l’ex-Ambassadeur Américain à Alger : Le Président Algérien est « plus isolé que jamais » !
Dans une analyse publiée par le centre de réflexion américain spécialisé dans le Moyen-Orient, « The Middle East Institute », M. Ford relève que ce scrutin reflète la réalité d’un pays « tiraillé entre, d’un côté, un système politique dirigé par le président Abdelmadjid Tebboune et soutenu par l’armée qui refuse les changements profonds et, de l’autre côté, une population qui a perdu confiance dans l’ancien système ».
Selon le diplomate américain à la retraite, aujourd’hui chercheur senior au sein du think tank basé à Washington, « l’énorme mouvement de contestation de rue, connu sous le nom du Hirak, a réussi à obtenir un boycott généralisé de l’élection », d’où le niveau de participation le plus bas de l’histoire du pays. Après la certification des résultats qui ont « consacré l’ancien système », le pays aura à confronter ses « maux éternels », ajoute-t-il en rappelant, pêle-mêle, que « le secteur algérien des hydrocarbures anticipe une diminution de la production et des exportations, et donc une diminution des recettes publiques et des recettes en devises. Les réserves de change du pays ont fortement chuté au cours des 10 dernières années.
L’avenir s’annonce en néanmoins sombre bien que « l’armée, Tebboune et leurs soutiens peuvent être rassurés d’avoir évité la crise institutionnelle imminente à laquelle l’Algérie est confrontée en 2019, lorsque des millions de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre la réélection du président Bouteflika ». Dans son diagnostic, Robert Ford rappelle que « les forces de sécurité, pour l’instant du moins, ont réprimé les manifestations de rue du Hirak, arrêtant des centaines et condamnant des dizaines d’activistes à la prison afin de dissuader de nouvelles marches », ajoutant que « le gouvernement a intensifié son harcèlement des journalistes indépendants ».
Faute de l’émergence d’une nouvelle classe politique liée à la société civile algérienne et distincte de l’ancien système politique discrédité, « les résultats des élections du 12 juin ont enraciné cet ancien système. Même parmi les soi-disant indépendants qui ont remporté 78 sièges dans la nouvelle chambre basse, il y a beaucoup d’anciens membres de partis pro-gouvernementaux et ils ne représentent donc pas une grande rupture avec le passé », relève-t-il encore.
En guise de conclusion, l’ancien ambassadeur des Etats-Unis rappelle les constats de nombres d’experts et commentateurs qui font observer que les dernières élections censées sortir le régime de sa crise de légitimité, ont plutôt « renforcé le manque de légitimité », pour s’interroger « combien de temps encore l’armée algérienne continuera à soutenir un Tebboune isolé? ».