La Tunisie, est-elle devenue un « protectorat » Algérien ?

La Tunisie est-elle devenue un « protectorat » algérien ? De nombreux observateurs se posent ouvertement cette question en relevant un alignement systématique des autorités tunisiennes sur les positions politiques ou diplomatiques préconisées par l’Algérie.

La Tunisie n’aurait jamais été aussi influencée, voire contrôlée par l’Algérie voisine qui est accusée de dicter l’agenda de l’actuel président tunisien Kaïs Saïed. Et pour arriver à ses fins, l’Algérie aurait utilisée l’arme du gaz et la fermeture des frontières terrestres. 

C’est du moins ce que relève à ce sujet le prestigieux quotidien français Le Monde qui a publié jeudi dernier une analyse sur l’évolution des relations algéro-tunisiennes :

« Pour le régime d’Alger, le domino tunisien est devenu d’autant plus stratégique que la nouvelle alliance entre le Maroc et Israël, scellée par la normalisation de décembre 2020, attisait sa hantise de l’encerclement par l’Ouest et par l’Est. Au fil des mois, la Tunisie au bord de la banqueroute financière a fini par accéder à certaines requêtes de l’Algérie, qui s’est montrée subitement plus généreuse, débloquant fin 2021 un prêt de 300 millions de dollars… », décrypte ainsi à ce propos l’analyse du quotidien Le Monde.

Mais au fil du temps, Kaïs Saïed commence à susciter les doutes et les appréhensions d’Alger notamment en raison des informations insistantes annonçant depuis 2021 le lancement d’un processus de normalisation des relations diplomatiques et politiques entre la Tunisie et Israël.

« Alger n’était apparemment pas totalement rassurée sur la loyauté de M. Saïed. Si les sympathies propalestiniennes du président tunisien ne font guère de doute, le risque de voir la fragile Tunisie céder finalement aux pressions régionales en faveur de la normalisation avec Israël était pris au sérieux par les Algériens.

« A Alger, on pense qu’il ne faut surtout pas laisser la Tunisie aller dans ce sens », rapporte un Tunisien s’étant récemment entretenu de ce sujet avec des officiels algériens. L’information rapportée en juin par le quotidien israélien Israel Hayom sur l’existence de « contacts diplomatiques entre la Tunisie et Israël » – non précisés – a conforté l’appréhension des Algériens », explique à ce sujet l’analyse du prestigieux quotidien français qui rapporte ensuite les manœuvres initiées par le régime algérien pour faire plier définitivement la Tunisie et la rallier une fois pour toute dans son camp.

Et ces manœuvres consistent à utiliser l’arme du gaz et la fermeture des frontières algéro-tunisiennes. « Les dirigeants algériens ont continué d’actionner deux moyens de pression afin de sécuriser le verrou tunisien. En premier lieu, l’arme du gaz algérien dont la Tunisie tire 99 % de son électricité. Et, en second lieu, la fermeture de la frontière pénalisant lourdement l’économie tunisienne, en particulier le secteur touristique », indique encore l’analyse du quotidien Le Monde.

Et ces deux armes ont obtenu rapidement l’effet escompté puisque le 5 juillet 2022, le président tunisien est invitée aux célébrations du soixantenaire de l’Indépendance de l’Algérie. « Invité à la dernière minute, Kaïs Saïed a été sciemment placé dans la tribune officielle aux côtés de Mahmoud Abbas, le chef de l’Autorité palestinienne, et de Brahim Ghali, le secrétaire général du Font Polisario. La scénographie ne pouvait être plus éloquente », relève à ce point l’analyse du quotidien français selon lequel les Algériens ont fini bel et bien par obtenir ce qu’ils attendaient de Kaïs Saïed.

« Alger rouvrait le 15 juillet la frontière, sauvant ainsi la saison touristique tunisienne, et livrait le 21 juillet à Tunis l’ancien chef des services secrets tunisiens, Lazhar Longo, en fuite sur le sol algérien. La qualité de l’accueil du chef du Polisario réservé à Tunis le 26 août marquerait-elle ainsi une réciprocité tunisienne à la subite sollicitude algérienne ? « Il n’est pas impossible que M. Saïed ait cherché à être agréable aux yeux d’Alger », spécule un ancien diplomate tunisien », note enfin cette analyse signée par Frédéric Bobin, chef-adjoint du service étranger du Monde, quotidien où il travaille depuis vingt ans.

La même source nous révèle en dernier lieu que l’Algérie dispose, désormais, d’une très grande influence sur les affaires politiques internes de la Tunisie et aucune décision importante ne peut être prise sans son aval. Preuve en est, c’est l’Algérie qui aurait empêché l’arrestation et l’emprisonnement du leader du principal mouvement islamiste en Tunisie.

« Cette ombre portée de l’Algérie sur la Tunisie ne touche pas que la diplomatie. Elle borne aussi désormais la marge de manœuvre intérieure de Kaïs Saïed. Selon une source proche d’Ennahda, les Algériens ont fait savoir à Tunis qu’ils étaient défavorables à l’arrestation de Rached Ghannouchi, le patron du parti islamo-conservateur tunisien que M. Saïed cherche à ligoter de procédures judiciaires », détaille en guise de conclusion l’analyse du quotidien Le Monde pour illustrer l’ampleur de l’emprise de l’Algérie sur la Tunisie.

La rédaction /Le7tv