques universels. Les voix critiques, qu’elles soient de la presse, des militants ou des chercheurs, sont systématiquement réduites au silence, plongeant l’Algérie dans une spirale de répression et d’autoritarisme.
Abderrazzak Boussaid/Le7tv