L’Arabie Saoudite propose l’exil des Chefs du Hamas…en Algérie !
Un document confidentiel, mis au point par un think tank de Riyad, esquisse un plan de sortie de crise à Gaza. En plus de l’exfiltration des cadres du mouvement islamiste vers l’Algérie, il suggère de déployer une force de maintien de la paix arabe dans l’enclave palestinienne.
Sur le dossier brûlant de la guerre à Gaza, l’Arabie saoudite joue une partition singulière. Elle préside le comité arabo-islamique, mis en place à l’issue d’un sommet à Riyad, à la mi-novembre, qui fait la tournée des capitales occidentales pour plaider la cause du cessez-le-feu à Gaza. Dans le même temps, elle multiplie les envois d’aide humanitaire vers la bande côtière palestinienne.
En deux mois et demi de guerre, trente-trois avions-cargos saoudiens, chargés à ras bord de matériel de première urgence, se sont déjà posés sur l’aéroport d’El-Arich, dans le Sinaï égyptien et quatre bateaux ont accosté à Port-Saïd, sur le canal de Suez.
En coulisses, l’Arabie saoudite s’efforce aussi de trouver une solution au conflit, dont le bilan humain, côté palestinien, approche des 20 000 morts. Dans un document confidentiel, élaboré par Abdelaziz Al-Sager, le directeur d’un centre de réflexion saoudien, le Gulf Research Center, qui esquisse un plan de sortie de crise. Le texte a été élaboré dans la foulée d’une rencontre, le 19 novembre à Riyad, entre M. Al-Sager et Anne Grillo, la directrice du département Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay. Il a été ensuite transmis au ministère des affaires étrangères français.
Le document suggère des pistes pour arrêter les hostilités à Gaza et stabiliser l’enclave. La plus singulière est l’évacuation vers Alger « des dirigeants militaires et sécuritaires du Hamas », une formule qui désigne probablement Mohammed Deif, le commandant des Brigades Ezzedine Al-Qassam, la branche armée du mouvement islamiste, et possiblement aussi Yahya Sinouar, le chef du Hamas à Gaza, très proche de l’aile militaire.
L’Algérie est citée comme une possible destination d’exil pour ces hommes en raison de ses bonnes relations avec le Qatar et l’Iran, « les principaux partisans du mouvement Hamas », et de sa « capacité sécuritaire », qui lui permettrait de « contrôler les activités de ces dirigeants ».
L’idée n’est pas sans rappeler l’évacuation en bateau, en 1982, de Yasser Arafat et des fedayins palestiniens, de la ville de Beyrouth, alors assiégée par l’armée israélienne. Le chef de l’Organisation de libération de la Palestine et ses troupes avaient rallié Athènes, sous escorte de la marine française, avant de s’installer à Tunis.
Parmi les autres points évoqués dans l’ébauche de plan de M. Al-Sager figure le déploiement dans Gaza de forces arabes de maintien de la paix, sous mandat des Nations unies, et la création d’un « conseil de transition conjoint », réunissant les principaux partis de Gaza (Hamas, Jihad islamique et Fatah), chargé de gérer l’enclave pendant quatre ans et d’organiser des scrutins présidentiel et parlementaire.