Tandis que l’Algérie devient le pays le moins riche du Maghreb, le Maroc accède au 1er rang du classement Africain en terme de PIB, en dépassant l’Afrique du Sud  !

C’est grave !…Pour la première fois depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a affiché le PIB par habitant le plus faible des trois pays du Maghreb en 2021 !… 

Décidément, les gigantesques richesses naturelles de l’Algérie ne suffisent donc plus à masquer la réalité économique désastreuse du pays (la puissance régionale autoproclamée), très en retard par rapport à ses voisins du Maghreb, et qui devrait connaître de graves difficultés avant la fin de 2027 !…

 

 

En effet, selon les données de la Banque Mondiale, le PIB par habitant de l’Algérie s’établissait à 3.491 dollars en 2021, dernière année pour laquelle les statistiques sont disponibles, contre 3.607 dollars pour la Tunisie et 3.995 dollars pour le Maroc !…

Une économie algérienne très, très en retard…

En dépassant l’Algérie, le Maroc a ainsi réalisé une remarquable performance, vu ses faibles richesses naturelles en comparaison avec son voisin de l’Est, un des principaux producteurs mondiaux d’hydrocarbures !…

Premier producteur africain de gaz naturel et troisième pour le pétrole, l’Algérie a en effet extrait 101 milliards de mètres cubes de gaz naturel en 2021 et environ 900.000 barils de pétrole par jour au cours de la même année,  des quantités gigantesques, comparées à celles, quasi nulles, du Maroc !…

En effet, la production marocaine en hydrocarbures est si insignifiante, que le pays n’a produit, par exemple, que de 250 barils de pétrole par jour en 2021, soit environ 3.600 fois moins que l’Algérie !…

Cette évolution catastrophiques de l’Algérie résulte des politiques économiques inefficaces suivies par la junte militaire algérienne, depuis son indépendance et la montée en puissance de sa production d’hydrocarbures, alors que le pays était de loin le plus développé du Maghreb, grâce aux nombreuses et modernes infrastructures construites et laissées par la France !…

Ainsi, et faute de diversification, l’économie algérienne est aujourd’hui encore très fortement dépendante des hydrocarbures, qui représentent toujours environ 98% des exportations nationales. Et ce, contrairement à son voisins de l’Ouest, le Maroc, qui est parvenu lui, à faire émerger une économie très diversifiée et compétitive (agriculture, textile, composants automobiles et aéronautiques, industries chimiques, tourisme…).

En effet, et parallèlement à la mise en place d’un cadre favorable aux investissements nationaux et internationaux, le Maroc a réussi à constituer de nombreuses filières industrielles, lui permettant notamment d’occuper les premières places au niveau continental en matière d’industrialisation et d’environnement des affaires !…

Ainsi, et selon le dernier classement publié par la Banque Africaine de Développement (BAD), en novembre 2022, le Maroc se classait deuxième du continent en matière d’industrialisation, alors que l’Algérie n’arrive qu’à la 11e position, derrière le Sénégal !… 

Le Maroc devrait d’ailleurs très prochainement accéder au 1er rang du classement, en dépassant l’Afrique du Sud avec laquelle l’écart est désormais inférieur à 1%, après avoir été divisé par 17 depuis 2010 (scores actuels de 0,8327 et 0,8404, respectivement).

Une évolution qui s’explique également par le déclin économique constant de l’Afrique du Sud, comme en témoigne la croissance quasi nulle enregistrée au cours de la dernière décennie (0,9% en moyenne annuelle sur la période de 2013-2022), ou encore le fait qu’elle soit l’un des très rares pays africains à connaître une baisse du taux d’accès à l’électricité, alors même qu’une partie non négligeable de la population n’y est toujours pas connectée au réseau électrique (15,6% fin 2020, contre moins de 1% dans chacun des pays du Maghreb, selon la Banque Mondiale).

Quant à l’environnement des affaires, le Maroc se distingue également par les grandes avancées réalisées, comme le démontre le fait qu’il soit placé à la deuxième place continentale dans le dernier classement publié en la matière par la Banque Mondiale, (juste avant le Covid-19), alors que l’Algérie n’occupe que la 33e position (et la 162e au niveau mondial), arrivant même très loin derrière de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne, comme les très dynamiques Côte d’Ivoire, Sénégal et Togo !…

À cela, s’ajoute également un certain isolement économique de l’Algérie, qui est aujourd’hui est un des très rares pays au monde, hors minuscules États insulaires, à ne toujours pas être membre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Contraste flagrant avec le décollage économique du Maroc…

Les politiques économiques judicieuses suivies par le Maroc lui ont ainsi permis de réaliser un bond considérable au cours des dernières décennies. Le Maroc a véritablement décollé au cours des vingt dernières années, et s’illustre aujourd’hui en étant notamment LE SEUL pays arabe à avoir une véritable industrie automobile (et l’un des deux seuls sur le continent, avec l’Afrique du Sud, qu’il talonne désormais avec une production de près de 470 000 véhicules en 2022, essentiellement destinée à l’export, contre seulement 25 000 pour l’Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe), et l’unique pays africain à être doté de trains appartenant à la catégorie des trains à grande vitesse TGV, roulant à environ 300 km/h (et le seul au niveau arabe, avec la richissime Arabie saoudite) !…

Par ailleurs, le Maroc est également devenu un acteur incontournable sur la scène africaine, en se hissant au rang de deuxième investisseur africain sur le continent (après l’Afrique du Sud, notamment présente dans les industries minières), en disposant d’un réseau bancaire particulièrement développé (à tel point que les agences bancaires marocaines sont désormais deux fois plus nombreuses que les agences françaises en Afrique subsaharienne francophone), ou encore en ayant fait de la compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, un acteur majeur du ciel africain.

