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Variole du Singe au Maroc : Voici le « Plan National de Surveillance et de Riposte »

La direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies du Ministère de la Santé et de la protection sociale du Maroc, a publié un « Plan National de Surveillance et de Riposte » contre la variole du singe, destiné à l’ensemble du corps des médecins et des hôpitaux du Royaume. voici le texte intégral de ce document :

I. Aide-mémoire :
 Le monkeypox est une zoonose virale qui sévit principalement dans les zones de
forêt tropicale humide d’Afrique centrale et occidentale, avec occasionnellement
des cas exportés à l’étranger ;
 Le virus du Monkeypox est un virus enveloppé à ADN double brin. On y distingue
deux clades génétiquement distincts : le clade centrafricain (Bassin du Congo) et le
clade de l’Afrique de l’Ouest. Le Monkeypox appartient au genre Orthopoxvirus,
famille des Poxviridae. Le genre Orthopoxvirus comprend également le virus de la
variole ;
 Le monkeypox est une maladie émergente, reconnue comme l’infection à
Orthopoxvirus la plus importante chez l’Homme à l’ère post-éradication de la
variole.

Transmission :
 La transmission de l’animal à l’Homme (zoonotique) peut se produire par contact
direct avec le sang, les fluides corporels ou les lésions cutanées ou muqueuses
d’animaux infectés : des écureuils à corde, des écureuils arboricoles, des rats
braconnés de Gambie, des loirs, différentes espèces de singes et autres.
 La transmission interhumaine peut résulter d’un contact étroit avec des sécrétions
respiratoires ou des lésions cutanées d’une personne infectée, ou encore des objets
récemment contaminés. La transmission par gouttelettes respiratoires nécessite
généralement un contact face à face prolongé, ce qui exposerait davantage les
agents de santé et les membres du même ménage.

Symptomatologie :
 Les symptômes sont similaires à ceux observés dans le passé chez les patients
atteints de variole, bien qu’ils soient cliniquement moins sévères ;
 Période d’incubation : 6 à 13 jours en général mais peut aller de 5 à 21 jours.
 L’infection passe par deux périodes :
o Période d’invasion (dure entre 0 et 5 jours) : fièvre, céphalées intenses,
adénopathies, dorsalgies, myalgies et asthénie intense. Les adénopathies
sont une caractéristique distinctive du monkeypox par rapport à d’autres
maladies semblant similaires à première vue (varicelle, rougeole, variole) ;
o Eruption cutanée, qui commence généralement dans les 3 jours suivant
l’apparition de la fièvre. L’éruption a tendance à être plus concentrée sur le
visage et les extrémités plutôt que sur le tronc (visage : 95% des cas ; paumes
des mains et plantes des pieds : 75% des cas). Sont également concernées les
muqueuses buccales (70% des cas), les organes génitaux (30%), les
conjonctives (20%) et la cornée. L’éruption évolue séquentiellement de
macules à papules, vésicules, pustules puis croûtes qui sèchent et tombent. Le
nombre de lésions varie de quelques une à plusieurs milliers. Dans les cas
graves, les lésions peuvent fusionner jusqu’à ce que de grandes sections de
peau se détachent.

Eléments distinctifs Monkeypox-Varicelle-Rougeole :
 Le monkeypox est généralement une maladie spontanément résolutive en 2 à 4
semaines. Les cas graves surviennent plus fréquemment chez les enfants et sont liés
à l’étendue de l’exposition au virus, à l’état de santé du patient et à la nature des
complications ;
 Les complications du monkeypox peuvent inclure des infections secondaires, une
bronchopneumonie, une septicémie, une encéphalite et une infection de la cornée
avec cécité ;
 Le taux de létalité du monkeypox a varié entre 3 à 6% ;
Diagnostic
 La PCR est le test recommandé, sur des échantillons des lésions cutanées : le toit ou
le liquide des vésicules et des pustules, et des croûtes sèches ;
 Les méthodes de sérologie et de détection des antigènes ne sont pas recommandées
par l’OMS pour le diagnostic.

Traitement :
 Traitement symptomatique ;
 Un agent antiviral connu sous le nom de TECOVIRIMAT qui a été développé pour la
variole a été autorisé par l’Association médicale européenne (EMA) pour le
monkeypox en 2022 sur la base de données d’études animales et humaines. Il n’est
pas encore largement disponible.

Vaccination :
 La vaccination contre la variole a été démontrée par plusieurs études
observationnelles comme étant efficace à environ 85 %
 À l’heure actuelle, les vaccins antivarioliques originaux (première génération) ne
sont plus disponibles pour le grand public ;
 Un vaccin encore plus récent basé sur un virus de la vaccine atténué modifié (souche
Ankara) a été approuvé pour la prévention du monkeypox en 2019. Il s’agit d’un
vaccin à deux doses dont la disponibilité reste limitée.

