Moscou « devrait agir immédiatement pour ouvrir ces ports et mettre fin à cette guerre », a souligné le ministre américain de l’Agriculture, Tom Vilsack, lors d’une conférence de presse après des discussions à l’ONU. « C’est une chose sérieuse, nous ne devrions pas utiliser la nourriture comme une arme« , a-t-il insisté.
L’ONU négocie depuis plusieurs semaines avec Moscou, Kiev et Ankara, caution militaire d’une utilisation de la mer Noire pour des navires civils, un accord qui permettrait aux céréales ukrainiennes de sortir du pays en sécurité et aux engrais produits par la Russie de revenir sur le marché international. Moscou se plaint d’entraves à ses exportations à cause de sanctions économiques. Si un accord était trouvé, il ferait baisser les prix des denrées et atténuerait la crise alimentaire dans le monde, qui s’aggrave du fait de l’invasion russe de l’Ukraine.
Tom Vilsack a réaffirmé que les sanctions américaines ne visaient pas la nourriture et les engrais. Pas plus que les sanctions européennes, a renchéri le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la coopération avec l’UE. « Les sanctions de l’UE ne sont pas la cause des pénuries alimentaires » car « elles visent la capacité du Kremlin à financer l’agression militaire – et non la conduite d’un commerce légitime« , a déclaré le responsable européen.
« Les sanctions de l’UE n’interdisent pas l’importation et le transport de produits agricoles russes, ni d’engrais, ni de paiement pour ces exportations russes » et « nos mesures n’affectent pas la capacité des pays tiers à acheter à la Russie« , a précisé Josep Borrell.
A propos des discussions en cours, le ministre américain a indiqué espérer que les Russes négocient « de bonne foi », « sérieusement et qu’ils ne fassent pas cela uniquement pour créer une image » destinée à faire croire à leur bonne volonté. « J’encourage la Russie » à contribuer à « la réouverture des ports et qu’elle le fasse rapidement. Car le besoin est immédiat », a-t-il dit. Actuellement, « la Russie bloque au moins 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes qui ne peuvent pas atteindre les marchés mondiaux« , a dénoncé de son côté Josep Borrell, en appelant aussi Moscou à permettre la réouverture des ports sous blocus russe.
« C’est l’équivalent de 300 énormes navires qui devraient accoster dans des ports du monde entier. Au lieu de cela, la Russie bombarde les ports, les infrastructures et les terres agricoles de l’Ukraine », a-t-il lancé. Ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia a balayé ces accusations. « On essaie de rejeter la faute sur la Russie, avec des allégations infondées de bombardements d’entrepôts de céréales, de blocages de céréales. Il n’y a aucun obstacle à cet égard« , a-t-il affirmé.
Interrogé sur un projet du président américain Joe Biden d’établir des silos en Pologne pour accueillir du grain ukrainien, Tom Vilsack a expliqué qu’il s’agissait de « réduire le risque de perte » des céréales, éviter leur vol et préserver leur qualité. Mercredi, la Turquie a annoncé être prête à accueillir « une réunion à quatre », avec l’ONU, la Russie et l’Ukraine, en vue d’organiser la sortie des céréales ukrainiennes via la mer Noire. « La Turquie soutient » le plan proposé par l’ONU « et attend le retour de la Russie », a indiqué le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, en précisant que des rencontres techniques entre militaires se poursuivaient. « Il faut répondre aux inquiétudes de tout le monde », a précisé le ministre .
« La Russie veut être sûre que les bateaux ne transportent pas d’armes et l’Ukraine veut être sûre que la Russie n’utilisera pas ces corridors (en mer) pour attaquer« , a-t-il expliqué.
La rédaction /Le7tv