Société

« LE SALAIRE DE LA HONTE » de Abderrazzak Boussaïd

Au Maroc, l’émergence d’une nouvelle « Classe Moyenne », pousse une grande partie de familles qui se disent pourtant « modernes », à vouloir à tout prix paraître encore plus aisées, alors qu’elles n’en ont pas forcément la stature ou encore moins les moyens !…

Ainsi, pour pouvoir s’offrir des « Bonnes-à-tout-faire », signe d’une certaine richesse apparente,  des familles n’hésitent pas à employer de très jeunes filles, issues pour la plupart de la campagne ou des quartiers périphériques défavorisés…Elles sont peu chères, mais surtout elles ne sont pas assez âgées pour se rebeller !...

Les estimations donnent des chiffres qui font peur : Entre 60.000 et 80.000 fillettes de 8 à 15 ans sont ainsi exploitées à travers tout le Maroc comme « Petites Bonnes » !…

Une forme de « TRAITE HUMAINE », inacceptable au 21ème siècle, mais confortablement installée dans les mœurs et les coutumes traditionnelles, et qui hélas perdure de nos jours, sans soulever de tollé outre-mesure de nos responsables !…

LA PAUVRETÉ et LA MISÈRE extrême, conduisent certains parents incapables de subvenir aux besoins de leurs enfants, ou complètement indignes, à « DONNER », le mot n’est pas assez fort, leurs jeunes filles à des familles « aisées », afin de se décharger de leur fardeau et d’avoir un revenu supplémentaire, pour pouvoir survivre et assumer les besoins de leurs autres enfants restés chez eux, en attendant de s’en débarrasser quand leur tour viendra !…

Cette culture issue de l’ignorance des familles pauvres, a normalisé le travail de la fille mineure. Elle a permis même, de la considérer comme une source « légitime » de revenu complémentaire…

Certains parents y voient même une « CHANCE » pour leurs petites filles, car elles vont être, selon eux, sauvées de la misère et cela leur ouvrira d’autres portes, notamment celles du mariage !…

Il faut dire que le statut de la jeune fille, inférieur à celui du garçon dans la société marocaine, accentue sa vulnérabilité et la rend sujette à toutes les exploitations et à tous les débordements sociaux !…

C’est comme ça, que des « Samsars » professionnels d’un genre nouveau ont vu le jour !…Des « PROXÉNÈTES-HALLAL » si j’ose dire !…Sorte d’intermédiaires issus du même village, ou du même bidonville que les jeunes filles. Ils les recrutent rapidement, les embrigadent et les envoient pour qu’elles travaillent comme « petites bonnes », contre un salaire de misère !…

Les parents sont le plus souvent ignorants. Ils ne comprennent pas en quoi consiste le quotidien de leurs filles, ou font semblants de ne pas le comprendre :

Pendant qu’ils se voient remis une « paie misérable », ils ne savent pas que leurs filles ne recevront jamais d’éducation, qu’elles seront battues, parfois VIOLÉES, souvent très mal nourries, non soignées et qu’elles seront astreintes à des tâches dures, presque inhumaines pour leur tendre âge !…

Pourtant au Maroc, le travail des enfants de moins de 15 ans est interdit. Une loi régulant le travail domestique le stipule clairement. Malgré cela, près de 10% des jeunes filles entre 5 et 14 ans travaillent pour faire « vivre » leur famille et la majorité d’entre-elles sont employées comme domestiques en ville !…

Chaque année, de très jeunes filles sans défense meurent en silence, des suites des mauvais traitements de leurs « maitres » !…Ces drames à répétition ont fini par pousser enfin la société civile à se mobiliser et à mener des campagnes de prévention…

Hélas, les familles qui exploitent toujours « la misère humaine » font semblants de ne pas être au courant des nouvelles lois, et continuent tranquillement de faire miroiter ce scandaleux «SALAIRE DE LA HONTE !» que les parents des jeunes filles, asphyxiés par la pauvreté, la misère et la détresse ne peuvent refuser !…

À suivre.

Abderrazzak Boussaid / Le7tv

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