Le marché mondial du pétrole et du gaz traverse une période de turbulence sans précédent. Les prix du pétrole ont atteint mardi leur plus bas niveau depuis huit mois, suscitant des inquiétudes croissantes quant à un déséquilibre fondamental entre une demande atone et une offre susceptible de croître. Le baril de Brent, référence européenne, a chuté de 4,86 %, atteignant 73,75 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI), son équivalent américain, a baissé de 4,36 %, frôlant la barre symbolique des 70 dollars.
Cette chute brutale des prix trouve son origine dans une combinaison de facteurs économiques mondiaux. Des données macroéconomiques chinoises inquiétantes témoignent d’une conjoncture toujours anémique, tandis que les États-Unis continuent d’afficher une activité industrielle en contraction. Ce contexte morose pour les deux plus grandes économies du monde exerce une pression considérable sur les produits pétroliers raffinés, forçant les raffineries à ralentir leur production. Ce phénomène, exacerbé par la fin de la saison estivale dans l’hémisphère nord, a contribué à une baisse des prix de gros de l’essence et du gazole.
L’annonce d’un redémarrage imminent de la production pétrolière en Libye a également accéléré la vente de pétrole sur les marchés internationaux, contribuant à cette dégringolade des prix.
Impact dévastateur sur l’économie Algérienne:
Pour l’Algérie, cette chute des prix du gaz et du pétrole représente une menace existentielle. Le pays dépend à près de 96 % de ses revenus pétroliers pour financer son économie, son budget et ses programmes sociaux. Cette dépendance excessive à l’égard des hydrocarbures a longtemps été un talon d’Achille pour l’Algérie, et la récente baisse des prix accentue encore la fragilité de son économie, déjà mise à mal par une mauvaise gestion et une instabilité politique persistante.
En effet, les prix du pétrole et du gaz constituent le principal levier de croissance économique du pays. Les recettes des hydrocarbures alimentent le budget de l’État, financent les subventions massives des produits de première nécessité et permettent de maintenir un certain équilibre social. La chute des prix réduit donc considérablement les revenus de l’Algérie, entraînant une pression accrue sur les finances publiques.
Face à cette situation, l’Algérie se trouve confrontée à un dilemme majeur. Son économie est prise au piège de la « malédiction des ressources naturelles, » où la dépendance aux matières premières l’empêche de diversifier ses sources de revenus. Les tentatives passées de diversifier l’économie ont échoué, laissant le pays vulnérable aux fluctuations des marchés internationaux des hydrocarbures. L’effondrement des prix a donc des conséquences immédiates : une baisse des réserves de change, un déficit budgétaire qui se creuse, et un risque accru de crise économique profonde.
Une alerte pour la Junte Militaire au pouvoir:
La situation est d’autant plus préoccupante que la junte militaire au pouvoir en Algérie se trouve désormais confrontée à une réalité économique désastreuse. Avec une baisse prolongée des recettes pétrolières, les fonds destinés aux programmes sociaux, aux infrastructures et à l’appareil sécuritaire risquent de se tarir, ce qui pourrait entraîner un mécontentement social accru et un risque de déstabilisation interne.
Le régime algérien, qui s’est longtemps reposé sur la manne pétrolière pour acheter la paix sociale, se retrouve aujourd’hui dans une position délicate. La chute des prix pourrait forcer le gouvernement à réduire les subventions, un scénario qui risquerait de provoquer des mouvements de contestation à grande échelle dans un pays déjà en proie à des tensions sociales et politiques.
Abderrazzak Boussaid/Le7tv