C’est un moment historique, empreint de fierté et de reconnaissance patrimoniale : le Royaume du Maroc a officiellement déposé auprès de l’UNESCO le dossier d’inscription de l’art, de la tradition et du savoir-faire du caftan marocain, en vue de son classement sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité dès 2025. Une consécration attendue, légitime, et ô combien méritée pour cette pièce maîtresse du vestiaire national, fruit d’un héritage plurimillénaire tissé de fils d’or, de mémoire et d’identité.
Un acte de souveraineté culturelle
Ce dépôt intervient après une longue attente marquée par des tentatives d’appropriation culturelle, notamment celle, en mars 2023, du caftan « ntaâ de Fès » dans un dossier algérien controversé. Fidèle à sa démarche rigoureuse et respectueuse des cadres multilatéraux, le Maroc n’a jamais cédé à la provocation, préférant attendre la session 2025 du Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour faire valoir ses droits légitimes, dans la dignité, la preuve et la grandeur historique.
Une richesse textile et artisanale inégalée
Ce dossier marocain se distingue par un niveau de détail et de rigueur exceptionnel, illustrant la richesse et la diversité des styles, des broderies, des étoffes et des appellations régionales du caftan. Qu’il s’agisse du Qftan tarz Ntaâ, de la Takchita, de la Lmansoria ou de la Keswa Lakbira, le caftan s’exprime dans toute la variété de ses formes, révélant un univers de créativité transmis à travers les siècles par des générations de mâalmin et de maâlmate.
L’inventaire recense des types de broderies emblématiques comme le tarz l’Hsab, tarz l’Majboud, tarz Randa ou encore tarz Zemmouri, témoins d’un art textile d’une finesse rare, porté par des artisans aux gestes millimétrés, dont le savoir-faire est souvent transmis de maître à élève, de mère en fille.
Un patrimoine vivant, pluriel et fédérateur
Au-delà de son esthétique raffinée, le caftan marocain incarne une véritable mémoire collective, puisant ses racines dans la culture arabe, amazighe et juive du Royaume. Il unit les Marocains dans la célébration de la vie : des mariages aux baptêmes, en passant par les fêtes religieuses et les cérémonies officielles, le caftan est le témoin noble des grands moments de la société marocaine.
Le dossier insiste à juste titre sur l’universalité marocaine du caftan, porté aussi bien par les femmes que par les hommes, et célébré dans toutes les régions du Royaume. C’est un vecteur d’identité, de beauté, de transmission intergénérationnelle, mais aussi un moteur économique puissant qui fait vivre des milliers d’artisans, de commerçants et de créateurs.
Une reconnaissance internationale attendue
En déposant ce dossier auprès de l’UNESCO, le Maroc ne revendique pas seulement un habit : il défend un univers, une mémoire, une excellence artisanale, une esthétique intemporelle, reflets de l’âme marocaine dans sa diversité et son raffinement.
Le caftan, dont l’élégance a franchi les frontières grâce à une nouvelle génération de stylistes audacieux, continue d’inspirer les podiums internationaux, tout en restant ancré dans les valeurs d’authenticité et de transmission.
Cette reconnaissance internationale, si elle venait à être entérinée en décembre 2025, serait une victoire éclatante pour le patrimoine marocain, mais surtout une réponse éclatante aux tentatives d’effacement et de détournement de notre histoire vestimentaire.
Un patrimoine tissé d’héritage, de savoir et d’honneur
Le caftan marocain n’est pas un simple vêtement. Il est le prolongement d’une civilisation millénaire, une pièce tissée d’orgueil national, de raffinement culturel et de savoir-faire d’exception. En le portant devant l’UNESCO, le Maroc ne cherche pas seulement une reconnaissance, mais offre au monde un joyau universel, symbole d’un dialogue des cultures, d’un esprit de tolérance et d’un enracinement serein dans l’Histoire.
Tant que les fils du caftan se tisseront, le Maroc rayonnera.
Abderrazzak Boussaid/Le7tv