Le parquet suisse a requis mercredi un an et huit mois de prison avec sursis contre Michel Platini et l’ex-président de la Fifa Sepp Blatter, les accusant d’avoir escroqué l’instance du football en obtenant pour le Français un paiement injustifié.
Le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (sud-est) rendra sa décision le 8 juillet dans cette affaire qui a brisé la carrière des deux dirigeants, et dans laquelle ils encourent théoriquement jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.
Renonçant à réclamer une peine ferme contre le Français de 66 ans et le Suisse de 86 ans, le procureur Thomas Hildbrand a demandé à ce que leur condamnation soit assortie d’un sursis avec mise à l’épreuve de deux ans.
Pendant plus de quatre heures et demie, il s’est attaché à balayer la thèse d’un « contrat oral » conclu entre les deux hommes pour un travail de conseiller effectué par Platini entre 1998 et 2002, alors qu’il venait de s’allier au Suisse pour le porter à la présidence de la Fifa.
Blatter et Platini ont certes signé un accord écrit en août 1999, prévoyant 300.000 francs suisses annuels intégralement acquittés par la Fifa. Mais ils ont assuré s’être mis d’accord pour verser 700.000 francs annuels de plus lorsque les finances de l’organisation le permettraient.
Platini, devenu dans l’intervalle président de l’UEFA, a donc présenté une facture de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) début 2011, signée par Sepp Blatter et présentée à la Fifa comme un reliquat tardif de salaire.
Invraisemblable, a balayé Thomas Hildbrand: même si l’instance avait transféré un million de francs suisses à Platini dès 1999, elle aurait encore eu « plus de 21 millions de francs de trésorerie », et ses réserves ont atteint 327 millions en 2002.
Convenir d’une telle somme sans trace écrite, sans témoins et sans jamais la provisionner dans les comptes est par ailleurs « contraire aux usages commerciaux » comme aux habitudes de la Fifa, a-t-il martelé.
Entamé mercredi dernier, le procès doit se poursuivre jusqu’au 22 juin, avec les plaidoiries de la Fifa – partie civile – puis de la défense.
La rédaction /Le7tv