Meknès : Un dirigeant de « Al Adl Wal Ihsane » incarcéré pour actes sexuels dans un lieu public et traite d’êtres humains !

Le juge d’instruction près la Cour d’appel de Meknès a ordonné, jeudi 3 novembre courant, l’incarcération à la prison locale d’un dirigeant du Mouvement islamiste « Al Adl Wal Ihsane », Mohamed Aârab Baâssou, premier responsable du mouvement pour la région de Fès-Meknès.

En plus de l’accusation d’adultère et d’actes sexuels dans un lieu public, Mohamed Baâssou risque des poursuites pour traite d’êtres humains.

Rappelons les faits : Mohamed Aârab Baâssou, a été arrêté en flagrant délit d’adultère en compagnie d’une femme à bord de sa voiture dans un quartier isolé de Meknès. Cela s’est passé le 31 octobre et l’arrestation du responsable de Al Adl Wal Ihsane et de sa compagne est survenue lors d’une ronde de routine d’une patrouille de la police.

Déférés devant le parquet près le tribunal de première instance, les deux prévenus ont été interrogés pour adultère et débauche. Mais, au fil de l’enquête, l’affaire a été renvoyée devant la Cour d’appel de Meknès, compte tenu de faits encore plus graves révélés aux enquêteurs.

Un petit rappel s’impose dans cette affaire qui secoue les rangs de la Jamaâ fondée par Abdeslam Yassine: le nom du responsable adliste, celui de sa femme et sa fonction n’ont à aucun moment été révélés par les médias ou par les enquêteurs. Ils l’ont été lors de plusieurs sit-in organisés dans certaines villes du Royaume par les adeptes d’Al Adl qui criaient au «coup monté» pour «salir la réputation» des leaders de la mouvance. Un nouvel épisode dans le long feuilleton de la victimisation, registre favori des orphelins de Yassine.

Sexe contre job : Mohamed Aârab Baâssou, qui traîne derrière lui une longue carrière de prédicateur, travaille comme responsable au service des ressources humaines à la direction régionale du ministère de l’Education nationale.

D’après le récit que nous avons pu recueillir, il a rencontré par hasard la femme interpellée avec lui, lundi dernier. Une femme divorcée avec enfants, vivant dans la précarité et surtout à la recherche d’un travail. Soit la «victime idéale» pour les prédateurs sexuels ayant une once de pouvoir ou d’autorité.

Mohamed Aârab Baâssou prend son CV, mais émet une seule condition: qu’elle couche avec lui. Devant les enquêteurs, la victime, parce que c’en est une, avoue qu’ils ont fait l’amour à quatre reprises. Le théâtre de leurs ébats est demeuré à chaque fois le même: la voiture du prédicateur qu’il stationnait dans des endroits isolés et peu fréquentés dans les quartiers à l’écart de la capitale ismaïlienne.

A chaque fois qu’elle le relançait pour le job promis, a-t-elle déclaré aux enquêteurs, il trouvait une nouvelle excuse pour atermoyer et continuer à abuser d’elle.

Que dit la loi? : Que dit la loi dans ce genre d’affaires? Le juge d’instruction près la Cour d’appel de Meknès va commencer l’audition des prévenus le 10 novembre prochain. Et peut décider, en conséquence, de poursuivre Mohamed Aârab Baâssou en vertu de la loi 27-14 relative à la traite des êtres humains promulguée par le Dahir royal 1-16-127 en date du 25 août 2016.

«On entend par traite des êtres humains, (…) le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, d’enlèvement, de fraude, de tromperie ou d’abus d’autorité, de fonction ou de pouvoir ou l’exploitation d’une situation de vulnérabilité, de besoin ou de précarité, ou par le fait de donner ou de percevoir des sommes d’argent ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre personne aux fins d’exploitation», lit-on dans cette loi.

La même loi précise par ailleurs ce que signifie l’exploitation pour le législateur. «L’exploitation comprend toutes les formes d’exploitation sexuelle, et notamment l’exploitation de la prostitution d’autrui ainsi que l’exploitation par le biais de la pornographie, y compris par les moyens de communication informatique», précise le texte de loi.

La traite des êtres humains est punie de 5 à 10 ans d’emprisonnement et d’une amende allant de 10.000 à 500.000 dirhams. Ces sanctions peuvent être aggravées pour atteindre une peine de prison de 10 à 20 ans assortie d’une amende de 100.000 à 1 million de dirhams dans plusieurs cas comme «lorsque l’auteur de l’infraction a pris l’habitude de la commettre».

En résumé: le responsable adliste aurait exploité la précarité de sa victime et abusé d’elle sexuellement, avec récidive. La loi est claire là-dessus et c’est à la justice de trancher.

En attendant, le leader et prédicateur adliste aura le temps de se remémorer l’un de ses plus célèbres prêches en langue amazighe intitulé «Les péchés et leurs impact sur les cœurs et les consciences».

La rédaction /Le7tv