Entre le Maroc et le Brésil, l’Atlantique se fait trait d’union, porteur de promesses et d’inspiration. Malgré les vastes horizons qui les séparent, les deux nations sont guidées par la lueur d’une même étoile. C’est que, deux décennies après la visite Royale à Brasilia, un Partenariat Stratégique aura pris racine et prospéré durant cette année qui touche à sa fin.
Économie, diplomatie, tourisme : autant de sphères où chaque rive retrouve en l’autre un allié à la mesure de ses ambitions, à l’instar d’un jeu de miroir. Les liens se resserrent et tissent un pont sud-atlantique où les distances se dissipent, baignés dans la clarté d’un dialogue stratégique.
« C’est précisément là l’enjeu clé de ce partenariat florissant : notre Atlanticité partagée, un trait qui définit notre essence commune et façonne les contours d’un destin prometteur », souligne le politologue Brésilien Fábio de Queiroz, dans une interview avec la MAP.
« La construction d’une identité atlantique comme atout de puissance, soutient-il, doit être mieux comprise et exploitée », pour transformer la façade atlantique en un carrefour de communion humaine, un pôle d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international, tel que voulu par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Un partenariat qui s’enrichit
Les relations Maroc-Brésil, deux acteurs influents de leurs régions respectives, s’épanouissent à la faveur d’une confiance cultivée dans le respect mutuel, d’une vision partagée : celle d’un ordre international équilibré, d’une gouvernance mondiale plus juste, et d’une coopération Sud-Sud toujours plus ambitieuse.
Aux yeux des Brésiliens, le Maroc est « un partenaire solide, une porte d’entrée vers l’Afrique ». Si les liens étaient déjà forts sous l’ère Bolsonaro, ils se renforcent encore avec Lula, défenseur du multilatéralisme et du Sud global. Depuis son retour, le président brésilien s’efforce de positionner son pays comme acteur majeur. Et le Maroc investit dans un avenir où le Brésil aura son mot à dire. Aussi, le géant sud-américain est-il l’un des piliers des BRICS ou du G20.
Dans les coulisses de la diplomatie, les échanges ont été d’une rare intensité. Mi-mai, Rabat et Brasilia ont exprimé une « parfaite convergence de vues » sur de multiples enjeux régionaux et internationaux. La rencontre, trois semaines plus tard, entre le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et son homologue brésilien Mauro Vieira a conduit à la formalisation d’un partenariat stratégique multidimensionnel, embrassant des secteurs à fort potentiel tels que l’agro-alimentaire, l’économie verte et la logistique. En octobre, c’est le président du Sénat Rodrigo Pacheco qui se rendra au Maroc, illustrant l’élan renouvelé d’une coopération de plus en plus élargie.
D’autant plus que, pour la première fois, le Brésil salue les « efforts sérieux et crédibles » du Maroc pour avancer vers une résolution du différend autour du Sahara, dans le cadre de l’initiative d’autonomie présentée en 2007.
Le cadre juridique se renforcera aussi pour inclure des secteurs stratégiques comme la lutte contre la criminalité transnationale, la défense et l’industrie aéronautique. Et ce n’est pas tout ! La création d’un poste d’attaché militaire à Brasilia consolide un partenariat dans des secteurs où le Brésil excelle.
« Si le partenariat se développe tant en termes de volume que de qualité, il demeure encore un vaste potentiel à exploiter, en capitalisant sur l’importance géostratégique de l’Atlantique », relève Fábio de Queiroz, mettant en avant l’axe Rabat-Brasilia comme point de référence.
Des ponts d’ailes et d’océans
Sous un ciel enfin libéré des ombres de la pandémie, Royal Air Maroc vient de lancer ce mois-ci sa ligne directe Casablanca-Sao Paulo. Cinq années d’absence, et pourtant, ce n’est pas qu’un itinéraire retrouvé. C’est une invitation à la découverte, au dialogue, une passerelle entre deux cultures.
L’ouverture une année plus tôt d’un bureau de l’Office national marocain du tourisme dans la capitale paulista avait déjà esquissé les contours de cette ambition. Multiplier par deux le flux de touristes brésiliens – estimés à 50.000 par an – semble à portée de main. Il s’agit de séduire un marché parmi les plus dynamiques au monde. Et au-delà du Brésil, c’est tout un Mercosur, avec près de 300 millions d’âmes, qui s’ouvre.
Sur les flots, une autre ambition se profile : celle d’un commerce florissant. Loin d’être une simple annonce, les préparatifs sont en marche pour un accord d’assistance administrative mutuelle en matière douanière. De surcroît, un mémorandum d’entente entend promouvoir Tanger Med comme hub logistique auprès des opérateurs brésiliens. À la croisée des principales routes maritimes mondiales, ce port se positionne comme pont naturel entre le Brésil et l’Europe, la Méditerranée et le Golfe.
Au gré des échanges …
Le commerce prend de l’ampleur chaque mois qui passe. En 2024, de janvier à septembre, les échanges ont atteint 2,05 milliards de dollars. Le Royaume y affiche un excédent de 197 millions et s’affirme comme un fournisseur stratégique d’engrais pour l’agriculture brésilienne.
Dans le détail, les exportations marocaines vers le Brésil se chiffrent à 1,123 milliard, en hausse de 4,72 %. Les engrais minéraux ou chimiques dominent ce flux : 51,19 % pour ceux contenant deux éléments et 34,52 % pour les phosphatés. En revanche, les importations de la première économie d’Amérique latine ont atteint 926 millions (+1,58 %), principalement du sucre de canne (69 %), du maïs (18,45 %) et des bovins (2,17 %).
Le Business Forum Maroc-Brésil, prévu juillet prochain à Casablanca, s’annonce comme une étape clé dans les relations économiques. L’entrée en vigueur de l’Accord de facilitation des investissements, couplée à la récente visite d’une délégation d’hommes d’affaires brésiliens à Rabat, ouvre déjà la voie à de nouvelles opportunités.
De part et d’autre, Rabat et Brasilia ne se contentent pas de rêver d’un avenir commun, ils le façonnent. L’Initiative Royale pour l’Atlantique incarne cette vision de coopération Sud-Sud. Elle prône une transformation de l’Atlantique en un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée face à des défis mondiaux comme la sécurité alimentaire et le changement climatique. N’est-il pas, en effet, un carrefour stratégique, porteur de solutions durables pour un monde en quête d’équilibre et de stabilité ?
La rédaction/Le7tv (avec MAP)