II. Dispositif de surveillance épidémiologique
A. Définitions de cas :
1. Cas suspect : Toute personne présentant une éruption cutanée, vésiculeuse
ou vésiculo-pustuleuse, avec fièvre > 38°C
2. Cas Probable :
 Tout cas suspect ayant eu un contact avec un cas confirmé dans les 21
jours précédant l’apparition des symptômes ; ou
 Tout cas suspect ayant effectué, dans les 21 jours précédant
l’apparition des symptômes, un voyage dans un pays où la maladie est
endémique ou un pays ayant enregistré une chaine de transmission
depuis le début mai 2022 (actuellement les pays d’Afrique centrale et
de l’Ouest, d’Europe et d’Amérique du Nord) ; ou
 Tout cas suspect avec atteinte des paumes des mains et/ou des
plantes des pieds, ou encore avec présence d’adénopathies.
3. Cas confirmé : Tout cas probable chez qui l’infection par le virus de
monkeypox a été confirmée par technique moléculaire au laboratoire

B. Notification et circuit des données
– Tout cas suspect ou probable doit être immédiatement déclaré à l’autorité sanitaire
provinciale/préfectorale dont relève la structure sanitaire (publique ou privée) où
le médecin a évoqué le diagnostic ;
– La Délégation provinciale/préfectorale du Ministère de la santé et de la Protection
Sociale coordonne, en urgence, avec le service régional de Santé Publique la
vérification de la définition de cas et procède à l’investigation épidémiologique dès
que le cas est classé comme cas probable ;

III. Conduite à tenir
1. Prise en charge du cas suspect
– Toute personne présentant des signes cliniques compatibles avec un cas suspect
doit bénéficier d’une consultation médicale avec un interrogatoire et un examen
clinique poussée pour le reclasser éventuellement comme cas probable ;
– Toute personne présentant des signes cliniques compatibles avec un cas suspect,
même s’il n’est pas classé probable ou même si une forte suspicion de la varicelle
ou autres fièvres éruptives est retenue doit s’auto-isoler à domicile pendant deux
semaines, avec respect rigoureux des mesures d’hygiène ;
– Un traitement symptomatique doit être prescrit par le médecin traitant et, si
l’hospitalisation est indiquée, elle doit se faire en isolement dans une salle dédiée.

2. Prise en charge du cas probable et confirmé
 Confirmation du diagnostic : Les échantillons typiques sont des
écouvillons de lésions cutanées ou un prélèvement de lésions : le toit ou
le liquide des vésicules et des pustules, et des croûtes sèches ; les
modalités de conservation et d’acheminement seront précisées avec le
laboratoire destinataire.
 Conditions d’isolement et traitement :
o Toute personne présentant des signes cliniques compatibles avec
un cas probable doit bénéficier d’un prélèvement pour PCR ;
o Tous les cas probables et confirmés doivent être
systématiquement hospitalisés en isolement dans une salle
dédiée, pour une durée de 3 semaines à partir de leur date de
début des signes ;
o Un traitement symptomatique selon le tableau clinique doit être
administré par l’équipe de prise en charge ;
o L’équipe de prise en charge doit appliquer les précautions
standard de contrôle des infections.

3. Gestion des contacts
 Définition de contact à risque
o Toute personne ayant eu un contact physique direct non protégé
avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un cas probable ou
confirmé symptomatique, quelles que soient les circonstances, y
compris en milieu de soins, ou partage d’ustensiles de toilettes,
ou contact avec des textiles (vêtements, linge de bain, literie) ou
de la vaisselle ;
o Toute personne ayant eu un contact non protégé à moins de 2
mètres pendant 3 heures avec un cas probable ou confirmé
symptomatique (ex. ami proche ou intime, milieu de transport,
collègues de bureau, club de sport, …etc).
 Conduite à tenir
o Auto-isolement pendant les 3 semaines suivant le dernier contact
avec le cas probable ou confirmé, avec contrôle biquotidien de la
température ;
o L’Equipe provinciale/préfectorale d’Intervention Rapide (EIR)
doit instaurer un suivi téléphonique régulier afin de vérifier
l’absence de symptômes de la maladie ;
o En cas de fièvre ou d’éruption, une personne-contact ne doit pas
se rendre dans une structure sanitaire, mais sa prise en charge
sera organisée par l’EIR.

4. Cas des malades dont le tableau clinique évoque la varicelle :
 Toute personne présentant un tableau clinique évoquant la varicelle doit
s’auto-isoler à domicile pendant deux semaines, avec respect rigoureux
des mesures d’hygiène ;
 Une éviction scolaire pour les élèves/étudiants et un arrêt de travail
pour les fonctionnaires/employés/salariés doivent être prescrits par le
médecin traitant pour une durée de 14 jours ;
 La reprise ne peut être effectuée qu’après certificat de guérison

La rédaction /Le7tv

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