Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en janvier 2023, a lâché 2,40%, pour clôturer à 87,62 dollars. En dix jours, le Brent a perdu plus de 11%. Quant au baril de West Texas Intermediate américain, avec échéance en décembre, il a cédé 1,91%, à 80,08 dollars. En séance, le WTI avait reculé jusqu’à 77,24 dollars, non loin du plus bas depuis janvier enregistré en septembre (76,25 dollars).
Le marché garde en tête « la préoccupation liée à la demande » chinoise, sur fond de flambée des cas de coronavirus, « qui rendent peu probable l’allégement des restrictions sanitaires« , ont indiqué les analystes de Commerzbank.
La Commission nationale de la santé (NHC) a fait état vendredi d’un nouveau sommet depuis fin avril, avec 22.991 nouveaux cas. Le rythme de contagion a plus que doublé en une semaine.
Pour Phil Flynn, de Price Futures Group, les opérateurs s’inquiètent, plus largement, d’un ralentissement de la demande provoqué par le resserrement monétaire brutal de la banque centrale américaine (Fed). La psychose est telle que le marché de l’or noir est passé vendredi en situation dite de contango.
Cela signifie que le prix payé pour du pétrole livrable à une date ultérieure est supérieur au tarif pour livraison immédiate. Le phénomène traduit généralement un déséquilibre du marché à court terme, dû à une demande affaibli ou une offre trop abondante.
Vendredi, le prix du contrat de WTI pour livraison en mars 2023 est ainsi passé au-dessus de celui avec échéance en décembre prochain, une première depuis près de deux ans.
Pour Phil Flynn, outre la dégradation de l’économie, le décrochage du brut s’explique aussi par ce qui semble être un assouplissement des relations entre États-Unis et Arabie Saoudite.
Le gouvernement américain a fait valoir jeudi que le prince héritier d’Arabie Saoudite. Mohammed ben Salmane devrait bénéficier d’une immunité lui évitant des poursuites aux États-Unis pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
« Certains spéculent sur le fait que ce changement de politique est lié au pétrole« , a détaillé Phil Flynn, même si la Maison Blanche a assuré vendredi que cette décision n’avait « absolument rien à voir avec la relation bilatérale avec l’Arabie Saoudite.« .
Une partie des opérateurs tablent ainsi sur le fait qu’en contrepartie de l’ouverture de Washington, l’ Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses alliés de l’accord OPEP+ pourraient « relever leur production » lors de leur prochaine réunion, le 4 décembre.
Le cartel avait décidé, en octobre, de réduire sa production de deux millions de barils par jour à partir de novembre pour soutenir les cours.