Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, accompagné de SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan, de SAR le Prince Moulay Rachid et de SA le Prince Moulay Ismail, a présidé, jeudi au Palais Royal à Casablanca, la quatrième causerie religieuse du mois sacré de Ramadan.
Cette causerie a été animée par M. El Khammar El Bakkali, membre du Conseil Marocain des Oulémas pour l’Europe, sous le thème « Les fondements légaux pour la construction de modes de coexistence humaine ».
Le conférencier a, de prime abord, expliqué que la coexistence renvoie aux liens tissés entre l’ensemble des composantes de la société sur la base de la bienveillance et du respect, en tenant compte des intérêts des individus et des collectivités. Cette notion, a-t-il dit, est désignée aujourd’hui par le concept de la citoyenneté partagée qui requiert le respect des spécificités culturelles, religieuses et ethniques, en tant que prérequis indispensables pour la paix et la coopération.
La cohabitation que prônent les sages est celle qui émane de la volonté partagée de faire valoir les valeurs islamiques communes qui servent l’humanité toute entière, a-t-il souligné, estimant que la coexistence se cristallise autour de l’intérêt général que les calculs personnels étriqués tendent à occulter soit par ignorance, soit par tyrannie.
« C’est pourquoi, au sein du Conseil marocain des oulémas pour l’Europe, nous avons toujours considéré que notre premier devoir était d’expliquer aux Musulmans les principes de la cohabitation en Islam et de les encourager à les suivre », a-t-il noté.
En ce qui concerne la tyrannie, y compris le déni de la vérité et l’évitement de celle-ci, elle fait partie des grandes questions politiques pour lesquelles l’Homme cherche toujours à trouver l’équilibre nécessaire. Étant donné que ceux confrontés à ce dilemme cherchent à établir des règles universelles de droits, il est bénéfique pour eux de promouvoir la compréhension mutuelle entre les peuples de différentes religions sur cette question, a fait observer l’orateur.
Dans le même sillage, il a relevé que quelles que soient les divergences entre les peuples du globe ou les pays, il importe de les gérer en se focalisant sur les points communs qui les rassemblent dans tous les domaines, aussi nombreux soient-ils. Ces similitudes prennent en considération les convictions communément admises dans le cercle de la liberté et qui sont sacrées dans toutes les religions. C’est la raison pour laquelle l’Islam a prohibé la contrainte et autorisé la discussion de la meilleure façon possible, c’est-à-dire de manière appropriée, dans les circonstances adéquates et avec l’interlocuteur approprié.
Le conférencier a, dans ce cadre, identifié sept fondements légaux pour la construction des aspects de la coexistence, en l’occurrence la fraternité, la connaissance mutuelle, la communication, la considération réciproque, la tolérance, la vertu et la justice.
Sous cet angle, M. El Bekkali a précisé que les valeurs de la coexistence se traduisent dans le domaine des relations internationales par la paix et la bonne conduite, ainsi que dans les relations commerciales entre les individus, les Etats et les peuples et les relations familiales.
Il a à cet égard fait observer que les espaces d’entente et de coopération sont beaucoup plus larges que ne le croient ceux qui, par ignorance des finalités de la Charia, se cantonnent dans des lectures tronquées.
Il a toutefois indiqué que si la coexistence est requise et dispose de vastes domaines, le musulman se doit d’observer une série de prescriptions en la matière, afin que cette valeur magnifiée par l’Islam ne devienne pas synonyme d’absurdité, de perversité et de déliquescence.
Parmi ces prescriptions, il a signalé que la coexistence ne doit porter préjudice ni à l’un des fondements de la foi, ni à l’un des cultes imposés par des textes catégoriques.
Cette coexistence ne doit pas, non plus, autoriser ce qui est illicite ou être aux antipodes des textes clairs de la Charia et des avis unanimes catégoriques des musulmans en tout temps et en tout lieu, a-t-il dit, notant qu’elle ne doit pas être également préjudiciable à la communauté des musulmans.
Sur un autre plan, l’orateur a mis en avant le rôle primordial du Conseil marocain des oulémas pour l’Europe, mettant l’accent sur les efforts qu’il déploie pour faire des Marocains établis en Europe un exemple des valeurs de leur religion et des principes de leur pays, conformément aux normes et lois en vigueur dans leurs pays d’accueil.
Le Conseil, a-t-il ajouté, s’engage à promouvoir une conscience pratique et réaliste en diffusant les valeurs humaines communes et en renforçant l’encadrement religieux de la communauté marocaine résidant à l’étranger, tout en favorisant une bonne compréhension de la religion pour tous les groupes d’âge, hommes et femmes confondus.
Le conférencier a en outre souligné les succès tangibles du Conseil dans ce domaine, notamment auprès de la jeune génération, qui s’investit dans la mémorisation du Saint Coran, la compréhension des sciences islamiques et la promotion des valeurs religieuses. Il a aussi mis l’accent sur le rôle des mosquées marocaines en Europe qui ne se limitent pas à la prière mais visent également à encourager une participation active à l’éducation et à l’orientation vers la bonne conduite.
M. El Bekkali a également mis en avant les bonnes relations du Conseil avec les autorités locales, basées sur la coopération au service de l’intérêt général et du respect mutuel, offrant ainsi de nombreux avantages nécessaires à la vie et à la pratique religieuse des membres de la communauté marocaine.
Sur le registre de l’encadrement religieux, le conférencier a insisté sur l’engagement du Conseil à promouvoir le modèle religieux marocain authentique et à établir des relations de coopération avec d’autres communautés musulmanes.
Et de conclure que le Conseil s’efforce, de même, de renforcer la communication et la coopération avec les représentants d’autres religions, en organisant des rencontres intellectuelles et des débats dans un cadre empreint de respect mutuel et de collaboration avec les acteurs de la société civile.
Au terme de cette causerie, Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, a été salué par Pr. Koutoub Sano, Secrétaire général de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique (Guinée), Mohamed Koraichi Niass, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains au Sénégal, Cheikh Aziz Hasanovic, Grand mufti de Zagreb et Président de la Communauté islamique en Croatie, Cheikh Boubacar Doukouré, Président honoraire de la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains au Burkina Fasso et Conseiller du président de la République pour les affaires culturelles et islamiques, Mohammed Ridawi Ben Mohamed Ibrahim, Président de l’Association des Ouléma du Sri Lanka et Pr. Amine Safieddine Charif, un alem de Libye.
Le Souverain a été salué également par Pr. Ismail Ibrahim Kroma, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains au Sierra Leone, Pr. Abdoulhakim Mohamed Chakir, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains aux Iles Comores, Pr. Tani Abderrahim Chit, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains au Bénin, Pr. Issa Ntabola, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Oulémas africain au Burundi, Pr. Mohamed Ilias Maroual, président de l’Association des diplômés des universités marocaines en Indonésie et Pr. Salih Ibrahim, président de la section de la Fondation Mohammed VI des Ouléma africains en Ouganda.
A la fin de cette quatrième causerie, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a présenté à Sa Majesté le Roi, Amir Al Mouminine, un support électronique comprenant les enregistrements des causeries religieuses animées devant le Souverain de 1420 H/1999 G à 1444H/2023 G.
La rédaction /Le7tv