Séville : Un « Hammam de la période des Almohades » découvert dans un Bar !
À l’occasion de travaux de rénovation du « bar sévillan », les gérants ont découvert un hammam du XIIe siècle dissimulé sous les faux plafonds. La découverte a chamboulé le monde de l’archéologie !
Les propriétaires de ce bar touristique ne s’attendaient pas à découvrir de tels trésors archéologiques. Ce qui devait au départ n’être que de simples travaux en attendant la réouverture des bars après la pandémie du Coronavirus, s’est transformé en chantier archéologique de grande ampleur. Les traces, encore très bien conservées, des différentes pièces d’un hammam almohade ont en effet été mises au jour au moment de casser les faux plafonds qui les occultaient jusque-là.
« Ce fut une surprise totale », expliquent les archéologue, qui travaillent sur le chantier. Au fur et à mesure, les archéologues ont en effet découvert des décorations très riches et élaborées, peintes à l’ocre rouge sur fond blanc et très bien conservées. Il s’agit du seul bain almohade dont les décorations complètes ont résisté au temps, les autres n’ayant plus que des traces minimes sur les plinthes. Ce haut niveau de détail est selon lui lié à la proximité du hammam avec l’ancienne mosquée almohade. En outre, les peintures ont été bien conservées car elles étaient dissimulées sous des décorations récentes du siècle dernier.
Les archéologues ont également pu identifier les différentes salles du hammam. Si la salle froide, où est installé le bar, a été partiellement détruite lors de l’élargissement de la rue adjacente, sa voûte octogonale est toujours visible. La salle tiède présente, quant à elle, une voûte en berceau. Il ne reste, enfin, pas grand-chose de la salle chaude. Le nombre anormalement élevé de lucarnes a, par ailleurs, intrigué les chercheurs. Les bains almohades présentent en général une à trois rangées de lucarnes, mais celui-ci en possède cinq dans sa salle froide.
Construit au même moment que la fameuse Giralda, c’est-à-dire vers la fin du XIIe siècle, le hammam perd son usage après la prise de la ville en 1248 par les forces catholiques, menées par Ferdinand III de Castille (1199-1252). Après l’expulsion des Berbères almohades lors de la Reconquista, le bâtiment tombe complètement dans l’oubli, au point que les historiens du XVIIe siècle eux-mêmes pensaient qu’il s’agissait d’un cirque ou d’un amphithéâtre. Une trace écrite atteste pourtant de son ancienne fonction. Il s’agit d’un texte chrétien de 1281 qui explique comment Alfonso X de Castille a fait don des « bains maures » à l’église de Séville. Il semble donc que cette découverte corrobore l’existence de ces hammams.
Forts des découvertes qu’ils viennent de faire, les archéologues vont désormais s’atteler à la documentation de ces bains, dont on présume la grande importance. Séville était, en effet, l’une des deux capitales, avec Marrakech, de l’empire Almohade. Bien qu’il s’agisse d’un lieu historique protégé, le Bar en question restera toujours ouvert, auquel ses gérants devront désormais apporter un encore plus grand soin, avec l’aide de l’Etat Espagnol et de l’UNESCO !
Abderrazzak Boussaid/Le7tv