Quand on doit s’inquiéter lorsqu’on a mal aux seins !
Les douleurs au niveau de la poitrine sont fréquentes dans la vie d’une femme. Heureusement, elles sont le plus souvent bénignes et peuvent être soulagées. On fait le point sur les douleurs aux seins.
Sensibilité, élancements, sensation de brûlurs, tous ces symptômes qui affectent nos seins suscitent généralement moult inquiétudes car on pense immédiatement à un cancer. A tort le plus souvent car, comme l’explique notre gynécologue, « une douleur isolée au sein n’est pas un signe annonciateur d’une tumeur maligne. Les symptômes évocateurs de celle-ci sont plutôt une rétractation du mamelon, un aspect rouge et en peau d’orange du sein ou la palpation de ganglions au niveau de l’aisselle ». De nombreuses situations peuvent, en revanche, avoir certaines incidences douloureuses sur les seins, que ce soit la période qui précède les règles, l’allaitement du bébé, la présence de kystes ou, après 50 ans, un traitement de la ménopause mal adapté. Dans tous ces cas, une consultation médicale peut se révéler nécessaire, ne serait-ce que pour être rassurée et soulagée !
✓Avant les règles : des tensions et des brûlures :
Ils sont gonflés et douloureux au toucher, avec des sensations de tiraillements, voire de brûlures quelques jours avant les règles. Ces symptômes, plutôt localisés sur la partie extérieure et haute du sein, sont très courants durant la période prémenstruelle. Ils peuvent apparaître dès les premiers cycles, à la puberté. Ainsi, on estime que la moitié des femmes connaîtront ce phénomène au cours de leur vie, avec un pic après 40 ans.
Pourquoi ?
La faute à un excès d’estrogènes ou, à l’inverse, à une diminution de la progestérone sécrétée par les ovaires après l’ovulation. Il se peut aussi que le dosage de la pilule contraceptive soit mal adapté. « On parle de mastodynie cyclique quand les douleurs interviennent systématiquement chaque mois et qu’elles disparaissent une fois la période menstruelle passée » explique le gynécologue.
Que faire ?
« Quand les douleurs surviennent sous contraception hormonale, le médecin réadapte la posologie. Sinon, un traitement oral ou vaginal à base de progestérone, naturelle ou de synthèse, peut être pris du 14e au 25e jour du cycle menstruel afin de rééquilibrer la balance estrogènes-progestérone. Celui-ci peut aussi être prescrit sous forme de gel à bien faire pénétrer dans la peau », précise le Dr. L’application d’une pommade antalgique peut être associée pour soulager les douleurs importantes et invalidantes. Autre alternative : bloquer l’ovulation par la prise d’un progestatif seul ou d’un estroprogestatif pendant au moins vingt jours, chaque mois.
✓Pendant l’allaitement : de la chaleur et un engorgement :
Vous sentez en passant votre main que le sein est chaud et douloureux ? C’est certainement une inflammation, fréquente chez les mamans qui allaitent.
Pourquoi ?
Elle est généralement due à un engorgement lié à un canal galactophore bouché, cela en raison d’une mauvaise position du bébé qui l’empêche de prendre tout le lait disponible ou de tétées moins fréquentes à cause d’une crevasse douloureuse, ou encore d’une alternance de tétées et de biberons. L’inflammation peut parfois se doubler d’une infection. Elle est alors accompagnée d’une fièvre le plus souvent modérée. Le sein devient en outre rouge et dur.
Que faire ?
« Prendre des antibiotiques est nécessaire pour éviter que l’infection n’évolue en un abcès. Quant à l’inflammation, son traitement repose sur la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens compatibles avec la poursuite de l’allaitement », souligne le Dr. Il n’est donc pas nécessaire d’arrêter de nourrir son enfant. Au contraire, en cas d’engorgement, le premier moyen pour soulager la douleur est de lui proposer le sein aussi souvent que possible. Le recours au tire-lait est aussi conseillé pour faire sortir en douceur le surplus de lait. Autre astuce : recourir aux cataplasmes d’argile verte ou au jet d’eau chaude sous la douche, qui aide à désengorger le sein en le pressant bien après.
✓A tout âge : une boule à la palpation :
Une douleur dans le sein est parfois liée à la présence d’un nodule qui peut apparaître à tout âge, même avant 20 ans. On sent une boule ferme et régulière rouler sous les doigts. Si sa taille varie en fonction du cycle, il s’agit d’un kyste. Dans le cas contraire, c’est plutôt un fibroadénome, une boule de tissus fibreux, qui peut devenir assez volumineuse (plus de 5 cm).
Pourquoi ?
« Le kyste est comme une petite coque remplie de liquide produit par la glande mammaire, qui se forme dans un seul ou les deux seins. Certains peuvent disparaître spontanément, mais généralement ils restent en place », explique notre gynécologue. On en compte parfois plus d’une dizaine, donnant une sensation granuleuse à la palpation. On parle alors de mastose ou de mastopathie fibrokystique. Pour différencier un kyste d’un fibroadénome, une mammographie et une échographie sont nécessaires. Une biopsie peut aussi être demandée afin de s’assurer que le nodule n’est pas cancéreux (90 % des cas).
Que faire ?
S’il s’agit de kystes, le problème est bénin et on les laisse en place s’ils ne gênent pas. Sinon, le liquide est ponctionné à l’aide d’une aiguille fine sous contrôle échographique chez le gynécologue. « Pour éviter les récidives, assez fréquentes, on injecte durant l’intervention de l’air stérile pour irriter les parois de la coque. Celles-ci s’affaissent, se nécrosent et finissent par disparaître », ajoute la Pr. « Chez les jeunes femmes qui ont un fibroadénome, généralement, une simple surveillance suffit. Mais on peut le retirer en cas de gêne esthétique, de douleur récurrente ou s’il évolue vite », poursuit-elle. Son ablation est réalisée en ambulatoire sous anesthésie locale ou générale. Une nouvelle technique expérimentale par ultrasons, l’échothérapie, permet également de le détruire sous contrôle échographique sans laisser de cicatrice.
✓Après la ménopause : des douleurs irradiantes :
Elles diffusent dans toute la poitrine et peuvent être d’origine mammaire ou pas.
Pourquoi ?
Les femmes qui prennent un traitement hormonal peuvent avoir un surdosage en estrogènes. Il arrive aussi qu’une douleur irradie dans la poitrine sans être d’origine mammaire. Il peut s’agir d’une arthrose dans la région intercostale ou d’une phlébite (formation d’un caillot sanguin) superficielle d’une veine du sein, une affection bénigne appelée maladie de Mondor. Il se forme alors comme un cordon induré et douloureux au niveau de la veine enflammée. Plus grave, la douleur peut être d’origine cardiaque. Dans ce cas, elle s’installe subitement du côté gauche et peut s’accompagner de nausées ou d’étourdissements.
Que faire ?
Si la douleur est liée au traitement hormonal, il suffit de le rééquilibrer. En cas d’arthrose, on peut mettre en place un traitement antidouleur. Pour la phlébite de la veine, des anti-inflammatoires non stéroïdiens guérissent l’infection. En revanche, si ces douleurs sont d’origine cardiaque, c’est une urgence qui nécessite l’appel de notre médecin.
Ibtihal Bassir/Le7tv.