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Comment l’Arabie Saoudite s’est façonnée un Championnat plus que redoutable, en quelques mois ?!

En l’espace d’un Été, le Royaume Saoudien s’est imposé comme un incontournable sur la carte du football mondial. Passés l’effet de surprise et la curiosité, les questions sur l’équilibre et la pérennité de ce championnat demeurent

Le milieu du football se souviendra sans doute de l’été 2023. Vendredi 1er septembre à 23 heures, la plupart des marchés des transferts des grands championnats européens vont fermé leurs portes après deux mois de ventes, d’achats, de prêts et parfois de feuilletons aux scénarios invraisemblables. Parmi eux, celui de l’Arabie saoudite, qui a donné à ce mercato des airs de cambriolage. La « Roshn Saudi League » (RSL), nouvelle vitrine du soft power du Royaume, a montré un appétit sans limite et, à quelques exceptions près, les sirènes du désert ont paru irrésistibles.

Comment les clubs saoudiens ont-ils financé une telle razzia ?

La réponse à cette question tient en trois lettres : PIF, pour Public Investment Fund (Fonds public d’investissement). Cette manne d’argent est estimée à plus de 700 milliards d’euros par l’institut Global Sovereign Wealth Funds. Il est le réservoir qui permet au prince héritier, Mohammed Ben Salman, de mener à bien le projet « Vision 2030 », grand plan de diversification économique et d’amélioration de l’image du pays dans le monde alors que le royaume est régulièrement pointé du doigt sur les questions des droits humains.

C’est à partir de ce même fonds souverain que l’Arabie saoudite a racheté le club anglais de Newcastle, à l’automne 2021. Au début du mois de juin 2023, le PIF a réalisé une autre acquisition d’ampleur qui fut le point de départ de ce mercato historique : l’achat de 75 % des parts de quatre clubs de première division saoudienne. Alors transformées en sociétés dotées de moyens quasiment illimités, ces quatre locomotives se sont lancées dans la construction de leur effectif à vitesse grand V en signant plus d’une vingtaine de joueurs évoluant jusqu’ici en Europe.

Quels sont les quatre clubs qui ont animé le mercato ?

Deux de ces heureux élus sont basés à Riyad : l’Al-Nassr, où évolue depuis le début de l’année Cristiano Ronaldo, et Al-Hilal, nouveau foyer de Neymar. Les deux autres sont issus de Djedda, ville côtière située près de La Mecque : Al-Ittihad, terre d’accueil du Ballon d’or 2022 Karim Benzema, et Al-Ahli, qui s’est offert, entre autres, le Brésilien Roberto Firmino et l’Algérien Riyad Mahrez.

Clubs historiques du pays, ces quatre écuries se sont attribué 39 des 48 titres de champion distribués depuis la création du championnat national, en 1974. Difficile d’imaginer que l’hégémonie prenne fin cette saison au vu du luxueux recrutement opéré : Sadio Mané, deuxième du dernier Ballon d’or, a rejoint Cristiano Ronaldo à Al-Nassr. Le français N’Golo Kanté (Al-Ittihad) et l’ex-capitaine ivoirien du RC Lens Seko Fofana (Al-Nassr) sont aussi venus grossir les rangs de ces escouades.

Avec la fin du mercato Européen, les départs vont-ils cesser ?

Si la fin du marché des transferts dans les grands championnats du Vieux Continent signifie que les écuries européennes ne peuvent plus acheter, elles peuvent toujours vendre car tous les championnats ne clôturent pas leur mercato en même temps. L’Arabie saoudite a choisi de jouer les prolongations et autorise ses clubs à poursuivre leurs emplettes jusqu’au 20 septembre.

Inquiet à l’idée de voir un joueur partir sans pouvoir le remplacer, Jürgen Klopp, l’entraîneur allemand de Liverpool, estimait début août que ce décalage était « la pire des choses » et exhortait les instances européennes et internationales à « trouver des solutions ».

Pour autant, il n’est pas dit que les armadas saoudiennes enregistrent d’autres renforts d’ici au 20 septembre. Le règlement du championnat leur impose une limite de huit joueurs étrangers par équipe et la plupart l’ont déjà atteinte, en particulier les quatre clubs acquis par le PIF. Ryad Boudebouz, ancien pensionnaire de Ligue 1 (Montpellier, Saint-Etienne), est par exemple poussé vers la sortie pour faire place aux joueurs fraîchement arrivés. A moins de vendre, les ardeurs saoudiennes devront être réfrénées.

Quelle valeur et quel avenir pour le championnat saoudien ?

Une avalanche de stars suffit-elle pour rendre un championnat compétitif ? Même si l’exode vers l’Arabie saoudite semble revêtir une ampleur et une rapidité inédites, le football international ne manque pas de recul sur la question. Thomas Tuchel, ancien entraîneur du PSG, aujourd’hui sur le banc du Bayern Munich, y voit d’ailleurs la même « ruée vers l’or qu’en Chine quand elle avait lancé sa Ligue ».

Dans les années 2010, la Chinese Super League, dans sa tentative de devenir le nouvel eldorado, avait mis le grappin sur les Brésiliens Hulk et Oscar ou même la légende ivoirienne Didier Drogba. Le tout pour un résultat peu brillant. Sans résultats sportifs probants sur le plan continental et incapables de tenir de tels niveaux d’investissements sur le long terme, plusieurs clubs, dont le plus célèbre d’entre eux, le Guangzhou Evergrande de Canton, sont peu à peu tombés dans l’oubli

La RSL va-t-elle au-devant du même destin ? Trois éléments, au moins, laissent penser que l’histoire a des chances d’être différente. D’abord, la volonté étatique de mettre le football saoudien au cœur du rayonnement du pays. A terme, le Royaume souhaiterait imiter son voisin qatari et accueillir une Coupe du monde, peut-être en 2034.

Ensuite, le championnat saoudien – à l’inverse de celui du Qatar ou de la Chine en leurs temps – ne bâtit pas à partir de rien et était déjà une référence du football sur son continent. Al-Hilal est par exemple le club le plus titré en Ligue des champions asiatiques avec quatre sacres, dont le dernier a été remporté en 2021.

Enfin, parce que l’Arabie saoudite ne semble pas construire un championnat pour « préretraités ». Cet été, la moyenne d’âge des joueurs recrutés par les quatre clubs soutenus par le PIF en provenance des championnats européens est de 29 ans, le pic d’une carrière pour un footballeur. Un chiffre qui tord le cou aux idées reçues et donne de sérieux arguments aux ambitions mondiales du football saoudien.

L’Arabie saoudite a en tout cas déjà réussi là où la Chine, les Etats-Unis et les autres championnats extra-européens ont échoué : la diffusion. En France, Canal+ proposera trois rencontres, par journée, pour les deux prochaines saisons. Le site de streaming DAZN s’en chargera pour l’Angleterre, l’Allemagne et l’Autriche. De quoi imposer un peu plus la RSL comme un championnat qui compte en Europe.

La rédaction /Le7tv

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