Saad Lamjarred, 37 ans, est jugé depuis lundi devant la cour d’assises de Paris, accusé d’avoir violé et frappé dans une chambre d’hôtel une jeune femme (Laura Prioul) qu’il avait rencontrée en boîte de nuit, en marge d’un concert prévu dans la capitale en 2016. Il conteste les faits.
Cependant, le chanteur, adulé au Maroc et connu dans tout le monde arabe, a aussi été accusé de viols à New York, Casablanca et Saint-Tropez. Dans cette dernière affaire, il a été renvoyé devant la cour d’assises du Var pour viol, selon un arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence datant de novembre 2021 que l’avocat général Jean-Christophe Muller – qui représente l’accusation à Paris – a fait verser aux débats mardi soir. La date du procès n’est pas encore connue.
Quand le document avait été distribué à l’audience, l’un des avocats de Saad Lamjarred l’avait jeté au sol, furibond. Cet arrêt est effectivement très embarrassant pour le chanteur, tant les faits reprochés ressemblent à ceux jugés à Paris. Dans l’affaire de Saint-Tropez, la plaignante avait déclaré aux enquêteurs avoir rencontré Saad Lamjarred dans une célèbre boîte de nuit. Elle l’avait plus tard suivi à son hôtel, seulement dans l’intention d’y boire un verre, selon elle.
Quand Saad Lamjarred a essayé de l’embrasser et qu’elle a refusé, «son visage a changé», avait-elle déclaré aux enquêteurs. Il l’aurait alors brutalement poussée sur le lit et se serait couché sur elle en lui maintenant les poignets, l’aurait déshabillée et lui aurait imposé un rapport sexuel. Elle, «tétanisée», s’était sentie «incapable de lui résister physiquement».
Elle avait appelé une amie pour lui demander de venir la chercher. Cette amie l’avait retrouvée «choquée», le «regard vide», et un employé de l’hôtel avait décrit une femme «anéantie», qui «tremble et sanglote». Saad Lamjarred a lui affirmé que ce rapport sexuel était consenti, et que la jeune femme avait «beaucoup» apprécié.
Dans le téléphone du chanteur, les enquêteurs avaient trouvé un message d’une autre jeune femme parlant de violences. Entendue, elle avait elle aussi dénoncé des faits de viol dans des circonstances similaires.
Des journalistes suivant le procès devant la Cour d’assises de Paris ont révélé mercredi matin que la justice avait ordonné la convocation d’une autre plaignante franco-marocaine, qui accuse Saad Lamjarred de faits similaires, à Casablanca dans son appartement personnel.
Dénommée Alexandra A., la plaignante, qui a été citée à comparaitre dans ce procès, avait initialement accepté de témoigner et de livrer sa version des faits avant de se désister dans un email dans lequel elle expliquait que ses parents désapprouvaient cette démarche.
La présidente de la Cour a insisté pour qu’elle témoigne cet après-midi. Aujourd’hui résident à Lyon, la jeune femme a témoigné par visio-conférence depuis le palais de justice de sa ville de résidence.
Pour préserver son identité et qu’elle puisse s’exprimer librement, la présidente a ordonné que son témoignage se fasse à huis clos partiel, sans la présence de journalistes et du public. Seuls les avocats des deux parties, le jury et la présidente ont assisté au témoignage.
Pour rappel, lorsque l’affaire de Laura P. a été médiatisée, la jeune femme a publié une vidéo sur Youtube racontant son histoire et appelant les autres « victimes » à témoigner. C’est dans le sillage de cette affaire qu’Alexandra A. a déposé plainte en novembre 2016, une année après les faits qu’elle reproche au prévenu, avant de la retirer en décembre de la même année.
La rédaction /Le7tv