Les opérations d’endoctrinement pour commettre des attentats terroristes sont passées des moyens classiques à l’extrémisme rapide par manipulation via Internet, a souligné, vendredi à Salé, le porte-parole de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Boubker Sabik.
S’exprimant lors d’un point de presse, consacré à jeter la lumière sur les développements de l’affaire de l’homicide volontaire avec mutilation du corps contre un policier en exercice de ses fonctions, M. Sabik a indiqué que le terrorisme « est passé des moyens classiques qui reposaient sur l’endoctrinement, le tri, l’éducation, la préparation, puis l’enrôlement pour mener des opérations terroristes, à un extrémisme rapide à travers la manipulation via Internet et le dark web ».
La plus grande menace est désormais l’extrémisme rapide et le retour supposé des membres des organisations terroristes opérant dans la région du Sahel et d’autres bastions de « Daech », ajouté M. Sabik, mettant l’accent sur l’arrestation, ces dernières années, d’environ 100 personnes qui étaient actives dans le cadre du soi-disant « terrorisme de l’information » à travers la diffusion de propagande pour glorifier les opérations terroristes, l’endoctrinement et l’enrôlement.
Ainsi, a-t-il poursuivi en réponse aux questions des journalistes, les services de sécurité oeuvrent avec succès au niveau cybernétique pour lutter contre cet « environnement propice à la production de ce genre d’endoctrinement rapide ».
Les trois auteurs présumés de l’homicide volontaire avec mutilation du corps d’un policier à Casablanca ont annoncé leur allégeance à l’organisation terroriste « Daech » il y a environ un mois et demi avant de passer à l’acte terroriste, a détaillé M. Sabik.
Concernant la mutilation du cadavre du policier, il a indiqué que les groupes terroristes tentent de commettre des crimes qui suscitent une grande résonance et un élan médiatique pour atteindre leur objectif premier d’intimidation visant à saper les piliers de l’ordre public, niant le caractère personnel du crime et soulignant que le policier, contrairement à ce qui a été relayé, a été victime de cet acte terroriste sur le lieu de son travail.
Dans ce sens, M. Sabik a relevé que ces extrémistes n’ont pas documenté leurs actes odieux parce qu’ils attendaient de le faire pendant leurs opérations majeures imminentes de ciblage des banques pour obtenir des revenus criminels afin de mener des opérations terroristes qualitatives spécifiques.
Les dangers de la menace terroriste demeurent toujours existants, étant donné que l’environnement régional du Maroc est caractérisé par un ensemble de perturbations, en particulier dans la région sahélo-saharienne, a-t-il dit, précisant que les services de sécurité s’attaquent à ces menaces dans une logique de « tolérance zéro ».
M. Sabik a souligné que grâce aux efforts des différents services de sécurité, les menaces terroristes ont été neutralisées ces dernières années.
A cet égard, le porte-parole de la DGSN a indiqué que le repli de « Daech » et d’Al-Qaïda dans leurs fiefs traditionnels s’est traduit par les soi-disant « pôles régionaux », qui se sont déplacés vers certaines zones marquées par un faible niveau de sécurité, comme le Sahel et le Sahara, où s’activent des organisations terroristes telles que l’État islamique dans la région du Grand Sahara et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), en plus d’organisations typiques affiliées à «Daech» et «Al -Qaïda » et d’autres organisations actives dans la région.
Par ailleurs, M. Sabik a exprimé ses regrets qu’un média étranger ait diffusé une déclaration d’Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef d’al-Qaïda dans la région du Sahel et du Sahara, dans laquelle il menaçait directement les pays africains, soulignant que ce fait « nous a poussés à traiter cette menace avec grande prudence ».
Il a ajouté que l’engagement du Maroc dans les efforts internationaux visant à combattre et à neutraliser les risques liés aux menaces terroristes expose le Royaume à une double menace, à savoir ; la menace extérieure internationale, puisque les organisations terroristes ont émis un certain nombre de fatwas incitant à attaquer le Maroc, et la menace intérieure représentée par les cellules qui opèrent localement.
Le Royaume, représenté par divers services de sécurité, et à leur tête la Direction Générale de la Surveillance du Territoire national (DGST), a prêté assistance à de nombreux pays de la région sahélo-saharienne, a soutenu M. Sabik, notant que la menace d’Abou Walid Al-Sahraoui a été neutralisée sur la base d’informations fournies par les services de sécurité marocains, qui ont également fourni un ensemble de données, au niveau du continent africain ayant permis de déjouer de nombreux projets terroristes.
En ce qui concerne l’éventuel retour des terroristes et des combattants des foyers de tension, M. Sabik a souligné qu’il s’agit d’une tâche ardue d’autant plus que certains parmi eux ont participé à des opérations de combat ou occupé des postes de direction au sein d’organisations terroristes, ou étaient émirs d’une division, membres d’organes de décision, juges de la charia ou membres de brigades, y compris des Marocains.
A cet égard, il a indiqué qu’une des opérations de sécurité dite « Opération Tamaris » a révélé la présence de combattants qui s’apprêtaient à mener des opérations terroristes sous-marines pour frapper des cibles liées à la navigation maritime.
L’éventuel retour de ces combattants, en plus des enfants nés à l’étranger, constitue un défi sécuritaire majeur, a-t-il poursuivi, notant que certains d’entre eux tentent de s’infiltrer sous de fausses identités, d’où la nécessité de la vigilance sécuritaire pour neutraliser ces risques liés au retour des combattants.
M. Sabik a affirmé, par ailleurs, que la DGSN ne ménagera aucun effort pour protéger ses employés, indiquant que les services de sécurité ont adopté des armes alternatives pour assurer la sécurité de l’employé, et même du suspect, car le but est de neutraliser le danger dans le cadre de la loi.
Sur le plan pédagogique, le porte-parole a fait noter que la DGSN, en coordination avec le ministère de l’Éducation nationale, a lancé ces dernières années des campagnes de sensibilisation sur les dangers du terrorisme dans le milieu scolaire, soulignant que la « Revue de la police » consacre également des spots de sensibilisation destinés aux élèves et aux jeunes pour renforcer leur auto-immunité contre le mauvais usage d’Internet.
La rédaction /Le7tv