Federico Banzola, le tailleur qui réinvente l’élégance masculine, raconte sa success-story (Interview Exclusive)

Le média Le7tv a eu l’immense privilège d’interviewer, en exclusivité, Federico Banzola, le talentueux tailleur et designer franco-italien qui a révolutionné la mode masculine. Véritable artisan de l’élégance, il nous a ouvert les portes de son prestigieux showroom et atelier « Banzola Collection », niché au cœur du quartier Racine à Casablanca. Une rencontre captivante avec un créateur visionnaire, dont le savoir-faire allie tradition et modernité, pour sublimer l’art du vêtement masculin : (texte et vidéo)

Le7tv : Monsieur Federico Banzola, vous êtes installé au Maroc depuis 15 ans. Qu’est-ce qui vous a attiré ici pour lancer votre enseigne « Banzola Collection » et comment Casablanca est-elle devenue un point stratégique pour votre entreprise ?

Federico Banzola: Je vais vous surprendre, mais finalement, par le plus merveilleux des hasards, parce que quand je suis venu c’était en vacances et je suis venu à Marrakech comme beaucoup de monde et je suis comme beaucoup tombé amoureux de Marrakech des gens, de la culture, de la vie là-bas et j’y suis resté mais ce qui a définitivement motivé à y rester c’est la rencontre avec des maîtres tailleurs. Par ignorance, je ne savais pas qu’il y avait toute une culture tailleur au Maroc. Et c’est en les rencontrant par pur hasard, que je me suis dit : il y a une aventure, il y a quelque chose à faire. Et j’ai ouvert là-bas, donc avec cet atelier, ça a été mon premier atelier. Et force est de constater que beaucoup de demandes émanaient de Casa alors j’étais obligé de faire beaucoup d’aller-retour.  Marrakech est aussi un endroit où on me demandait beaucoup de choses mais Casa par le nombre et par la taille finalement et puis il y a aussi beaucoup plus c’est une zone d’affaires ce que n’est pas forcément Marrakech donc je faisais beaucoup d’événementiel donc mariage et autres événements à Marrakech. Et puis, à force de faire des allers-retours, il a fallu se dire, on va finir par ouvrir une boutique, puisqu’on nous la demande beaucoup à Casa, et l’aventure de Casa est partie de là.

Le7tv: « Banzola Collection » propose une approche innovante du sur-mesure. Pouvez-vous nous expliquer ce que signifie le concept « sartorial style » et comment il réinvente la tradition italienne du « Made in Italy » ?

Federico Banzola: On n’a pas la prétention chez Banzola là de s’approprier le « Sartorial Style ». C’est une famille de styles que finalement toutes les maisons tailleurs et même les plus jeunes, on connaît tous les plus anciennes, et il y en a aussi beaucoup dans le monde qui sont beaucoup plus jeunes, plus actuelles, plus contemporaines. Et le Sartorial Style, c’est un style développé sur la base des codes tailleurs. Alors qu’est-ce que les codes tailleurs ? Ce sont des endroits d’un vêtement que l’on reconnaît pour avoir été, un, façonné à la main, ça se reconnaît dans un vêtement. Ce sont des styles, des coupes, des revers, des formes. Un maître tailleur parle beaucoup de géométrie dans le vêtement. C’est une géométrie, une silhouette du vêtement qui est parfaitement reconnaissable. C’est ça le « Sartorial Style ». Ce sont des notes, un petit peu finalement comme une voiture serait vintage et une autre beaucoup plus moderne. On reconnaît bien les vieilles corvettes et les choses plus vintage. C’est la même chose chez un costume. On reconnaît quelque chose qui émane d’une maison tailleur. Le Made in Italy, c’est un peu ma zone de confort, finalement. J’ai toujours travaillé avec l’Italie, parce que c’est peut-être le pays d’Europe avec l’Angleterre, mais on va dire l’Italie quand même en premier, a conservé, comme le Maroc d’ailleurs, une forte empreinte de l’artisanat. Là où d’autres se sont peut-être plus concentrés sur des industries plus modernes, l’Italie a conservé cette patte, ce socle d’artisanat fait main. En France aussi, mais pas autant qu’en Italie. Donc tout naturellement, on fabrique en Italie. Et puis, c’est peut-être un peu chauvin de le dire, mais c’est peut-être les plus beaux vêtements. Vous en conviendrez ?

Le7tv:  Vous utilisez des étoffes rares et nobles, en tous les cas exclusives pour vos chemises, blazers et costumes. Pourquoi ce choix de matériaux est-il essentiel pour la vision que vous portez de la mode masculine ?

