Tribune Citoyenne

La bourse des âmes.

 

Farid Moussaoui / Fondateur du groupe G1question.
Économiste et gestionnaire /Activiste

La bourse des âmes.
Sur son lit, Omar agonisant, réalise que c’est sa dernière nuit parmi les vivants.
Jamais, il n ‘a crû en la réincarnation des âmes, mais cette nuit, il a dû affronter la triste réalité.
Pensant qu’il faisait un cauchemar, dans son délire, il a dû choisir entre les offres de l’ange Azrael parmi les trois critères de sa réincarnation.
Omar, veux tu être une femme ou un homme? Vite fait, il choisit d’être femme pour se reposer un peu de sa longue vie de chef de chantier.
Omar veux tu être de quelle religion?
Vite fait, il décida de rester musulman.
Dernier choix, veux tu quel pays, il décida d’être près de la Mecque.
En sortant de cette bourse des âmes, et passant par l’immense salle d’attente, il rencontra les âmes de beaucoup de femmes qui n’ont pas pris acquéreur.
Il reconnut sa tante Khadija, morte célibataire à l’âge de 75 ans, assistée dans ses derniers jours par son père qui n’eût pas le temps de s’occuper d’elle.
Jamais, la pauvre ne connut ni l’amour, ni aucun plaisir charnel respectant les principes sociétaux d’attendre paisiblement chez ses parents qu’un noble chevalier la voit dans la rue en revenant du hammam, malgré ses habits traditionnels la couvrant de la tête au pied.
Elle aimait son voisin David qui la connaissait et appréciait sa beauté et son charme toute jeune, mais ils savaient que ce mariage était prohibé par l’interprétation masculine du coran.
Omar continue son chemin vers le milieu de la salle et reconnut parmi d’autres âmes de femmes, leur voisine Malika. Elle avait l’air très triste car elle attend depuis longtemps de trouver le corps d’un homme, à tel point qu’elle a perdu tout espoir.
Elle qui a aimé un jeune homme Khalid. Leur mariage ayant été refusé par le père, elle dut s’enfuir avec lui de son domicile paternel créant la honte dans le quartier.
Elle tomba enceinte de Khalid sans acte de mariage, elle ne put inscrire son fils à l’état civil, surtout que Khalid mourut d’un accident de travail juste après la naissance de son fils.
Elle n’eût droit à aucun héritage ni de ses parents ni de ceux de son « mari » et elle a dû travailler dans une maison d’un couple aisé, pour la simple raison, qu’elle avait sa chambre dans le jardin et que le mari haj Abdellah, célèbre imam, lui a porté beaucoup d’attention et malgré son mariage polygame, il venait lui rendre visite certaines nuits quand il ne pouvait satisfaire ses besoins avec ses deux épouses.
En sortant, il lui glissait sous l’oreiller un billet de 200,00 dh.
La pauvre, elle a résisté longtemps avant de s’y résigner surtout quand il lui a expliqué que leur relation sexuelle est halal, car elle faisait partie de son harem en tant que propriété de sa main droite.
( maa malakate aymaanoukoum).
En s’approchant de la sortie de cette horrible salle d’attente, il fut surpris de voir l’âme de sa propre mère qui attendait paisiblement d’être mutée dans un autre corps.
Il ne comprenait pas pourquoi cette belle âme n’a pas trouvé preneur; elle qui était tout le temps joyeuse.
Il lui posa la question, maman qu’est ce qui fait que tu attende là, toi la femme si souriante?
Mon fils, rappelle toi, nous étions deux soeurs et quand ton grand père maternel, mourut avant mon mariage avec ton père, à cause de la charia de
l’héritage, mon oncle a récupéré tous les biens de mon père et il nous a expulsées de la maison, moi et ma soeur.
Il nous donnait quelques billets par an, notre part de la récolte des terres de notre père.
Devant cette situation de désespoir, je n’avais d’autres solutions que d’accepter la demande en mariage de ton père, ami de mon oncle. Je me suis mariée très jeûne, à 14 ans et après 20 ans de mariage, ton père a pris une deuxième et une troisième femme et je n’avais d’autres choix que d’accepter.
Mais maman, tu semblais si heureuse?
Oui mon fils, j’étais heureuse que ton père me foutte la paix pour pouvoir dormir tranquille et m’occuper de vous, mes enfants.
En arrivant devant la porte, Omar reçut
le nom et l’adresse de son futur corps qu’il devait supporter toute une vie.
Omar s’appelerait Aicha dans sa nouvelle vie et il sera la fille d’un saoudien wahabite…bon courage Aicha!

 

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