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DROITS DE L’HOMME : L’ESPAGNE A-T-ELLE CÉDÉ AU CHANTAGE ALGÉRIEN ?

L'Espagne a remis à l'Algérie un ex-militaire en exil qui avait participé au Hirak, contre l'avis d'Amnesty international !

L’Espagne a remis aux autorités algériennes un ancien militaire ayant fui son pays après avoir pris part au mouvement de contestation du Hirak et condamné par contumace à dix ans de prison, a-t-on appris ce vendredi 25 mars.

Ancien militaire algérien, Mohamed Benhalima a été expulsé hier soir d’Espagne, où il se trouvait dans un centre de rétention pour étrangers à Valence, après avoir été arrêté mi-mars par la police espagnole, selon une source proche du dossier.

Cet ex-caporal de 32 ans avait fui l’Algérie en septembre 2019 après avoir pris part au Hirak, le mouvement de contestation anti-régime qui avait notamment poussé à la démission l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. Arrivé en Espagne, il y avait déposé une demande d’asile. Mohamed Benhalima a été condamné par contumace dans son pays en mars 2021 à 10 ans de prison pour « publications de fausses informations ».

Selon l’avocat de Benhalima, Eduardo Gomez Cuadrado, la police espagnole a motivé sa procédure d’expulsion par des accusations d' »activités contraires à la sécurité nationale ou qui pourraient compromettre les relations de l’Espagne avec d’autres pays ». Les autorités espagnoles lui reprochent notamment ses liens présumés avec le mouvement islamo-conservateur Rachad, toujours selon Me Gomez Cuadrado. Bête noire du régime algérien, le mouvement Rachad, établi à Londres, a été classé « terroriste » par l’Algérie en mai 2021.

L’ONG Amnesty international avait appelé en vain l’Espagne à renoncer à l’expulsion de Mohamed Benhalima, affirmant qu’il s’agissait d’un « lanceur d’alerte » ayant « dénoncé la corruption dans les rangs des hauts-gradés de l’armée algérienne », et dénonçant les risques de « tortures » et « mauvais traitements ».

Cette expulsion intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre l’Espagne et l’Algérie depuis que Madrid a soutenu vendredi dernier pour la première fois publiquement la proposition marocaine d’autonomie du Sahara occidental, à laquelle s’oppose Alger, qui soutient le Polisario.

Dénonçant alors un « revirement » de Madrid, Alger avait rappelé le lendemain, en urgence, son ambassadeur en Espagne. Le Premier Ministre Espagnol Pedro Sanchez a promis juste après de « tout faire pour renouer des relations diplomatiques malheureusement altérées » avec l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Espagne.

Les experts en diplomatie internationale affirment, dans une version « politiquement correct », que cette remise de l’opposant mohamed Benhalima semble clairement être « un acte d’apaisement » avec le pouvoir algérien, pour ne pas dire, crûment alors, que Madrid n’a fait finalement que céder au chantage d’Alger.

Abderrazzak Boussaid/Le7tv

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