Hommage à Séoul à deux soldats Marocains, tombés sur le champ de bataille lors de la guerre de Corée
Un hommage appuyé a été rendu jeudi soir lors d’une cérémonie solennelle, organisée au siège de la résidence du Maroc à Séoul, à deux soldats Marocains dont le sang a coulé sur le sol sud-coréen lors de la guerre de Corée (1950-1953), en présence de plusieurs personnalités venant de divers horizons.
Lors de cette cérémonie à forte charge historique et émotionnelle, qui intervient quelques jours seulement du 6 juin, jour commémoratif des soldats et des civils morts pour la Corée du Sud, les sacrifices de Mohamed Benkaddour Lasri et Julien Djian, deux combattants marocains du bataillon français de l’ONU en Corée, ont été célébrés comme témoignage d’une amitié maroco-coréenne qui ne s’est jamais démentie et qui s’est développée au fil des ans.
Cette dimension historique de la relation maroco-coréenne a été mise en valeur dans les différentes allocutions prononcées à cette occasion. C’est le cas du ministre sud-coréen des Forêts, qui a souligné dans une allocution lue en son nom par un directeur du ministère, la nécessité de se remémorer des actes de noblesse dans la défense des valeurs et des idéaux de liberté, accomplis par les « héros cachés » de la guerre de Corée dont les soldats marocains : « La Corée du Sud n’aurait pas été la même sans le sacrifice de ces soldats », a-t-il dit.
Le responsable n’a pas manqué de souligner l’excellence des relations diplomatiques entre Rabat et Séoul, rappelant au passage la signature en 2018 d’un Mémorandum d’entente (MoU) entre les deux pays dans le domaine forestier
Même son de cloche chez le conservateur du cimetière de l’ONU à Pusan (Sud de la Corée du Sud) qui abrite les restes des soldats morts lors de la guerre de Corée, qui a souligné qu’à travers la commémoration des sacrifices des deux combattants marocains, la cérémonie, organisée par l’ambassade du Maroc à Séoul, vient rappeler les valeurs pour lesquelles ces soldats sont venus combattre sur le sol d’un pays lointain lors d’un pénible épisode qui menaçait d’ébranler les idéaux de paix dans le monde.
Il a salué l’héroïsme de ces soldats qui ont contribué à la liberté de son pays à la faveur de leur courage, leur bravoure et leur engagement infaillible. Un message fort de fraternité et d’amitié maroco-coréenne a été transmis lors de la cérémonie au nom du nouveau ministre des Affaires Étrangères, Park Jin, également député du parti au pouvoir au parlement coréen. Prenant la parole, l’ambassadeur du Maroc en Corée du Sud, Chafik Rachadi, a rendu un vibrant hommage aux vaillants combattants marocains.
Il a relevé que la cérémonie vient apporter une preuve supplémentaire que les sacrifices des deux soldats « ne sont pas tombés dans l’oubli » et que leurs sacrifices ont permis aux peuples marocain et coréen de rester liés indéfectiblement par une « fraternité de sang », transcendant le temps.
La cérémonie offre l’occasion de partager les valeurs humaines de paix et de coexistence embrassées et promue par le Royaume du Maroc sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a-t-il dit, soulignant que la célébration des sacrifices des deux soldats marocains se veut aussi une opportunité de découvrir ensemble un pan important de la mémoire historique partagée par les deux peuples. Les relations humaines entre le Maroc et la Corée du Sud dépasseraient les 60 ans qui marquent les relations diplomatiques entre les deux pays, a-t-il dit.
La cérémonie a été, par ailleurs, marquée par une conférence animée par M. Park Young-min, professeur à l’université de Daejin, suivie d’une séance de présentation et de dédicace du livre « Imjin Scouts » de son auteur Kwan-Hyun Moon, responsable à l’agence de presse sud-coréenne « Yonhap », retraçant le rôle des soldats, membres de cette unité dans la protection de la Corée du Sud de 1965 à 1991.
Le moment fort de la cérémonie d’hommage à la fraternité mémorielle entre les peuples marocain et sud-coréen a été la plantation de deux arbres commémoratifs en l’honneur des défunts Mohamed Benkaddour Lasri et Julien Djian, dans un cadre empreint d’émotion et de sérénité.
Le choix des arbres a été porté sur la plante à fleur annuelle l’hibiscus « Mugunghwa : fleur nationale sud-coréenne », dont le nom signifie « fleur éternelle qui ne fane jamais » et qui pourrait représenter l’excellence des six décennies marquant les relations d’amitié et de coopération entre le Royaume du Maroc et la République de Corée.
Les deux arbres symbolisent le sacrifice et la pérennité de la mémoire collective à l’égard des deux soldats marocains morts pour la liberté du peuple sud-coréen.
Ont été présents lors de cette cérémonie commémorative des responsables du ministère coréen des affaires étrangères, du principal conseiller de M. Park Jin, du conservateur du cimetière commémoratif de l’ONU à Pusan (UNMCK), de deux vétérans de la guerre de Corée ainsi que d’éminentes personnalités sud-coréennes représentant les sphères politique, académique et médiatique.
Des documents du bureau du Cimetière onusien révèlent que Mohamed Benkaddour Lasri et Julien Djian sont deux soldats de nationalité marocaine, venus combattre en Corée du Sud sous la bannière de l’ONU. Selon ces documents, Mohamed Benkaddour Lasri, né en 1915, est mort des suites de blessures subies lors de combats sur la colline 1037 dans la région de Munchi, à environ 200 km au nord de Wonju (sud-ouest de la Corée du Sud). Caporal-Chef, portant le matricule 318, Benkaddour Lasri est inhumé dans la sépulture numéro 571, au cimetière de Pusan.
Julien Djian, né le 19 février 1928 à Marrakech, est quant à lui décédé le 04 juillet 1953, soit 23 jours seulement avant l’armistice proclamée le 27 juillet 1953. Selon les documents du bureau du Cimetière onusien, il fut grièvement blessé à la tête, à la poitrine, au bras et à la jambe lors de bombardements contre le district de Cheorwon, relevant de la province de Gangwon, près de la frontière avec la Corée du Nord.
Pour les responsables du Cimetière onusien, ces deux soldats, à l’instar de leurs collègues morts pour la défense des valeurs de liberté et de paix, représentent un symbole éternel de fraternité. Les deux soldats reposent aux côtés de 2.300 autres soldats inhumés dans le Cimetière onusien, rappelant cet épisode difficile de l’histoire de la Corée du Sud, ce pays affectueusement surnommé le pays du Matin Calme, en référence à la beauté de ses montagnes, ses eaux limpides et sa tranquillité splendide.
La rédaction /Le7tv (avec MAP)