L’Algérie bâillonne ses intellectuels : L’arrestation scandaleuse de l’écrivain Boualem Sansal

Une nouvelle page sombre s’ajoute à l’histoire déjà tumultueuse de la répression en Algérie. La junte militaire au pouvoir, fidèle à sa tradition de museler toute voix dissonante, vient d’arrêter Boualem Sansal, éminent romancier franco-algérien, sous des accusations fallacieuses d’atteinte à « l’unité nationale » et à « l’intégrité territoriale » du pays. Ce qui lui est reproché ? Une opinion, exprimée en octobre dernier, suggérant que toutes les régions de l’Ouest algérien, notamment Tlemcen, Oran, Bechar et Tindouf seraient historiquement Marocaines.

Plutôt que de débattre, la junte choisit la répression. Plutôt que de dialoguer, elle opte pour les barreaux. Boualem Sansal, auteur de renommée internationale, se retrouve désormais enfermé dans une prison près d’Alger, victime d’un régime qui ne tolère ni la critique ni l’introspection. L’agence de presse officielle APS, porte-voix du régime, va jusqu’à qualifier l’écrivain de « négationniste » et accuse la France de défendre un « révisionniste ». Des mots aussi violents que creux, dans une tentative pathétique de détourner l’attention des véritables enjeux du pays.

Une répression intellectuelle systématique

L’arrestation de Boualem Sansal n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une politique méthodique de répression visant les intellectuels, journalistes, et militants qui osent dénoncer la mainmise d’un régime militaire archaïque sur une nation en quête de liberté. À travers cet acte, la junte réaffirme son mépris pour les principes universels de liberté d’expression et son incapacité à concevoir une Algérie plurielle, où les idées peuvent coexister et enrichir le débat public.

En s’attaquant à Boualem Sansal, le pouvoir algérien ne fait pas que réprimer un homme ; il s’attaque à la pensée critique elle-même. Il envoie un message clair à tous ceux qui, dans le pays ou à l’étranger, auraient l’audace de remettre en question le récit officiel : l’Algérie de la junte est un État fermé, où les idées divergentes sont considérées comme des crimes, et où l’Histoire est instrumentalisée pour servir des ambitions autoritaires.

Un régime en quête de boucs émissaires

Il est frappant de constater à quel point la junte algérienne, incapable de répondre aux besoins fondamentaux de son peuple, se tourne constamment vers la répression et la manipulation nationaliste pour asseoir son pouvoir. La souveraineté nationale, si souvent invoquée, est devenue un prétexte pour réduire au silence ceux qui osent exposer les incohérences d’un système oppressif.

L’arrestation de Sansal n’est qu’un écran de fumée pour détourner l’attention des échecs colossaux du régime : une économie en crise, un chômage endémique, et un exode massif des jeunes Algériens qui fuient un pays sans perspectives. À défaut d’offrir un avenir, le régime s’accroche à un passé mythifié, criminalisant quiconque ose remettre en question sa version des faits.

Le silence coupable de la communauté internationale

Face à cette dérive autoritaire, où est la communauté internationale ? Où sont les voix des défenseurs des droits humains qui devraient s’élever pour condamner une arrestation aussi flagrante qu’injuste ? La France, pointée du doigt par l’Algérie pour son soutien à Sansal, doit aller au-delà des simples déclarations et agir avec fermeté pour protéger l’un de ses citoyens.

L’urgence de dénoncer et d’agir

Boualem Sansal est une voix essentielle dans le paysage littéraire et intellectuel mondial. Son arrestation est une attaque contre tous ceux qui croient en la liberté d’expression, en la critique constructive, et en la possibilité d’un avenir meilleur pour l’Algérie.

Il est temps pour la communauté internationale, pour les défenseurs des droits humains, et pour tous les citoyens algériens épris de liberté, de dénoncer cette injustice et de demander des comptes à un régime qui bafoue les droits les plus fondamentaux. Car un pouvoir qui emprisonne ses intellectuels est un pouvoir qui craint la vérité. Et un pouvoir qui craint la vérité est condamné à sombrer dans l’histoire.

Abderrazzak Boussaid/Le7tv