Réseaux Sociaux: Quels dangers pour « la santé mentale » des Marocains ?

À l’heure où les réseaux sociaux semblent meubler la vie quotidienne d’une grande partie des internautes marocains, il est devenu difficile de s’en passer, et encore moins lorsque cet outil permet un large accès à l’actualité et aux nouveautés.

Certes, on ne peut mettre en doute les nombreux avantages de ces réseaux en matière de communication, de sociabilisation, de networking et de lutte contre l’isolement, mais qu’en-est-il des dangers notamment pour la santé mentale des Marocains ?

De l’avis de plusieurs spécialistes, l’utilisation des médias sociaux devient problématique lorsqu’elle entraîne des conséquences négatives sur le bien-être mental des individus. Des phénomènes tels que la comparaison sociale constante, la pression pour maintenir une image idéalisée et la dépendance aux retours positifs peuvent conduire à des problèmes psychologiques comme l’anxiété, la dépression, et une faible estime de soi.

Approché par la MAP à ce sujet, le psychologue Adam Lhadi indique que le moment où l’utilisation des réseaux sociaux devient problématique dépend aussi de la fréquence et de l’intensité des effets néfastes qui impactent la santé mentale, signalant ainsi la nécessité d’une utilisation consciente et équilibrée de ces plateformes.

Dr Lhadi a souligné que cette comparaison sociale constante, résultant de la mise en avant sélective de moments positifs et de réussites par les utilisateurs, peut engendrer « des sentiments d’insuffisance et d’inadéquation ».

« La quête perpétuelle de validation à travers les likes et les commentaires peut conduire à une dépendance à la reconnaissance en ligne, altérant la perception de la valeur personnelle« , a-t-il développé, alertant également quant à la surexposition à des contenus négatifs tels que la violence ou la discrimination qui peuvent avoir des implications psychologiques graves.

S’agissant des catégories les plus touchées par les dérives des plateformes sociales, les femmes semblent être les premières victimes compte tenu des complexes et du sentiment d’infériorité qui naissent chez elles en raison des nombreuses déviations que l’on rencontre sur ces plateformes.

« Il est plausible de dire que les stéréotypes véhiculés sur les médias sociaux peuvent affecter davantage les femmes que les hommes« , relève le psychologue, expliquant que les plateformes sociales représentent parfois le terrain où persistent et se propagent des stéréotypes préjudiciables, renforçant des normes et des attentes souvent discriminatoires envers les femmes.

Ces stéréotypes, souvent liés à l’apparence physique, aux rôles sociaux et aux compétences, sont parfois exacerbés sur les réseaux sociaux, ce qui peut entraîner une pression accrue sur les femmes pour correspondre à ces normes idéalisées, souligne-t-il.

« Ces femmes peuvent aussi faire l’objet de discours haineux, de cyberharcèlement, ainsi que d’autres formes de victimisation en ligne, contribuant à une expérience encore plus négative« , a-t-il dit.

Les effets nocifs des réseaux sociaux varient aussi en fonction de la culture, de la région géographique et d’autres facteurs, note, par ailleurs, Dr Lhadi.

De son côté, le psychiatre et psychanalyste, Jalil Bennani, a également souligné à la MAP qu’un mauvais usage des réseaux sociaux peut conduire à l’endoctrinement et à des problèmes d’addiction, notamment chez les jeunes, précisant que la dépendance à ces plateformes est fortement liée à la personnalité de son utilisateur.

Il explique, dans ce sens, que la différence réside entre les personnes insérées socialement et ayant un bon équilibre psychique et les personnes repliées sur elles-mêmes. Le risque pour cette dernière catégorie se situe dans l’accentuation de son repli en raison de l’illusion d’être intégrée socialement grâce aux réseaux sociaux.

« Si l’utilisateur de ces plateformes sociales n’a pas la maturité et la prise de conscience nécessaires, il peut facilement tomber dans le traquenard de la manipulation« , poursuit le psychiatre, soulignant les risques de fausses amitiés et de relations imaginaires lorsqu’un usager échange avec des inconnus.

Mais les réseaux sociaux comprennent aussi plusieurs aspects positifs qui enrichissent la vie des utilisateurs, rassure, à son tour, Adam Lhadi, citant des avantages tels que la connectivité instantanée qui permet aux individus de maintenir des relations avec des amis et des proches, même à distance.

Les réseaux sociaux facilitent également le partage d’idées et d’informations, ainsi que la découverte de contenus culturels, éducatifs ou divertissants, a-t-il ajouté, relevant que ces plateformes peuvent servir de catalyseurs pour la mobilisation sociale, permettant aux utilisateurs de s’exprimer collectivement et de sensibiliser à des causes importantes.

Pour utiliser les réseaux sociaux de manière à préserver sa santé mentale, il est important, selon Dr Lhadi, de fixer des limites de temps et de les respecter, une utilisation excessive pouvant contribuer au stress et à l’anxiété.

S’accorder régulièrement des moments sans réseaux sociaux en désactivant les notifications s’avère tout aussi nécessaire pour le bien-être émotionnel de l’utilisateur, ajoute le spécialiste, insistant sur l’impératif de faire preuve d’autorégulation dès lors qu’une anxiété ou un stress liés à ces plateformes se font ressentir.

Il est, par ailleurs, important d’être sélectif en termes d’abonnements, précise Dr Lhadi qui recommande de suivre des comptes qui inspirent et apportent une valeur positive à l’utilisateur et de se désabonner de toutes sources conduisant à une comparaison nuisible.

« En intégrant ces conseils dans votre utilisation des réseaux sociaux, vous pouvez contribuer à une expérience en ligne plus positive et protéger votre santé mentale« , conclut le psychologue.

La rédaction/Le7tv (avec MAP et Maria Khadraoui)