L’ONG de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), a condamné « fermement » les violences policières visant les journalistes lors des manifestations contre la très controversée réforme des retraites.
« Depuis l’adoption de la réforme des retraites le 16 mars 2023, plusieurs journalistes couvrant des manifestations ont été victimes de comportements violents des forces de l’ordre, voire de mesures abusives, comme des gardes à vue injustifiées », a souligné RSF dans un communiqué publié vendredi.
Des incidents ont été signalés à Paris et dans plusieurs villes, et dans chacun des cas recensés et vérifiés par RSF, les journalistes étaient clairement identifiés « Presse », a ajouté l’Organisation non gouvernementale.
Cité dans le communiqué, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a indiqué que l’absence de déclaration préalable des rassemblements de protestation n’excuse en rien les entraves arbitraires visant les reporters qui couvrent les manifestations et les agressions policières à leur encontre.
« RSF condamne fermement cette nouvelle série de violences et de mesures policières abusives et demande au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de rappeler aux forces de l’ordre leur obligation de respecter le droit des journalistes et de les protéger, conformément aux dispositions prévues par le Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) », a-t-il ajouté.
Les différents incidents signalés vont à l’encontre du SNMO qui prévoit que « la présence des journalistes lors des manifestations revêt une importance primordiale », a noté l’ONG. Elle « permet de rendre compte des opinions et revendications des manifestants (…) ainsi que de l’intervention des autorités publiques et des forces de l’ordre” , a-t-elle poursuivi.
Et de préciser que ce nouveau schéma de maintien de l’ordre avait été adopté par le ministère de l’Intérieur en décembre 2021 après consultations avec les représentants des journalistes et RSF, expliquant qu’afin que les reporters puissent bénéficier de leurs droits spécifiques et de la protection par les autorités sur le terrain, ils doivent pouvoir s’identifier auprès des forces de l’ordre par la carte de presse française ou la carte de presse internationale ou par une attestation normalisée.
Pour rappel, le projet de réforme controversée des retraites, qui prévoit notamment le recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, a été adopté sans vote, grâce à l’article 49.3 de la Constitution qui permet au gouvernement d’engager sa responsabilité pour faire passer un texte de loi en cas d’absence de la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Deux motions de censure pour faire tomber l’Exécutif, s’en sont suivies, mais n’ont pas pu recueillir le nombre de voix suffisant. L’opposition et les syndicats, de leur côté, ne lâchent pas.
Alors que les grèves reconductibles se poursuivent depuis le 7 mars dans toute la France, l’intersyndicale, réunissant les principaux syndicats du pays, a annoncé, jeudi, au terme de la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, une nouvelle journée de grèves et de manifestations pour le mardi 28 mars.