Federico Banzola: Au même titre, toutes proportions gardées, qu’un bijoutier préférera toujours travailler des métaux nobles, en tout cas des matériaux nobles, afin d’aboutir à un résultat d’un bijou toujours plus exceptionnel, c’est la même chose pour les maîtres tailleurs ou un chef cuisinier. C’est avec les meilleurs produits qu’on fait les meilleurs plats. C’est exactement la même chose pour un maître tailleur, il y a des tissus beaucoup plus moderne plus accessible moins onéreux il existe mais rien ne remplacera une grande laine et cachemire peignée en italie dans la tradition ça existe aussi dans les vêtements de conception marocaine il y a des soies il y a des y a des étoffes qui sont irremplaçables, il y a même des étoffes qui sont irremplaçables. Il y a même des étoffes qui sont nées et qui sont faites au Maroc et qui n’existent nulle part ailleurs. Chaque pays a créé ses étoffes. Et pour ce qui est du tailoring, l’Italie, l’Angleterre et la France restent les endroits où on trouve des étoffes d’exception. Donc si je veux pouvoir proposer une partition exceptionnelle à mes clients, je dois absolument rester dans le cadre de ces tissus-là. Alors, je vous en parlerai plus tard certainement mais il y a aussi des lignes de costumes plus contemporains, plus business, qui sont pensés pour être solides, qui sont pensés pour avoir une durabilité plus importante, mais si on parle d’exceptionnel et de pièces rares et magnifiques, on cherchera des tissus exceptionnels afin de concevoir un costume exceptionnel.

Le7tv: La « mode intemporelle » est un thème de plus en plus recherché. En quoi « Banzola Collection » intègre-t-elle ce concept de durabilité dans le temps dans ses processus de fabrication ?

Federico Banzola: C’est une excellente question et je la lis souvent dans les colonnes des journaux, et je l’entends souvent dans d’autres interviews de maisons qui, tout comme nous, font partie de cette grande famille du textile. Et à vrai dire, cet intérêt qui a l’air nouveau, chez un maître tailleur, c’est notre essence même, finalement. C’est ce que nous sommes. Nous ne cherchons pas à nous adapter et à répondre à cette nouvelle demande d’intemporalité, puisque c’est ce que nous sommes « Maîtres », pour avoir cette appellation, au final, les maîtres tailleurs sont, on ne dit pas maîtres devant tous les métiers qui existent, c’est que dans notre secteur, nous sommes censés faire autorité à la matière. On est un peu des gardiens, des gardiens d’une coupe, d’un style. On est plus proche, finalement, j’aime bien la parallèle avec les chefs de cuisine, c’est tellement proche, l’amour de son métier, l’amour du beau produit, c’est très proche de ce qu’on fait dans l’abnégation envers notre produit et notre client donc cette intemporalité elle est de fait, le simple fait de pratiquer du tailoring est intemporel. Par contre les clients qui se sont rendus compte après quelques années où il y a eu une baisse c’est vrai dans la formation des maîtres tailleurs car il n’y a pas malheureusement dans le monde autant d’écoles que ça pour se former au tailoring, et donc, par notre disparition, on est moins nombreux. Il y a eu de tout et de rien dans la mode. Et on revient, tout comme on préfère manger bio, on revient aux choses les plus intemporelles qui soient, à savoir autant consulter un maître tailleur. Je ne veux me fâcher avec personne, mais le conseil, lorsqu’on veut une montre, on va chez un horloger, lorsqu’on veut une montre, on va chez un horloger. Lorsqu’on veut un beau vêtement, on va chez quelqu’un qui en maîtrise la conception à savoir le « maitre tailleur ».

Le7tv:  Vous proposez « un service sur-mesure » unique au Maroc, allant des costumes et des chemises, jusqu’aux smokings et des tenues de soirée, en passant par des vêtements plus classiques ou plus décontractés. Comment arrivez-vous à conjuguer cette offre variée avec l’excellence des finitions ?

Federico Banzola: L’excellence, c’est une recette de base que l’on s’impose. Tout est dans le process finalement. Une fois que les process sont respectés, comme une bonne vieille recette, peu importe le nombre de lignes sur lesquelles on les déploie, le process est toujours le même. Un vêtement, quand j’étais chez Smalto, il y avait une phrase qui revenait souvent, c’était finalement c’est un métier très simple que beaucoup aiment compliquer. Non, non, c’est très très simple, il suffit de respecter chaque étape, il peut y avoir un peu plus de 80 opérations sur un costume, il suffit de les respecter, de ne pas en soustraire pour quelconque économie, et en respectant les recettes, on obtient le bon résultat. Donc, que ce soit pour le prêt-à-porter que nous faisons, alors il y a sa partie faite en Europe, on a une collection qui est faite en Europe, et on a maintenant, dans l’idée, on nous l’a beaucoup demandé, de faire un prêt-à-porter qui serait un peu plus accessible. Donc, on a développé un circuit court, on a ouvert une chaîne de montage qui n’est pas très loin de Casablanca, ce qui nous permet de faire venir d’Europe les tissus, de concevoir ici et de proposer à notre clientèle Casablancaise ici, des produits beaucoup plus accessibles. La question de base étant comment on fait pour garder la même qualité, le process, il y a des standards internationaux. Donc il suffit de les respecter, que ce soit pour le sur-mesure, que ce soit pour le prêt-à-porter ou la demi-mesure. Et tout se passe bien. En tout cas chez Banzola, j’ai formé beaucoup de monde qui sont arrivés à un point à m’étonner. Et finalement, ce n’est pas l’histoire d’un seul homme, pas du tout. C’est vraiment un travail d’équipe. Et c’est avec cette équipe, on se consulte vraiment sur tous les points qui font vivre la maison. Et c’est grâce à ce travail d’équipe d’abord que les process peuvent être respectés. Donc si je devais résumer en un mot, c’est l’humain, d’abord, sa formation, un vrai travail d’équipe et ma foi, ça se passe bien.

