Tanger: Plaintes pour harcèlements sexuels, contre l’ex-patron français, Jacques Bouthier !
Quatre jeunes femmes ont déposé plainte au Maroc contre l’ancien patron français Jacques Bouthier incarcéré en France pour « viols sur mineure », en témoignant vendredi d’un climat de harcèlement sexuel banalisé sur fond de chantage à l’emploi dans son entreprise.
Ex-PDG du groupe de courtage en assurances Assu 2000, Jacques Bouthier, l’une des grandes fortunes de France, est accusé par les plaignantes de « traite d’êtres humains, harcèlement sexuel et violences verbales et morales », a déclaré à l’AFP Karima Salama, avocate de l’Association marocaine des droits des victimes, précisant que les faits présumés s’étaient produits entre 2018 et avril 2022.
« Une enquête est ouverte et nous faisons confiance à la justice », a affirmé Salama lors d’une conférence de presse à Tanger. Les plaintes ont été déposées auprès du procureur général de Tanger, où étaient employées les quatre plaignantes, âgées de 26 à 28 ans, par le groupe Assu 2000.
Trois d’entre elles ont témoigné vendredi devant des journalistes sous couvert de l’anonymat, leur identité protégée par un masque sanitaire et des lunettes noires.
Chantage sexuel
Elles ont dit avoir été licenciées après avoir refusé de « céder au harcèlement et au chantage » de Bouthier « et de ses complices » parmi les cadres français et marocains de la société à Tanger.
Ces jeunes femmes ont fait état de harcèlement sexuel systématique, de menaces et d’intimidations, dans un climat de précarité sociale.
« Il ne procédait pas seul. Il avait une armée de chefs qui étaient complices », a affirmé l’une d’elles. « Il m’a proposé de coucher avec lui et quand j’ai dit non, il m’a demandé si je pouvais lui présenter une sœur, une cousine ou une copine et que j’aurai un beau cadeau en échange ».
Une autre a affirmé que l’ancien patron français lui avait touché les épaules et avait glissé sa main sur la poitrine dès son premier jour de travail. « J’avais 20 ans, ça m’a choquée ». Après avoir refusé de céder à ses avances, elle a dit avoir été licenciée et reçu des « menaces de mort ».
« J’ai entendu parler des soirées arrosées de Jacques et des cadeaux qu’il offre. On m’a proposé de coucher avec deux responsables, une femme et un homme, contre beaucoup d’avantages. Quand j’ai refusé, l’enfer a commencé », a affirmé la troisième.
Les responsables de l’association sont persuadés de l’existence d’autres victimes et espèrent qu’elles vont aussi porter plainte et parler. « Il y a des témoins, il y a des preuves tangibles, il y a des échanges sur WhatsApp, par mail », a avancé la présidente de l’association, Aïcha Guellaa, qui a dénoncé l’existence d’un « système Jacques Bouthier ».
« Il n’a aucune morale, ni éthique, il est persuadé qu’avec son pouvoir financier il peut tout se permettre en toute impunité », a accusé cette avocate.
En 2020, le magazine Challenges classait Jacques Bouthier 487e dans son classement des principales fortunes de France, avec un patrimoine estimé à 160 millions d’euros. Il est sorti du classement en 2021.
« Il a cru qu’avec son argent il pouvait acheter la complicité des uns et le silence des victimes, des témoins, voire même des autorités et des services de police », a souligné Aïcha Guellaa.
Traite d’êtres humains et viols sur mineure
Âgé de 75 ans, Bouthier a été mis en examen en mai à Paris, avec cinq autres personnes, à l’issue d’une enquête préliminaire ouverte mi-mars, notamment pour « traite d’êtres humains » et « viols sur mineure« .
L’ex-chef d’entreprise septuagénaire a été incarcéré fin mai et poursuivi pour « association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d’enlèvement » et « séquestration en bande organisée et détention d’images pédopornographiques ».
Fondé en 1975 par Bouthier qui le dirigeait depuis, Assu 2000 -rebaptisé Vilavi en janvier- se présente comme le « premier courtier expert en assurance et en crédit dédié aux particuliers en France ». Il revendique 1.800 collaborateurs, 163 millions d’euros de chiffre d’affaires et près de 550.000 clients assurés.
La rédaction /Le7tv (avec AFP)