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Noureddine Miftah tire la sonnette d’alarme sur l’avenir de la Presse Écrite dans le monde arabe !

Le Président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), Noureddine Miftah, a tiré la sonnette d’alarme quant à l’avenir de la presse écrite dans le monde arabe à l’aune de la crise socio-économique induite par la pandémie du Coronavirus (Covid-19).

Dans une interview accordée à la MAP à l’occasion de la Journée arabe de l’information, célébrée le 21 avril de chaque année, M. Miftah a tenu à souligner le contexte socio-économique et sanitaire particulier dans lequel intervient cette commémoration marquée par le “déclin” de la presse écrite, compte tenu des mesures restrictives adoptées contre la propagation du Coronavirus.

Rappelant, à cet égard, le rôle majeur des journalistes marocains et du monde arabe placés aux premières lignes de la lutte contre le Coronavirus à l’instar du personnel de la santé et des pouvoirs publics, M. Miftah a salué les sacrifices consentis par ces journalistes dans des conditions difficiles et au péril de leurs vies pour mener à bien leur mission, aussi bien dans le travail de terrain que dans l’accompagnement des citoyens dans les différents épisodes qui ont marqué cette période.

Pour M. Miftah, également directeur de l’hebdomadaire “Al Ayam”, les journalistes arabes sont des “soldats dans une bataille contre les fake-news”, un fléau, qui, dans de telles circonstances, peut-être “destructeur” pour l’opinion publique, a-t-il estimé.

“Si dans les pays européens les citoyens applaudissaient le personnel de la santé, les journalistes, eux-aussi, devraient avoir droit aux mêmes honneurs eu égard au rôle de sensibilisation qu’ils assurent, qu’il s’agisse de la presse écrite, audio-visuelle ou électronique” a-t-il affirmé, notant que ces hommes et femmes des médias ont maintenu, à toutes épreuves, leur mission d’informer, et ont surtout absorbé le sentiment de panique éprouvé par les citoyens à travers la diffusion d’informations fiables et rassurantes sur un phénomène jusque-là inconnu.

Dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus, bon nombre de pays arabes, dont le Maroc, le Koweït et la Jordanie, ont décidé de cesser la publication des journaux en papier considérés comme vecteur de transmission, a rappelé M. Miftah, qui précise que si cette mesure compromet l’avenir de la presse écrite dans le monde arabe, la presse électronique n’a pas été non plus épargnée.

Il explique, à cet égard, que paradoxalement à l’engouement fort du lectorat pour la presse digitale constaté durant la crise sanitaire, cette tendance n’a pas bénéficié aux supports électroniques qui ont été confrontés à la rareté des annonceurs du fait de leurs modèles économiques essentiellement basés sur les revenus publicitaires à défaut de la souscription aux abonnements.

Pour donner un ordre de grandeur de l’ampleur du gouffre, M. Miftah cite l’exemple de l’Égypte, qui, considérée comme un des plus grands pays consommateurs de presse avec près de 20 millions de lecteurs réguliers, a connu une chute vertigineuse pour ne plus compter que quelques milliers de lecteurs quotidiens.

Pire encore, au Liban, ce sont des centaines de journalistes qui ont été privés de rémunération pour plus d’une année depuis le début de la pandémie, fait-il observer, affirmant que ces exemples traduisent l’état des lieux de la presse arabe qui a croulé sous le poids du contexte économique imposé par la pandémie.

Face à la gravité de la situation, le Maroc a déployé un plan d’urgence en faveur de la presse du Royaume, en lui accordant une subvention inédite de l’ordre de 300 millions de dirhams pour venir en aide à près de 120 supports de presse écrite et digitale dont les revenus ont chuté de plus de 70 %, a indiqué M. Miftah.

S’agissant des perspectives de la presse arabe, le président de la FMEJ, augure, avec amertume, un avenir “très sombre” pour la presse écrite dans le monde arabe, “excepté les titres soutenus par les pays du Golfe”, faisant savoir que le Conseil national de la presse (CNP) est sur le point de publier son deuxième rapport sur les indicateurs de la situation de la presse au Maroc dans le contexte de la crise sanitaire, après que les résultats du premier (réalisé en consultation avec la FMEJ) se soient avérés “catastrophiques” en affichant des pertes à hauteur de 70 %.

Ces indicateurs dans le rouge auront des répercussions inéluctables sur les ressources humaines, la stabilité de l’emploi des journalistes, la qualité de l’information, en plus de mettre potentiellement en péril la survie de certains organes de presse, notamment écrite, a alerté M. Miftah, qui a conclu en espérant une sortie de crise rapide à échéance de 2 ou 3 ans qui dépendra de la relance économique dans le monde arabe.

Le7tv (avec MAP).

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