L’inquiétude d’un conflit ouvert entre l’Iran et Israël se concrétise. Des drones ont été lancés par l’Iran «depuis son territoire» sur Israël ce samedi 13 avril dans la soirée, a annoncé le porte-parole de l’armée israélienne. Peu après, le régime iranien a confirmé dans un communiqué à la télévision d’Etat avoir tiré «des centaines de drones et de missiles» sur des «cibles spécifiques à l’intérieur des territoires occupés».
Les cibles des engins, qui ne seront pas atteintes avant plusieurs heures, sont encore inconnues. En attendant, l’armée israélienne dit œuvrer avec les Etats-Unis à «intercepter» les drones avant leur arrivée.
Selon la chaîne de télévision israélienne Canal 12, citée par Reuters, l’Iran aurait lancé environ une centaine de drones et missiles de croisière. Certains auraient déjà été abattus en survolant l’espace aérien de la Syrie et de la Jordanie. Amman a d’ailleurs activé l’Etat d’urgence face à cette menace.
Mais selon la Maison blanche, l’attaque risque de durer «plusieurs heures». D’autres engins pourraient être lancés par des alliés de l’Iran, comme le Hezbollah libanais.
Peu avant, l’Etat hébreu avait annoncé relever le niveau d’alerte sur son territoire, fermant notamment les établissements scolaires, face à la crainte d’une attaque iranienne et après une journée de tensions autour de la saisie d’un navire par les Gardiens de la révolution iraniens. Israël a aussi décidé de fermer son espace aérien.
«Les systèmes de défense et d’attaque de l’armée de l’air sont en alerte et des dizaines d’avions patrouillent dans le ciel, préparés et prêts […] Nous disposons d’un excellent système de défense aérienne, mais la défense n’est pas hermétique», a prévenu dans la journée le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari.
Dans une allocution télévisée ce samedi soir tard, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a martelé que «ces dernières années, et plus encore ces dernières semaines, Israël s’est préparé à l’éventualité d’une attaque directe de l’Iran. Nos systèmes de défense sont déployés, nous sommes préparés à tous les scénarios, tant sur le plan défensif qu’offensif». Le chef de l’Etat hébreu a ensuite tenu à rappeler «un principe clair : quiconque nous porte atteinte, nous lui porterons atteinte».
Fait inhabituel, Joe Biden avait décidé quelques heures plus tôt d’écourter son séjour dans sa résidence balnéaire du Delaware, afin de rentrer en urgence à Washington. Le président américain «retourne à la Maison Blanche pour consulter son équipe de sécurité nationale sur les événements au Moyen-Orient», a annoncé son équipe dans un message diffusé à la presse ce samedi en début de soirée, sans donner plus de précisions.
Tout en mettant en garde l’Iran, les Etats-Unis, alliés historiques d’Israël, avaient annoncé vendredi leur volonté de déployer des «moyens supplémentaires» au Moyen-Orient afin de «soutenir les efforts de dissuasion régionale et accroître la protection des forces américaines», sans toutefois préciser la nature de ces renforts.
Face à cette situation volatile, Israël a décidé de suspendre «les activités d’enseignement, les voyages et les sorties» scolaires et périscolaires. Dans le cadre de ces restrictions, l’accueil en centre aéré et les excursions seront également annulés. En outre, les rassemblements seront limités à 1 000 personnes au maximum, alors que la fête juive de Pessah doit commencer lundi 22 avril. La jauge sera encore plus restreinte dans les régions frontalières du pays, où les plages seront fermées.
Voisine d’Israël, la Jordanie a annoncé ce samedi soir la fermeture de son espace aérien «à tous les avions à l’arrivée, au départ et en transit […] pendant les prochaines heures», selon un message publié sur X (ex-Twitter) par l’agence d’informations d’Etat Al Mamlaka. L’Irak a fait de même peu après.
Les Pays-Bas ont fermé leur ambassade en Iran, tandis que la France, l’Allemagne et les Etats-Unis ont appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre en Iran. La compagnie allemande Lufthansa et sa filiale autrichienne Austrian Airlines ont suspendu leurs vols de et vers la capitale iranienne.
Dans un message publié samedi soir sur les réseaux sociaux, Reza Pahlavi, fils du chah déchu, a «averti le chef du régime [l’ayatollah Khamenei] de cesser d’être stupide et de ne pas entraîner l’Iran dans l’abîme de la guerre». Le prince vivant en exil aux Etats-Unis a aussi lancé un appel aux «forces militaires et de sécurité qui sont fidèles à l’Iran» afin de «s’opposer à la folie apocalyptique de Khamenei».
La rédaction/Le7tv