Nasser Bourita : Le Maroc propose la création d’un Forum Économique des pays de la CEN-SAD (vidéo)
« Le Royaume du Maroc propose la création d’un Forum Economique des pays de la CEN-SAD, qui viendrait compléter l’architecture de notre organisation en matière de développement, et servirait de plateforme d’échange et de coopération entre les opérateurs économiques dans notre espace », a affirmé M. Bourita lors de la réunion préparatoire à la 21ème Session Ordinaire du Conseil Exécutif de la CEN-SAD.
« Le Maroc se propose d’en abriter la première édition », a-t-il fait savoir.
En effet, dans le cadre de la Vision tracée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a toujours misé sur les investissements davantage que sur le commerce, et œuvré pour la co-construction de partenariats favorisant la prospérité et la stabilité partagée avec ses pays frères sahéliens, a soutenu le ministre, rappelant le discours de SM le Roi dans lequel le Souverain a souligné que « le Maroc croit à un co-développement fondé sur la coopération intra-africaine et la complémentarité économique, sur la solidarité active et la mutualisation des moyens et des efforts ».
La CEN-SAD est une véritable miniature de l’Afrique – dans sa richesse, sa diversité et ses défis, a fait observer le ministre, relevant que ce Continent dispose d’un potentiel important pour s’affirmer en tant que région dynamique, pleine de complémentarité, productrice de valeur ajoutée et à même de mutualiser les défis socio-économiques de ses membres.
Mais, malgré son potentiel, la CEN-SAD peine à atteindre sa vitesse de croisière, et à être ce catalyseur de stabilité et de prospérité partagées auxquelles aspirent ses populations, a déploré M. Bourita, arguant que la région continue d’afficher une performance en deçà de ses capacités, dans plusieurs chantiers de l’Agenda 2030 de l’ONU et de l’Agenda 2063 de l’UA.
« C’est pour cela que nos efforts doivent tendre à faire émerger notre Communauté comme un creuset de nos efforts collectifs, en faisant avancer notre groupement vers une intégration régionale réelle », a insisté M. Bourita, soutenant que l’action de la CEN-SAD devrait, dans les prochaines années, tendre vers la mise en place des différentes structures institutionnelles prévues par le traité révisé de la CEN-SAD, notamment le Conseil Permanent Chargé du Développement Durable.
Elle devrait tendre également à l’élaboration d’une stratégie dédiée au développement humain dans l’espace sahélo-saharien et de programmes destinés à l’insertion des jeunes et à l’opérationnalisation de la Stratégie de Sécurité et de Développement de la CEN-SAD (2015-2050).
M. Bourita a assuré le Royaume du Maroc poursuivra son engagement à œuvrer pour l’édification de l’espace Sahélo-Saharien, en entretenant avec l’ensemble des pays membres des relations fraternelles, basées sur la coopération, la solidarité et le respect de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale.
Cet événement constitue la première réunion présentielle du Conseil exécutif, depuis sa session ordinaire de Khartoum, le 12 mars 2014, a-t-il dit, ajoutant que « si la pandémie de la COVID-19 et ses récurrentes flambées nous ont, malheureusement, imposé leurs contraintes, elles n’ont aucunement touché notre engagement pour la CEN-SAD, ni notre détermination à redonner une impulsion à ses travaux ».
« Aujourd’hui plus que jamais, le fonctionnement de notre Organisation doit être placé sous le signe de la solidarité et de l’efficacité, dans la perspective de sa participation active aux échéances continentales à venir, et notamment la prochaine Réunion de coordination UA-CER », a noté le ministre.
Le Maroc note avec satisfaction et espoir que, grâce à la volonté collective et au sens de responsabilité des Etats membres, la CEN-SAD retrouve graduellement son dynamisme, s’est-il félicité, soutenant que le plan quinquennal de “notre Organisation, élaboré par le Secrétariat suite à la Conférence extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenue à N’Djamena, le 13 avril 2019, est examiné favorablement dans le prisme d’une contribution à la concrétisation des objectifs de la CENSAD et de sa Stratégie de Sécurité et de Développement (SDS) ».
