Les étudiants mal-voyants ou non-voyants : Quelles perspectives d’avenir sur le marché du travail au Maroc ?
Le Maroc comme d’autres pays du Maghreb, connaît le phénomène des « diplômés chômeurs ». Il s’agit d’étudiants qualifiés qui ne trouvent pas d’emploi lorsqu’ils finissent leurs études.
Mais pour ceux qui sont non-voyants, c’est pire encore…
Lors d’une manifestation organisée par la Coordination nationale des diplômés aveugles à l’occasion de la journée nationale des personnes handicapées, le 30 mars, on a vu à quel point la situation pouvait être difficile pour eux.
Les manifestants ont plaidé contre la discrimination à l’emploi dont les non-voyants ou les malvoyants font l’objet et ont exprimé leur colère face au gouvernement qui ne tient pas ses promesses à ce sujet.
Rappelons qu’en 2019, le gouvernement a prévu la création de 500 postes dédiés aux handicapés mais sans préciser ni les ministères concernés ni les types de handicap pris en compte !
Houcine Adlal, secrétaire général de cette coordination, est malvoyant.
Il a déclaré : « Les non-voyants vivent souvent dans des conditions difficiles au Maroc. Il n’est pas rare de les voir mendier parce qu’ils se retrouvent sans rien. Non seulement l’accès à l’emploi est plus difficile à cause de la discrimination dont nous faisons l’objet, mais le gouvernement ne nous accorde pas non plus une allocation. C’est pour cela que nos demandes d’emploi concernent exclusivement la fonction publique car nous estimons qu’il s’agit de la responsabilité directe de l’État. Et de toute façon, nous savons bien que nous n’avons aucune chance dans le secteur privé qui ne fait aucun effort pour embaucher des personnes handicapées. Nous avons proposé des mesures incitatives pour encourager les entreprises à nous embaucher, comme une déduction d’impôts, mais nos idées n’ont pas été retenues par le gouvernement », dit-il.
Il ajoute : « On préfèrera toujours embaucher une personne en fauteuil roulant plutôt qu’un non ou malvoyant ».
En général, les non-voyants et malvoyants s’orientent toujours vers les branches littéraires, parce que c’est là qu’ils se débrouillent le mieux même si les universités marocaines ne sont équipées ni en écriture braille, ni en support audio, pour leur faciliter l’accès aux cours.
Mais les branches techniques ou scientifiques leur sont complètement inaccessibles car l’État n’investit pas dans le matériel, les équipements ou les logiciels qui leur permettraient de suivre ces formations.
Mais le problème qui persiste, c’est bien de trouver un emploi après leur formation.
Depuis 2012, le gouvernement marocain a multiplié les promesses devant la contestation grandissante des non-voyants et déficients visuels, mais sans que cela n’aboutisse à des gestes concrets.
La manifestation des malvoyants à Marrakech / 30 mars 2019.
SA