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LA FRANCE SE FAIT CHASSER DE L’AFRIQUE !

 

Le discours du Président Macron du 27 février 2023 sur « la politique africaine de la France » (une politique qui est censée ne plus exister depuis Ouagadougou 2001, mais qui continue de faire l’objet du discours politique de la France) dit le contraire : plus la France est rejetée par les africains et plus elle entend rester en Afrique. Y rester donc coûte que coûte : il faut « nous arrimer au continent » africain, s’y accrocher et agripper, s’y incruster, ose marteler encore Macron !…

C’est ce coûte que coûte, qui n’est pas simplement une persistance de la « présence française » en Afrique, mais son insistance, comme si la France était obligée de rester sur un continent où elle n’est plus la bienvenue (l’a-t-elle-même jamais été pour les peuples africains et leurs sols où elle s’est imposée plutôt qu’invitée ?), « obligée » par nul ne sait quels droit et devoir, comme si l’Afrique était la France ; c’est ce coûte que coûte qui provoque ici réflexion, à l’occasion du discours du président français.

Ce discours est étrange qui parle d’une « intimité franco-africaine » (le mot « intimité » intervient au moins deux fois dans le discours, même entre militaires Français et Africains) au moment même où il n’y a plus vraiment de désir de France chez les Africains, au point que la France elle-même s’est souvent plaint d’un « sentiment anti-français » en Afrique ! Macron évoque donc une « envie d’Afrique en France » sans ignorer qu’il y a de moins en moins une envie de France en Afrique…

Soulignons quelques-unes des contradictions manifestes du discours présidentiel de la France pour les laisser de côté : il faut devenir profondément humble (« profonde humilité ») vis-à-vis de l’Afrique, mais en même temps ne pas y laisser un vide, une absence, une fois qu’on a dit avoir rompu avec la France-Afrique, comme si l’Afrique dépendait absolument de la France pour exister (ce vide serait un chaos sans la France). Mais les Britanniques n’ont, par exemple, pas de bases militaires dans les pays africains qu’ils ont colonisés, et ces pays ne sont ni moins démocratiques, ni moins développés, ni moins stables que leurs homologues colonisés par la France. Bien au contraire…

De même, ne pas s’engager, en Afrique, dans une compétition avec les Russes et autres Chinois et Turcs, que Macron considère comme « anachronique » car, dit-il, « pour éviter la répétition de l’Histoire, il existe une autre voie…qui consiste à ne pas réduire l’Afrique à un terrain de compétition ou de rente » ; mais en même temps le président français finit par marteler, quand il s’agit des intérêts économiques de la France, que l’Afrique « c’est une terre de compétition maintenant » !…

Mais, il reste un sujet central du discours qu’il est impossible de laisser de côté. Elle concerne le sécuritaire et le militaire. Il faut en bousculer la prééminence, selon Macron. En clair, la présence française en Afrique ne doit plus tourner autour de la seule question sécuritaire et militaire « comme cadre de tout ». Le maître-mot est désormais le partenariat, un partenariat renouvelé dans lequel le militaire et le sécuritaire devront s’insérer : « déployer sous forme partenariale notre présence sécuritaire, pour qu’elle s’insère dans ce nouveau partenariat »…

Tout se passe donc comme si la présence militaire et sécuritaire de la France en Afrique était dépendante et subordonnée à un partenariat qui la régit. En réalité c’est l’inverse : le partenariat dont parle le président Macron n’est garanti et assuré qu’avec les Etats africains où la France a une présence militaire et sécuritaire, laquelle fait toute la présence de la France en Afrique. Autrement dit, il n’y a de présence française en Afrique que militaire et sécuritaire.

Ce n’est absolument pas par la langue française ni par des entreprises que la France est présente en Afrique ; car la présence de Français n’est pas exigée ni nécessaire sur place à chaque fois qu’un Africain s’exprime en langue française en Afrique : le français comme langue n’est pas présence de la France en Afrique, il en est la trace ; c’est-à-dire aussi l’absence.

Quant aux entreprises, non seulement elles ouvrent et ferment, mais surtout n’ont pas besoin de porter le drapeau de la France, comme les ambassades, pour exister. La seule vraie présence de la France en Afrique, en chair et en os, est celle des uniformes et drapeaux de ses armées. Là seulement et singulièrement se voit la France. La France n’est visible en Afrique qu’à travers ses armées, même si ses militaires sont discrètement retranchés dans des casernes, à l’abri des regards des citoyens africains…

Ce n’est donc pas cette présence militaire et sécuritaire de la France qui dépend d’un partenariat qui est seulement appelé à prendre forme désormais (ce qui veut dire qu’il n’a jamais existé comme tel !), mais c’est le nouveau partenariat qui est annoncé qui dépend de la présence militaire de la France en Afrique. Tout comme en dépendent, du reste, les intérêts économiques et financiers de la France en Afrique (ce sont les pays qui abritent des bases militaires françaises en Afrique qui sont aussi les appuis des intérêts économiques et financiers de la France en Afrique !) ; l’unique moyen d’assurer et protéger ces intérêts étant la force militaire.

Un partenariat qui n’existe pas encore ne peut pas justifier une présence militaire et sécuritaire française qui, elle, perdure déjà dans certains pays d’Afrique depuis la « décolonisation » au moins. Voilà pourquoi les Etats africains qui chassent les armées françaises de leurs sols portent aussi un coup aux intérêts financiers et économiques de la France chez eux, et sont logiquement accusés d’afficher un « sentiment anti-français »…

La rédaction /Le7tv

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