Toutefois, la sortie de crise pandémique et les évolutions des contextes régional, continental et mondial, « nous appellent à maintenir un appui constant à notre Organisation » et aussi à optimiser le rôle qu’elle peut jouer, a-t-il nuancé.
M. Bourita a estimé que ceci passe par quatre pré-requis, à savoir la restauration d’une cadence normale des travaux des instances dirigeantes de la CEN-SAD car son rôle en tant que levier de développement régional, est tributaire de son dynamisme interne et de sa capacité à répondre aux défis de la région, aux côtés de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, et le G5-Sahel.
Le second pré-requis est de compléter et opérationnaliser l’architecture de l’Organisation, par la mise en place des nouveaux organes prévus par le Traité Révisé, en particulier le Comité des Ambassadeurs et Représentants Permanents, le Conseil Permanent de Développement Durable, le Conseil Permanent de Paix et de Sécurité, ainsi que le Centre de Lutte contre le Terrorisme – dont il faut relancer les travaux.
A cette occasion, M. Bourita a proposé la mise en place d’un groupe de coordination des pays de la CEN-SAD membres du CPS de l’Union Africaine, faisant savoir que ce mécanisme serait bien utile pour coordonner le suivi et la défense des priorités chères à la CEN-SAD en matière de paix et de sécurité.
Le troisième pré-requis concerne le renforcement des moyens d’action du Secrétariat Exécutif, a noté le ministre.
« Nous ne pouvons que féliciter les membres du Secrétariat, qui font tant, avec si peu de moyens », a-t-il souligné, estimant nécessaire d’apporter du renfort, en ressources humaines compétentes, en expertise et en moyens, « si l’on veut un Secrétariat à même de déployer la pleine mesure de son efficiente ».
Il a appelé, à cet égard, à repenser la politique de la Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce, notant que cette institution stratégique, doit accompagner les efforts de la Communauté dans les domaines de Développement et sa relation avec les investisseurs potentiels dans cette zone.
M. Bourita a déploré le fait d’évoquer la thématique sécuritaire à chaque fois que nous parlons du Sahel”, notant que “le fait est qu’en l’espace d’une décennie, notre région est devenue non seulement un lieu de retour et de redéploiement des combattants étrangers, mais aussi un espace producteur de groupes terroristes ».
Le Sahel reste, malheureusement, la 2ème zone la plus affectée par le terrorisme dans le monde, a fait savoir le ministre, soutenant que s’arrêter sur les défis à la paix et à la sécurité, “notre espace sahélo-saharien n’est, donc, pas une figure de style, mais une préoccupation de fond ».
Dans ce cadre, il a appelé la CEN-SAD plus que jamais, à accélérer l’opérationnalisation de son Conseil de Paix et de Sécurité, relevant qu’ elle gagne, également, à transformer son Forum des services de sécurité en un Comité du renseignement au service de la paix et la sécurité, et à mettre en place un Etat-Major des pays sahélo-sahariens pour lutter plus efficacement contre le terrorisme et le narcotrafic.
« Le renforcement des capacités des Etats de notre région, ressort, donc, comme une nécessité structurante », a-t-il insisté, rappelant, à cet égard, que le Bureau du Programme des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, inauguré au Maroc en juin 2021, pourrait apporter un appui certain.
« Le Royaume s’y attèlera, en étroite coordination avec le Centre CEN-SAD de lutte contre le terrorisme. Mais d’ores et déjà, l’on pourrait mettre en place une coopération judiciaire entre les Etats de l’espace CEN-SAD, comme première action de coordination, immédiate et à coût zéro », a fait savoir M. Bourita.
Il a réitéré solennellement l’engagement constant du Royaume du Maroc à donner un nouvel élan à la CEN-SAD, en tant que Communauté Économique Régionale de l’Union Africaine, appelant au renforcement de son action en faveur de la paix, de la stabilité et du développement de l’espace sahélo-saharien.
« Notre plus grand défi est celui d’offrir à nos populations, des conditions de vie meilleures, dans un espace de sécurité et de prospérité. Unissons-nous pour le bien de nos peuples et de notre Continent, l’Afrique », a-t-il conclu.
La rédaction /Le7tv (avec MAP)