L’Absinthe (Chiba), la mystérieuse plante verte !
L’Absinthe, de son nom scientifique “Artemisia absinthium”, est une plante herbacée vivace qui appartient à la famille des Astéracées ou des composés. Cet arbuste de petite taille atteint une hauteur entre 60 et 120 cm et porte une rose solide et ligneuse, avec une tige aux nombreuses branches et feuilles.
Facilement reconnaissable par sa senteur aromatique, son goût amer et ses feuilles vertes blanchâtres, cette herbe est originaire d’Europe, mais elle pousse également en Afrique du Nord, dans certaines régions d’Asie et en Amérique du Nord et du Sud.
L’absinthe, ou “Chiba” en arabe, contient de la thuyone, une substance qui soulève énormément d’interrogations sur la dangerosité de cette plante. Cependant, la majorité des experts estiment que ce composant ne pose pas de risque pour la santé sauf s’il est consommé sans modération, étant donné que cette substance se trouve dans l’huile de l’absinthe en dose concentrée.
Quant à la quantité contenue dans les feuilles, elle ne présente aucun danger. De ce fait, la consommation de l’absinthe sous forme de feuilles dans une mesure raisonnable n’est pas dangereuse, mais présente plutôt de multiples bienfaits.
L’absinthe, bienfaits et méfaits
De l’avis de Khalid Zouin, lauréat de la faculté de médecine et de pharmacie de Limoges (France), l’absinthe contient une huile volatile jusqu’à 03% et une huile stable dont le plus important composant est la thuyone utilisée dans le traitement des cas de colique rénale et pour faciliter la sortie des calculs biliaires et de la diurèse.
L’huile volatile contient également des substances dont l’aprotamine, la bétapurbonine, l’artémisinine et la vitamine A, explique M. Zouin, dans une déclaration à Bab Magazine, la revue mensuelle de la MAP.
“Cette plante présente de nombreux avantages pour la santé, toutefois elle nécessite toujours davantage de recherches”, argumente-t-il, notant qu’elle contribue à améliorer la santé des personnes atteintes de la maladie de Crohn, qui affecte le système digestif et réduit la quantité des médicaments de stéroïdes dont les personnes atteintes de cette maladie ont en besoin.
L’absinthe aide également à traiter le paludisme, comme indiqué dans les publications de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et à réduire la croissance des cellules cancéreuses et à lutter contre les parasites, fait savoir ce spécialiste des traitements à base de plantes médicinales.
Cette plante verte aide également en cas de perte d’appétit, d’indigestion, de troubles de la vésicule biliaire, de blessures et de piqûres d’insectes et de douleurs musculaires, précise M. Zouin, notant que l’huile de l’absinthe est utilisée pour soulager la douleur, et comme parfum dans les produits cosmétiques et aussi dans la fabrication de savons.
Pour ce qui est des méfaits de cette plante, M. Zouin avertit que la consommation excessive de cette herbe peut provoquer des convulsions, une insuffisance rénale, insomnie, vomissements, crampes d’estomac, rétention urinaire, paralysie et même la mort.
Et d’ajouter qu’il est interdit aux femmes enceintes d’utiliser l’absinthe, car cela peut provoquer une fausse couche dans certains cas. Il est également conseillé aux patients épileptiques d’éviter cette plante car elle peut provoquer des convulsions.
L’absinthe… Un débat historique en Europe
L’absinthe” et ses dérivés faisaient l’objet de controverses en Europe, au point que les écrits des grands érudits et les historiens l’ont décrit de “paradis vert”.
Certaines études indiquent qu’elle a été mentionnée dans des ouvrages médicaux datant de l’époque des Pharaons dans l’Égypte ancienne.
Cependant, l’église, les politiciens et la presse ont uni leurs forces en 1875 pour interdire l’absinthe, en raison des empoisonnements causés par les boissons distillées de cette plante.
Le débat s’est poursuivi tout au long de l’histoire, tantôt l’interdiction retirée, tantôt maintenue. En France, par exemple, elle est restée interdite jusqu’en 2011, date à laquelle elle a été autorisée, sous conditions, et certaines mesures ont été adoptées pour permettre à nouveau la commercialisation des boissons alcoolisées extraites de cette plante.
Thé à l’absinthe… l’exception marocaine
Le Maroc fait partie des pays les plus consommateurs de thé au monde. Préparé de différentes manières, le thé s’est transformé, au fil des générations, en une icône socioculturelle profondément ancrée dans les coutumes, la mémoire et la conscience des Marocains.
Le thé figure en tête des boissons les plus prisées par les Marocains soucieux de le présenter à leurs invités comme une expression de l’accueil chaleureux.
L’aromatisation de cette boisson traditionnelle varie d’une saison à l’autre et d’une région à l’autre (menthe, chiba, camomille, thym, verveine…).
En hiver, “chiba” produite en grande partie dans les régions du centre du Royaume, s’ajoute à la liste des plantes aromatiques du thé au Maroc qui est le seul pays qui utilise l’absinthe pour aromatiser le thé ou même le lait, contrairement à ce qui est courant dans certains pays du monde, où la plante est utilisée à des fins thérapeutiques ou pour sucrer des boissons alcoolisées, comme c’est le cas en Amérique du Nord et en Europe.
Aux yeux du nutritionniste marocain, Nabil Ayachi, le thé qui comprend un mélange de plusieurs plantes, appelé dans la culture populaire “Takhlita”, présente plusieurs risques étant donné que chaque plante a ses propres composants, ce qui entrainerait des résultats contre-productifs.
“Parfois l’on retrouve le même ingrédient dans deux plantes ou plus, de ce fait, la quantité de ce composant doublera en volume, ce qui poserait un problème de l’empoisonnement”, a-t-il expliqué.
Coopérative Nawara Ain Al-Hajar … Efforts constants pour valoriser l’absinthe
La coopérative Nawara Ain Hajar, située dans la communauté Bin Quraysh aux environs de Tétouan, œuvre depuis sa création en 2011 à la valorisation d’un ensemble de plantes médicinales et aromatiques notamment la menthe, le thym, le romarin et la marjolaine, mais ces dernières années, elle a concentré son attention sur la Chiba.
Dans ce sens, la présidente de la coopérative Hafida Ait Aissa a confié, dans une déclaration à Bab Magazine, qu’au cours de l’année écoulée une pépinière spéciale a été créée par la coopérative dans le but de produire de grandes quantités de l’absinthe.
La plante fleurit au cours du mois d’août, période pendant laquelle l’extraction des huiles essentielles commence, a-t-elle précisé, notant que, compte tenu de la petite quantité d’huiles actuellement extraites de l’absinthe, elle est mélangée avec d’autres huiles pour l’utiliser principalement dans certains produits cosmétiques.
Côté commercialisation, la coopérative a réussi à pénétrer plusieurs marchés et à conclure des accords avec certaines entreprises pour leur fournir des produits de valeur, avec le soutien notamment de l’Agence pour le développement agricole.
Le7tv (avec MAP).