Partenaire privilégié de Washington depuis le fameux « pacte de Quincy » conclu en 1945, le royaume saoudien a accueilli ces trente dernières années tous les présidents américains, sans exception. George Bush père, Bill Clinton, George W. Bush, Barack Obama ou Donald Trump : tous se sont rendus au moins une fois à Riyad durant leur mandat, la palme revenant à Barack Obama avec quatre visites effectuées entre 2009 et 2016.
« Joe Biden a été rattrapé par le principe de réalité, à savoir la défense des intérêts géopolitiques et stratégiques américains ». L’invasion russe de l’Ukraine a rebattu toutes les cartes en faisant grimper le prix du pétrole et en causant une inflation qui touche l’ensemble des pays occidentaux, dont les États-Unis. Cette situation redonne une place centrale à l’Arabie saoudite que Joe Biden ne peut pas ignorer. »
Washington voudrait par conséquent que le premier exportateur de brut du monde ouvre les vannes pour calmer l’envolée des cours de l’or noir et apaiser l’inflation, qui, outre les conséquences économiques, plombe les chances des Démocrates aux élections législatives de mi-mandat en novembre.
D’autre part, Joe Biden doit notamment prendre part à un sommet du Conseil de coopération du Golfe qui rassemblera les dirigeants de l’Arabie saoudite, de Bahreïn, du Koweït, d’Oman, du Qatar et des Émirats arabes unis. Les dirigeants d’Égypte, d’Irak et de Jordanie devraient également être présents, selon un haut responsable américain.
Enfin le dernier dossier, moins médiatisé celui-là, concerne la rivalité entre Washington et Pékin, à peine abordée en quelques mots par Joe Biden :
« Mohammed ben Salmane a laissé entendre en début d’année que l’Arabie saoudite pourrait libeller ses ventes de pétrole aux Chinois en yuans et non plus en dollars, ce qui serait une bombe dans la mesure où l’essentiel des transactions du marché pétrolier se fait en pétro-dollars, En terme de prestige et de statut pour la puissance américaine sur le monde, un tel changement serait un bouleversement majeur. La menace à peine voilée était tout sauf anodine et le message subliminal a été parfaitement reçu à Washington. »
La realpolitik a donc repris le dessus sur la vision du monde de Joe Biden, permettant à l’Arabie saoudite de passer en quelques mois seulement du statut de « paria » à celui de partenaire à nouveau incontournable pour les États-Unis.
La rédaction /Le7tv