Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports (MENPS), a tenu, vendredi 6 septembre 2024, au siège de la Fondation Mohammed VI de Promotion des Œuvres Sociales de l’Éducation-Formation à Rabat, une conférence de presse dédiée à informer l’opinion publique des nouveautés et des données les plus importantes qui caractérisent la rentrée scolaire 2024-2025, à la lumière de la mise en œuvre de la feuille de route de la réforme éducative 2022-2026.
La rentrée scolaire 2024-2025 représente une étape importante dans la mise en œuvre de la feuille de route, qui porte la dynamique de transformation de l’école publique. Grâce à la mobilisation des inspecteurs et enseignants engagés, formés et acteurs de l’amélioration des contenus pédagogiques, appuyés par des directeurs d’écoles et leurs équipes mobilisés, soutenus par des moyens matériels et numériques assurés par l’État, l’expérimentation du modèle « école pionnière » a donné des résultats prometteurs, permettant d’entamer cette année l’extension et l’institutionnalisation du nouveau modèle d’école publique.
Ainsi, au primaire, l’extension se fera à raison de 2.000 écoles supplémentaires par an. Plus de 1.300 000 élèves seront concernés pour cette rentrée, soit 30 % des élèves du primaire, et près de 45.000 enseignants formés et engagés. Une nouvelle expérimentation débute pour le cycle secondaire : sur la base du volontariat de l’équipe pédagogique, 232 collèges ont été sélectionnés, répartis dans toutes les provinces du pays, pour mener l’expérimentation du modèle « collège pionnier » durant l’année scolaire 2023-2024. Ce modèle représente près de 10 % des collèges du Royaume, soit environ 200.000 élèves, avec 7.000 enseignants impliqués et 800 inspecteurs couvrant la majorité des disciplines, ainsi que le champ de l’orientation scolaire et de l’action psychosociale.
À ce jour, 37.000 salles de classe ont été équipées de rétroprojecteurs, 50.000 ordinateurs portables ont été alloués aux enseignants, et 370 millions de dirhams ont été dédiés au financement des PEI (projet d’établissement intégré), dans le cadre des projets d’écoles et de collèges pionniers.
Il convient de souligner que, dans le cadre de la démarche expérimentale adoptée et dans un esprit de transparence, plusieurs évaluations ont été initiées durant l’année scolaire 2023-2024, en collaboration avec des partenaires indépendants, pour mesurer objectivement les effets de l’école pionnière.
- Une première évaluation a été conduite par l’association Sanady pour vérifier l’impact du programme de remédiation TARL (Teaching at the Right Level), démontrant un impact important sur les savoirs fondamentaux dans les trois matières et pour tous les niveaux scolaires.
- Une deuxième évaluation de perception qualitative a été réalisée par l’Observatoire National du Développement Humain (ONDH) auprès des enseignants et des acteurs impliqués dans les écoles pionnières, témoignant d’une réelle dynamique de transformation et d’engagement des acteurs.
- Une troisième évaluation a été menée par l’Instance Nationale d’Évaluation (INE), rattachée au Conseil Supérieur de l’Éducation, pour mesurer la performance des établissements pionniers. À partir de l’évaluation de performance, à la fois interne (MENPS) et externe (CSEFRS-INE), le MENPS statuera, via sa commission de labellisation, sur les établissements qui seront labellisés « École Pionnière » et ceux qui devront introduire des ajustements supplémentaires pour être éligibles à ce label.
- Enfin, une quatrième évaluation a été conduite par le centre de recherche fruit du partenariat entre l’UM6P et J-PAL, affilié à l’université américaine MIT et fondé par deux prix Nobel d’Économie (Esther Duflo et Abhijit Banerjee). Cette évaluation vise à quantifier l’impact sur les apprentissages des élèves. Les résultats préliminaires révèlent un impact positif des écoles pionnières sur les apprentissages. La publication des résultats définitifs est prévue pour mi-septembre 2024.
Afin de pérenniser les résultats prometteurs du projet « école pionnière », désormais confronté au défi de sa généralisation et de son amélioration, et pour mener à bien l’expérimentation du modèle « collège pionnier », le MENPS a conduit un vaste chantier visant à assurer l’institutionnalisation des efforts, de l’engagement et des résultats des équipes sur le terrain : enseignants, inspecteurs, directeurs, équipes managériales des échelons provinciaux, régionaux et centraux.
Cette institutionnalisation repose sur cinq piliers :
- Une formation initiale et continue des enseignants, revue et réajustée pour tenir compte des besoins opérationnels d’implémentation de la feuille de route.
- Un nouveau statut des enseignants, plus motivant, qui améliore la gestion de carrière, règle les nombreux dossiers en suspens depuis plusieurs années et améliore les conditions de travail. La totalité des « ex-cadres des AREF », ou appelés « contractuels », ont tous été titularisés fonctionnaires de l’Éducation nationale.
- L’adoption d’un nouvel organigramme du MENPS pour assurer l’alignement stratégique avec la transformation de l’école, en remplacement de l’architecture de 2002.
- La mise en place des organes garants de la qualité du contenu pédagogique : la commission permanente chargée du renouvellement et de l’adaptation des curricula, présidée par Mohamed Sghir Janjar, a été mise en place en février 2024. Elle aura pour mission cette année d’étudier le contenu pédagogique des établissements pionniers et de soumettre son avis au MENPS. L’Institut du Professorat, pour assurer la qualité et la pertinence de la formation continue des enseignants, sera également mis en place. Cette institution développera des modules nationaux de référence validés par des experts internationaux reconnus, en recentrant la formation sur les pratiques et l’impact en classe.
- L’adaptation du cadre juridique, sur la base des priorités de la feuille de route, pour assurer la mise en œuvre des dispositions de la loi-cadre 51-17 et des priorités de la feuille de route 2022-2026.
La rédaction/Le7tv