L’ex-président tunisien Moncef Marzouki, vivant en France et farouche critique du coup de force de l’actuel chef de l’Etat Kais Saied, a été condamné in absentia à quatre ans de prison, a indiqué mercredi une source judiciaire.
La source n’a pas été en mesure de préciser le chef d’inculpation pour lequel M. Marzouki a été condamné par un tribunal de première instance de Tunis.
Contactée par l’AFP, son avocate Lamia Khemiri a affirmé que M. Marzouki n’avait reçu aucune convocation en justice, ajoutant qu’elle « ne sait pas pourquoi il a été condamné ».
Des médias locaux ont affirmé que M. Marzouki a été reconnu coupable d’avoir « porté atteinte à la sûreté de l’Etat à l’étranger » et de lui avoir causé un « préjudice diplomatique ».
Un juge tunisien avait émis début novembre un mandat d’amener international contre M. Marzouki, deux semaines après une demande du président Saied à la justice tunisienne d’ouvrir une enquête sur des déclarations de l’ancien président et de retirer son passeport diplomatique à celui qui figure à ses yeux « parmi les ennemis de la Tunisie ».
Lors d’une manifestation début octobre à Paris, M. Marzouki avait appelé le gouvernement français à « rejeter tout soutien » à M. Saied « qui a comploté contre la révolution et aboli la Constitution ».
Il s’était aussi félicité du report du sommet de la Francophonie qui était prévu en novembre en Tunisie, y voyant un désaveu pour M. Saied après son coup de force.
Après des mois de blocage politique et en pleine crise économique et sanitaire, M. Saied a invoqué le 25 juillet un « péril imminent » pour limoger le Premier ministre, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire.
Depuis ce coup de force, M. Marzouki a multiplié les interventions sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux pour appeler à la destitution d’un homme qu’il qualifie de « putschiste » et « dictateur ».
Opposant historique à la dictature de Ben Ali puis premier président de l’après-révolution (2011-2014), Moncef Marzouki, 76 ans, a longtemps symbolisé le combat pour la démocratie en Tunisie, même si son image s’est brouillée du fait notamment de son alliance controversée avec Ennahdha,– parti d’inspiration islamiste.