De même, le dynamisme de l’économie marocaine se reflète également à travers le nombre d’entreprises nationales présentes parmi les plus grandes entreprises du continent. En effet, et selon le dernier classement annuel publié par le magazine Jeune Afrique, en mars dernier, le Maroc en comptait non moins de 56 parmi les 500 plus grandes entreprises africaines en 2021, contre seulement 12 pour l’Algérie, ou encore 46 pour l’Égypte, pays arabo-anglophone d’Afrique du Nord ayant une population 2,8 fois plus nombreuse (et qui devrait donc, théoriquement, être largement mieux représenté que le royaume chérifien).

Un risque réel de faillite algérienne d’ici 2027…

Alors que le Maroc a vu ses réserves de change augmenter régulièrement au cours des dernières années, pour atteindre un plus haut historique de 35,5 milliards de dollars fin mars 2023 (contre seulement 19 milliards début 2014, et grâce à la robustesse de son économie diversifiée), la forte dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures a entraîné un effondrement des réserves de change du pays, parallèlement à une explosion de son endettement. Et ce, dans un contexte international marqué par la tendance baissière du cours des hydrocarbures, de plus en plus largement remplacés par les énergies renouvelables.

En effet, les réserves de change sont passées de 193 milliards de dollars début 2014 à 45,3 milliards fin 2021, soit une baisse annuelle de 18,5 milliards de dollars en moyenne sur cette période de huit années (avant de remonter très provisoirement à 66,1 Mds fin mars 2023, suite à la hausse exceptionnelle et brève du cours des hydrocarbures après le déclenchement de la guerre en Ukraine).

Et malgré les importantes restrictions imposées sur les importations, qui se situent désormais à environ 40 milliards de dollars par an (38 milliards en 2022, contre 58 milliards en 2014), les réserves de change ont tout de même continué à baisser de 13,2 milliards de dollars par année, en moyenne, sur la deuxième moitié de la période, entre début 2018 et fin 2021 (contre 23,7 milliards au cours de la première moitié). 

Dans le même temps, et selon les dernières données fournies par le FMI, la dette publique du pays a considérablement augmenté, passant de seulement 7,7% du PIB fin 2014 à 62,8% fin 2021 (avant de redescendre, provisoirement, à 52,4% fin 2022). Alors que l’Algérie était le pays le moins endetté des 54 pays du continent en 2014, elle est ainsi passée à la 26e place des pays africains les plus endettés en seulement sept ans, et devrait bientôt faire partie des 10 pays les plus endettés, selon les prévisions en la matière (d’autant plus qu’elle affiche un des déficits budgétaires les plus abyssaux au monde, ayant atteint 12,3% du PIB en 2022, selon la Banque Mondiale).

Par ailleurs, il est également à noter que la tendance à la baisse du cours des hydrocarbures est également soutenue par l’augmentation de l’offre mondiale, avec l’apparition de nouveaux gros producteurs (Canada, Brésil, Guyana…) et la multiplication des petits pays producteurs (comme le Sénégal, à partir de cette année 2023).

La montée en puissance des énergies renouvelables et la hausse parallèle de l’offre mondiale en hydrocarbures constituent, justement, les raisons qui expliquent la perte d’influence de l’Opep+, dont les dernières décisions de réduction de production n’ont absolument eu aucun impact sur les cours (revenus à chaque fois à leur niveau initial, seulement quelques jours plus tard).

Faute de profondes réformes économiques, en s’inspirant notamment de son voisin du Maghreb, les réserves de change de l’Algérie devraient donc repartir à la baisse à un rythme de plusieurs milliards de dollars par an.

En effet, la timide politique de diversification en cours ne pourrait suffire qu’à couvrir la baisse future des revenus tirés des hydrocarbures, résultant à la fois de la chute durable de leur cours et de la baisse des exportations du pays en la matière (suite à la hausse de la consommation intérieure). Parallèlement, il sera difficile de réduire davantage le niveau des importations, compte tenu de l’importance des restrictions déjà imposées et de la croissance démographique du pays.

Avec des réserves de change atteignant 66,1 milliards de dollars fin mars 2023, et en supposant une baisse annuelle ramenée à seulement 10 milliards de dollars par année, contre 13,2 milliards sur la période 2018-2021 (et qui pourrait nécessiter de commencer à réduire un certain nombre de prestations sociales), l’Algérie ne devrait alors plus pouvoir couvrir que quatre mois d’importations mi-2027, soit le niveau à partir duquel un pays est considéré comme étant proche de la faillite (comme actuellement le Kenya, qui ne parvient plus à payer tous ses fonctionnaires).

Cette situation, qui paraît difficilement évitable, compte tenu de la modeste politique de diversification actuellement menée, mais également du fait qu’il est peu probable que l’Algérie puisse réaliser en seulement cinq ans ce que la Tunisie et le Maroc ont mis de nombreuses années à mettre en place, obligerait alors le pays à se tourner vers les institutions financières internationales et à mettre en œuvre de douloureuses réformes, afin d’éviter une faillite complète dès l’année suivante, et un scénario semblable à celui qu’avait connu le Venezuela, autre grand pays producteur d’hydrocarbures et allié de l’Algérie.

Abderrazzak Boussaid/Le7tv