Le philosophe Taha Abderrahmane préside une conférence sur “la justice universelle et le dépositarisme”
Le philosophe marocain Taha Abderrahmane a animé, mercredi soir à l’Académie du Royaume du Maroc, une conférence sur “la justice universelle et le dépositarisme”, concept selon lequel l’Homme est par nature dépositaire d’une mission de promotion des bonnes actions dans le monde.
S’exprimant devant un parterre d’intellectuels et d’universitaires, l’éminent professeur a d’emblée mis en évidence les notions de la pensée dite du “fiduciarisme” et du renouveau spirituel, basées sur trois principes que sont la nature spirituelle, le principe de confiance et le développement spirituel.
Sous cet angle, l’intellectuel marocain a insisté sur l’importance du renouvellement de la religion et de la moralisation de la modernité, mettant en avant le besoin d’appliquer le principe du développement spirituel, en tant que notion qui interpelle l’individu à concrétiser les valeurs morales et la spiritualité requises en vue de préserver la préséance de l’être humain dans l’univers et de faire face aux nouveaux défis et crises qui menacent les valeurs humaines.
Abordant la question des droits de l’Homme, Taha Abderrahmane a mis l’accent sur la prééminence de la dimension éthique des droits humains par rapport aux conventions et aux résolutions internationales, citant à cet égard le philosophe allemand Thomas Bujjri pour qui la finalité de l’élaboration des lois reposant sur la préservation des droits avant toute autre considération.
Le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, Abdeljalil El Hjomri, a affirmé que M. Abderrhamane est l’un des professeurs les plus éminents et un universitaire chevronné avec à son actif un parcours de 30 ans en enseignement et une riche œuvre, de même qu’il a mis en avant les compétences dont a fait preuve le penseur tout au long de sa carrière.
L’expérience du philosophe marocain reflète à bien des égards l’excellence de la formation dans les universités marocaines, a ajouté M . El Hjomri, notant qu’il s’agit d’un penseur responsable et constamment préoccupé par les questions de son époque, de telle façon qu’il a amplement contribué à apporter des réponses d’un point de vue philosophique face aux diverses problématiques du moment.
Dans ce contexte, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume a souligné les compétences de l’écrivain qui a jeté les bases d’une pensée morale et scientifique phare, tout en soulignant que le projet intellectuel de M. Abderrahmane a toujours pris en compte avec détermination l’émergence d’une force conceptuelle et d’un argumentaire explicatif solide de la pensée arabe et musulmane.
Le projet du philosophe consiste à favoriser l’émergence d’une philosophie musulmane originale qui tend à moderniser la pensée auprès de la Oumma par biais du renouveau de l’être humain, a-t-il ajouté. M. El Hjomri a insisté à cet égard sur l’innovation dans la pensée philosophique d’un écrivain musulman indépendant, citant la lecture contemporaine du Saint Coran effectuée par le philosophe.
L’auteur du livre “La question de la philosophie propre : Les paris de la créativité dans la pensée arabe contemporaine” avait conçu et développé une philosophie islamique pure, dont la finalité est de revigorer sur les plans linguistique et cognitif cette pensée, plaidant pour la maîtrise des mécanismes de production et de la recherche d’alternatives.
Et de conclure que le professeur Taha Abderrahmane s’impose comme une figue incontournable dans les débats de l’heure sur les questions de l’islam, en privilégiant le dialogue et le droit à la différence, en affirmant que le penseur s’est toujours prononcé en faveur de l’émancipation culturelle de la nation.
Titulaire d’un doctorat en lettres et en sciences humaines de l’Université de la Sorbonne, M. Abderrahmane est l’auteur de nombreux ouvrages. Ses travaux portent notamment sur les questions d’ordre religieux, le renouveau spirituel ainsi que sur la question de la violence et la philosophie de la moralité.