Maroc-Corée du Sud : Un Partenariat Stratégique Axé sur le Transfert Technologique et la Coopération Industrielle

Dans une interview accordée récemment à The Korea Times, l’Ambassadeur du Maroc en République de Corée, Chafik Rachadi, a mis en lumière le renforcement du partenariat stratégique entre Rabat et Séoul, illustré par un contrat majeur de 1,5 milliard de dollars signé entre Hyundai Rotem et l’Office National des Chemins de Fer (ONCF). Cet accord marque bien plus qu’une simple opération commerciale : il s’inscrit dans une dynamique de coopération technologique ambitieuse et durable.

Ce projet, le plus important jamais remporté par Hyundai Rotem, prévoit la fourniture de trains électriques à double étage destinés à moderniser le réseau ferroviaire marocain, dans la perspective de la Coupe du Monde de la FIFA 2030, co-organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. En parallèle, l’ONCF a annoncé un plan d’investissement global de 2,9 milliards de dollars pour l’achat de 168 trains en provenance de France, d’Espagne et de Corée.

Mais au-delà de l’aspect logistique, l’essence même de ce partenariat réside dans le transfert de technologie, la formation des ressources humaines et l’intégration industrielle locale. L’ambassadeur Rachadi a insisté sur le fait que l’accord avec Hyundai Rotem ne se limite pas à la livraison de matériel roulant. « Il s’agit d’un projet global incluant la construction d’usines, des programmes de formation technique, et l’emploi de main-d’œuvre locale », a-t-il déclaré. Ce volet technologique permettra de développer des compétences industrielles nationales et de créer un véritable écosystème ferroviaire au Maroc.

Hyundai Rotem s’est engagé à livrer 110 trains de banlieue, soutenant la vision de l’ONCF qui ambitionne de desservir 43 villes marocaines d’ici 2040, couvrant ainsi 87 % de la population. Ce déploiement s’inscrit dans une logique de développement durable et d’amélioration de la mobilité urbaine et interurbaine.

L’ambassadeur a par ailleurs souligné que le contrat avait été attribué à l’issue d’un appel d’offres international très compétitif, au terme duquel l’offre coréenne s’est distinguée par sa qualité, son efficacité et son approche intégrée. « Ce n’est pas seulement une vente de trains, mais une coopération gagnant-gagnant, qui profite aux deux pays », a-t-il précisé.

Dans cette dynamique, le Maroc entend devenir un hub industriel et technologique pour les entreprises coréennes souhaitant investir en Afrique. L’ambassadeur a révélé que Hyundai Rotem travaillera en étroite collaboration avec des fournisseurs marocains et sud-coréens, favorisant ainsi les synergies industrielles et la complémentarité des savoir-faire.

À ce titre, l’accord ouvre la voie à d’autres partenariats technologiques dans les domaines du transport, des énergies renouvelables, des TIC, ou encore de l’électronique de pointe. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 550 millions de dollars, mais ce chiffre est appelé à croître de manière significative à la lumière des perspectives offertes par ce contrat structurant.

« Ce projet est un point de départ, pas une finalité », a insisté Chafik Rachadi. « Il annonce une nouvelle ère de coopération dans laquelle le transfert de compétences et la co-innovation joueront un rôle central dans la relation maroco-coréenne. »

Depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques en 1962, le Maroc et la Corée du Sud n’ont cessé de consolider leur partenariat fondé sur des valeurs communes et une vision partagée du développement durable. L’ambassadeur a rappelé les liens historiques profonds entre les deux peuples, notamment l’accueil précoce d’une mission diplomatique sud-coréenne par le Maroc, et la participation de soldats marocains à la guerre de Corée dans les années 1950.

Les dernières années ont vu une intensification des visites officielles et la signature d’accords de coopération dans les domaines du commerce, de l’investissement, de l’innovation et de l’environnement. Le Sommet Corée-Afrique de 2024 a notamment été un moment fort, posant les bases d’une coopération renforcée sur les enjeux du climat, de la sécurité sociale et du développement technologique.

Décrivant le Maroc comme « une terre d’opportunités et un pont vers l’Afrique », l’ambassadeur Rachadi a conclu en affirmant que la stabilité institutionnelle, l’engagement écologique et le capital humain du Royaume représentent des atouts majeurs pour bâtir des partenariats technologiques d’avenir avec la Corée du Sud.

Abderrazzak Boussaid/Le7tv