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L’islamologue Tariq Ramadan, acquitté en Suisse de l’accusation de viol !

L’islamologue Tariq Ramadan a été acquitté mercredi de l’accusation de viol et contrainte sexuelle par un tribunal genevois qui a jugé qu’il n’y avait pas de preuve contre lui. Il recevra par ailleurs environ 151.000 francs suisses (environ 154.400 euros) d’indemnités de l’Etat de Genève.

Au vu de « la position antagoniste des parties, l’absence d’éléments matériels, les contradictions des divers témoignages (…), les constatations des deux médecins psychiatres contradictoires sur des points importants et les messages adressés par la plaignante au prévenu après les faits, le tribunal n’a pas été en mesure de se forger une intime conviction de culpabilité au-delà de tout doute insurmontable », a déclaré le président du tribunal, Yves Maurer-Cecchini. 

La partie plaignante a immédiatement annoncé faire appel. « Nous allons nous battre jusqu’au bout », a déclaré l’avocat de la plaignante aux journalistes, Me Robert Assaël. Le procureur avait requis trois ans de prison dont la moitié ferme. A l’énoncé du verdict, le prédicateur suisse, 60 ans, a souri et été enlacé par l’une de ses filles.

Il a quitté le tribunal avec sa famille, sans faire de commentaire. « Ce verdict n’est ni un coup de tête, ni un coup de coeur, c’est un verdict inspiré de raison », a déclaré son avocate suisse, Me Yaël Hayat. « Trop d’invraisemblances et de contradictions a conduit à un acquittement parfaitement logique en fait et en droit », a également indiqué à l’AFP l’avocat français de Tariq Ramadan, Me Philippe Ohayon. 

Sur le banc des parties civiles, la plaignante, 57 ans, a quitté la salle avant la fin de la lecture du verdict. « Elle s’est levée parce qu’elle a été choquée de ne pas avoir été entendue », a expliqué Me Assaël. Tariq Ramadan était pour la première fois jugé pour viol, mais il est menacé d’un procès en France pour des faits similaires.

Son procès, très attendu, avait mis au jour deux versions opposées des faits. Les juges ont retenu que le récit de la plaignante était « globalement constant et détaillé » mais qu’il n’était toutefois corroboré « par aucun élément matériel, tel que des traces de sperme ou de sang, des images de vidéosurveillance de l’hôtel ou des constats de lésions traumatiques ou de violences gynécologiques », a relevé le président du tribunal. Ramadan, figure charismatique et contestée de l’islam européen, nie tout acte sexuel et se dit victime d’un « piège ». 

Convertie à l’islam, la plaignante, « Brigitte », qui a choisi ce pseudonyme pour se protéger des menaces, a assuré pendant l’audience que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes dans la chambre de l’hôtel genevois où il séjournait, la nuit du 28 octobre 2008. Elle avait porté plainte dix ans après les faits. Les deux s’accordent à dire qu’ils ont passé la nuit ensemble dans la chambre de l’hôtel, qu’elle a quitté tôt le matin pour rentrer à son domicile.

Tariq Ramadan dit s’être laissé embrasser avant de mettre rapidement fin à l’échange. Les avocats de la plaignante avaient fait valoir pendant l’audience qu’elle avait consultée dans les jours suivant la nuit du 28 octobre 2008 deux psychiatres pour leur relater les faits et leur parler de son état de stress. « Il ne fait aucun doute que la plaignante a mal vécu la soirée », a relevé mercredi le président du tribunal, mais « l‘existence de ce stress », qui a été rapporté aux psychiatres, « ne permet pas de confirmer la matérialité des faits dénoncés ». 

Docteur de l’université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni, et invité de nombreuses universités au Maroc, en Malaisie, au Japon ou au Qatar.

En France, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou pas.

La rédaction /Le7tv

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