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Le Brésil est hors contrôle : Records de décès et d’infections au Covid-19 !

Records de décès et d’infections au Covid, prolifération de nouveaux variants, gestion “politisée” de la crise sanitaire, système de santé au bord de l’effondrement, quatre ministres se sont succédé sur le portefeuille de la santé en un an. Le Brésil semble s’enliser chaque jour davantage et peine à sortir de l’ornière à cause d’une pandémie qui l’a propulsé, tristement, au-devant de la scène internationale.

Deuxième pays avec le plus de décès et de cas d’infection au covid-19 après les États-Unis, le Brésil avec ses 212 millions d’habitants aura raté le coche avec sa gestion conflictuelle et désordonnée de la crise sanitaire, comme déploré par des institutions nationales et internationales.

Selon l’Institut Lowy, un groupe de réflexion australien qui a évalué près d’une centaine de pays sur la base de six critères (cas confirmés, décès, dispositifs de dépistage…), c’est le Brésil qui aurait le plus mal géré la pandémie de Covid-19.

Mi-mars courant, la Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz), le plus grand centre de recherche médicale d’Amérique latine, a souligné que le Brésil, près de 3% de la population mondiale, compte 10,3% des décès du coronavirus dans le monde et 9,5% du nombre d’infections. Le résultat est pour le moins disproportionné comparé à d’autres pays comptant une plus grande population comme l’Inde et la Chine.

Derrière ce chaos, un conflit qui ne s’est démenti à aucun moment entre un gouvernement central convaincu que l’économie est aussi prioritaire que la vie des citoyens, et le pouvoir judiciaire et les gouvernements régionaux qui ont réussi tant bien que mal, mais surtout tardivement, à imposer le confinement et dans certains cas le couvre-feu nocturne pour tenter de freiner la propagation du virus, avec ses différents variants.

Au moment où les gouverneurs régionaux ont mis en garde contre la possibilité d’un “effondrement” du système de santé, le président, Jair Bolsonaro, avait introduit vendredi dernier une demande auprès de la justice pour empêcher les gouvernements régionaux et municipaux d’imposer des mesures de restrictions. Une demande finalement rejetée par la Cour suprême.

Pour Bolsonaro, “ce sont des mesures dictatoriales”, typiques d’un “état de siège”. Selon les analystes, le Chef de l’Etat (droite) veut de la sorte sauver l’économie, son cheval de bataille lors des présidentielles, et stopper la chute de sa popularité en prévision d’un nouveau mandat en 2022. A en croire à un sondage récent, la gestion de Bolsonaro est désapprouvée par 61% des Brésiliens.

Mercredi, le président a laissé entrevoir une lueur d’espoir, en annonçant la création pour la première fois d’un comité national de lutte contre la pandémie, suite à une rencontre avec les présidents du Parlement et de la Cour suprême, ainsi qu’avec un groupe de gouverneurs.

Le Chef de l’Etat a affirmé que ce pacte national vise une “harmonie” entre les trois pouvoirs face à la pandémie, ajoutant que “la vie passe avant tout” et que la vaccination de masse était importante pour le pays.

Au Brésil, qui a enregistré un nouveau record de 3.251 au cours des dernières 24 heures, les unités des soins intensifs de 25 des 27 États ont un taux d’occupation égal ou supérieur à 80%. Dans 15 États, il est déjà de 90%, sans parler de la pénurie des fournitures médicales. Selon les données officielles, le pays a cumulé environ 12 millions de cas positifs et 293.000 décès dus au covid-19.

Cette semaine, le Front national des maires, qui regroupe les dirigeants municipaux brésiliens, a averti que les réserves d’oxygène étaient proches de s’épuiser dans au moins 76 villes.

On estime qu’au moins 50 personnes sont mortes asphyxiées par manque d’oxygène, selon le parquet, qui a ouvert une enquête sur la prétendue “omission” du ministre sortant de la Santé, Eduardo Pazuello, remplacé cette semaine par le cardiologue Marcelo Queiroga.

Pis encore, la campagne de vaccination se poursuit à un rythme lent dans ce pays de dimension continentale qui a toujours été un exemple lorsqu’il s’agit des programmes de vaccination. Les vaccins contre la covid-19 ont commencé à être appliqués à la mi-janvier et jusqu’à présent, 5,5% seulement de la population ont reçu la première dose (2% des Brésiliens ont reçu la deuxième).

Le pays a pourtant signé des contrats d’acquisition de dizaines de millions de doses – dont 100 millions auprès de Pfizer et 10 millions de Sputnik V -, y compris des clauses de transfert de technologie. La livraison des doses de l’étranger et celles produites par les laboratoires nationaux (AstraZeneca et Sinovac) continue néanmoins de trainer.

Au plan économique, le Brésil a pu limiter les dégâts en 2020 avec une baisse de 4,1% du PIB, grâce notamment aux résultats des deux derniers trimestres (+7,7% et +3,2% respectivement) qui ont montré des signes de reprise.

Le gouvernement y est parvenu à la faveur, entre autres, du programme d’aides d’urgence suspendu en décembre, mais qui reprendra en avril prochain. Près de 68 millions de Brésiliens, plus d’un tiers de la population, avaient bénéficié de ces allocations d’avril à décembre (environ 110 dollars mensuellement).

Les analystes prévoient une nouvelle baisse du PIB au premier trimestre, le deuxième trimestre restant incertain, tandis que le deuxième semestre devrait s’achever en 2021 sur une hausse de 3,29%. La Confédération nationale de l’industrie (CNI) prévoit une croissance de 3% sur toute l’année.

Or, les prévisions sont toutes conditionnées par le déroulement de la campagne de vaccination, la reprise de l’économie et la manière avec laquelle le gouvernement pourra maitriser les dépenses publiques et réformer le système fiscal.

En effet, si l’impact sanitaire de la pandémie au Brésil est connu de tous, il reste à savoir à quel point l’économie en pâtira en 2021 et dans les années à venir, mais surtout quelle configuration politique pour les élections générales de l’an prochain, après la percée du centre aux dernières locales et la reconstruction de la gauche, revigorée après l’annulation des condamnations pour corruption contre son leader emblématique Lula Da Silva.

Le7tv (avec MAP).

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