Hausse des cas de divorce au Maroc : Comment le psychisme des enfants est-il affecté par la séparation des parents ?
L’inquiétante hausse des cas de divorce au Maroc, est source de préjudices pour les enfants, nécessitant d’accorder plus d’attention à ce phénomène sociétal et d’entreprendre des recherches quant aux véritables motifs d’ordre économique, social ou psychologique, qui entraînent la dissolution du pacte du mariage, qui est « la chose licite la plus détestée » en Islam.
De récents indicateurs tirent la sonnette d’alarme quant à cette hausse inquiétante qui touche en premier lieu les jeunes couples, avec un total de 26.957 divorces en 2021 d’après des chiffres communiqués par le ministère de la Justice.
Cette situation a ouvert la voie à un débat sociétal traitant de l’augmentation des cas de divorce. Une attention particulière a été donnée au côté matériel de la chose incluant le statut des enfants dont les parents sont divorcés, notamment la garde et la pension. Une moindre attention est accordée, par contre, à la condition psychique de ces enfants qui se trouvent au cœur des perturbations du divorce impliquant un changement radical de leur vie après la séparation des parents.
A ce sujet, la pédopsychiatre Houda Hjiej affirme que « le divorce n’est pas systématiquement source de troubles psychologiques chez les enfants, mais la plupart d’entre eux ressentent la peur de perdre leurs parents ou l’un d’eux ». « Les enfants issus de parents séparés ressentent des peurs par rapport à tout ce qui touche leur vie quotidienne et se posent de nombreuses questions à cet égard », a-t-elle expliqué, donnant l’exemple d’interrogations qui peuvent traverser l’esprit de ces enfants comme : « Vais-je continuer à fréquenter la même école ? », « Aurai-je la même qualité de vie qu’avant la séparation de mes parents ? »
La pédopsychiatre a noté qu’en général, « les troubles psychologiques dont souffrent certains enfants après le divorce résultent principalement de l’environnement négatif qui règne avant, pendant et après la séparation des parents, c’est-à-dire à l’heure où les conflits et les problèmes familiaux surviennent ».
Par contre, poursuit la spécialiste, « si l’étape du divorce se passe sans conflit entre les parents et que l’enfant est assuré qu’il continuera à voir ses parents de façon régulière, alors le divorce n’entraîne aucun trouble psychologique pour celui-ci ».
S’agissant de l’accompagnement psychologique des enfants en cas de divorce, Hjiej a souligné l’importance d’une communication fluide, mettant en avant le rôle des deux parents dans ce processus. « Le père et la mère doivent être orientés au début pour aider leurs enfants à faire face aux répercussions du divorce, en créant un environnement rassurant, propice à une acceptation des évolutions de la chose ».
« Dans le cas d’un enfant souffrant de troubles nécessitant un traitement, il est nécessaire de solliciter l’intervention d’un spécialiste pour garantir un accompagnement psychologique », a-t-elle insisté. Dans le même contexte, la spécialiste a présenté un ensemble de conseils aux parents pour aider l’enfant à affronter une séparation ou un divorce, soulignant à cet égard qu’avant d’atteindre le stade du divorce, il ne faut pas afficher les hostilités et laisser éclater les différends en présence de l’enfant, mais plutôt essayer de déculpabiliser ce dernier et de le rassurer au cours de cette période de grande incertitude.
« Les enfants doivent également comprendre que la séparation se produit entre deux adultes, à savoir le père et la mère, et non entre les parents et l’enfant« , a-t-elle relevé, soulignant l’importance d’un dialogue continu pour rassurer et réconforter l’enfant afin que l’étape du divorce puisse passer en toute sérénité.
Après le divorce, la spécialiste estime « essentiel que la partie qui n’a pas la garde des enfants respecte les dates de visite et que les deux parents tiennent leurs promesses, n’imposent pas trop de changements dans leur mode de vie et leur donnent suffisamment de temps pour accepter chaque changement qui se produit, aussi petit soit-il ».
Elle a également conseillé aux parents séparés de ne pas projeter leurs problèmes sur leurs enfants et de ne pas les utiliser comme un moyen de discréditer ou de se venger de l’ex-conjoint. De même, « les parents devraient veiller à protéger les enfants et ne pas exercer de pression psychologique sur eux », a-t-elle affirmé.
A la lumière de la hausse préoccupante des cas de divorce dans notre société, le besoin se fait sentir pour des études sociologiques et psychologiques approfondies afin d’examiner les raisons pour lesquelles les couples ont de plus en plus recours au divorce, et de proposer des recommandations et des solutions efficaces qui puissent limiter ce phénomène sociétal.
La rédaction /Le7tv