Le7tv:  Avec l’expertise de votre équipe, comment garantissez-vous un niveau de précision et de raffinement dans chaque vêtement, et comment formez-vous votre personnel pour maintenir cette qualité ?

Fedrico Banzola: La base de tout, ça peut avoir l’air naïf comme réponse, mais la base de tout, il faudrait trouver des gens passionnés. Moi, la première question que je pose quand j’embrasse, c’est est-ce qu’il y a quelque chose qui vous passionne? Je suis intimement persuadé qu’on peut être passionné par n’est pas le cas de tous, en tout cas d’avoir une passion, il suffit de rediriger un peu cette passion et d’essayer d’intéresser la personne à ce que nous, nous faisons. Je ne sais plus qui a écrit « si je travaillais dans quelque chose qui me passionne, je n’aurais pas travaillé un seul jour de ma vie ». C’est un peu l’idée de base, donc c’est un peu ça, c’est le moteur. Et la formation, comme je disais tout à l’heure, j’ai formé des gens et au final, ils ont fini par me surprendre. Parce qu’il y a quand même, pour ce qui est du Maroc, je parle de mon expérience, il y a une culture tailoring d’élégance qui est là. Les mariages, beaucoup d’événements sont extrêmement codifiés. Donc il y a une connaissance. On a la chance d’avoir des tapissiers, d’avoir plusieurs, « Maâlems », qui savent répondre aux demandes de leurs clients. Ce qui n’est pas le cas de tous les pays. Donc il y a tellement ça ancré dans la culture marocaine que finalement, former au tailoring, il n’y a qu’un pas. Donc on ne peut pas dire que je me suis retrouvé dans l’endroit le plus complexe pour former. Au contraire, dans mes échanges, on m’apporte beaucoup d’idées et ça m’aide énormément au quotidien, tous les jours. Donc c’est vraiment un travail d’équipe.

Le7tv:  Les clients de « Banzola Collection » sont très exigeants, c’est pour cela qu’ils choisissent la possibilité de personnaliser leurs vêtements jusque dans les moindres détails. Quels éléments de personnalisation sont les plus demandés et pourquoi, selon vous ?

Fedrico Banzola: Le premier élément, c’est la personnalisation dans la matière. Chez Banzola, avec les années, beaucoup de grandes maisons de tissus nous ont fait confiance. On en est d’ailleurs les distributeurs exclusifs au Maroc, comme la maison Scabal par exemple, qui est une merveilleuse maison en Belgique, une très grande maison de tissus. Il y en a d’autres, Vitale Barberis Canonico, Delfino. On travaille avec les principaux. Et la première exigence, c’est le tissu, puisque c’est la matière qui va faire vivre le vêtement. Et de par nos exclusivités, s’il y avait une exigence première, c’est celle-ci. Ensuite, il y a des petites particularités qui va plus cet attrait dans la pure mesure par rapport au fait que chaque vêtement est unique, tout autant que le client. Donc, il y a une précision qui est demandée dans la prise de mesure et dans le résultat à la mesure. C’est une des originalités chez Banzola. On a, un peu comme un restaurant, la cuisine que vous voyez derrière moi…La cuisine, vous voyez, le lapsus…l’atelier est dans la boutique. Donc c’est une particularité, et ce qui nous permet de répondre très rapidement aux exigences de nos clients.

Le7tv:  Quels sont vos projets futurs au Maroc ? Envisagez-vous de vous étendre à d’autres villes ou marchés internationaux ?

Fedrico Banzola: Totalement, c’est déjà en cours sur certains aspects. On travaille avec une plateforme, qui s’appelle « Medinale », c’est une démarche d’un jeune homme d’origine marocaine qui s’est installé au Middle East, et qui, par une plateforme d’achat souhaite proposer plusieurs maisons marocaines donc il y a cafetan il y a beaucoup de d’artisans marocains dont nous puisque on est une maison Maroco-Française, puisque la maison est née ici. Donc à partir de là, cette plateforme-là nous a choisis, et on est dessus, on a déjà démarré le travail, on est à quelques jours de l’ouverture sur leur site, qui est proposé au Middle-East et aux Etats-Unis, donc on est en train d’y travailler, et quant à ouvrir d’autres points d’ordre, mais tout à fait, on y travaille très dur, c’est pour ça qu’on a développé une chaîne de montage au Maroc, afin de pouvoir répondre à d’autres ouvertures et d’autres boutiques dans d’autres villes.

La rédaction/Le7tv (Federico Banzola a été interviewé par Abderrazzak Boussaid)