Sa Majesté le Roi Mohammed VI a fait de la sécurité alimentaire une priorité stratégique pour le Maroc, a affirmé, à New York, l’ambassadeur, représentant permanent du Royaume auprès de l’ONU, Omar Hilale.
« La sécurité alimentaire représente une priorité stratégique pour le Maroc et figure au cœur de son nouveau modèle de développement à l’horizon de 2035 », a souligné M. Hilale lors d’un débat public du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales, présidé jeudi par le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken.
Il a relevé que sous les Hautes orientations de SM le Roi Mohammed IV, le Maroc continue de renforcer sa stratégie de développement “Plan Maroc Vert” lancée depuis plus d’une décennie, précisant qu’une série de stratégies sectorielles notamment “Generation Green 2020-2030, et la Stratégie nationale de l’Économie bleue renforcent cette ambition.
“La démarche marocaine promeut une approche intégrée, celle du développement socio-économique du monde rural et l’investissement dans l’agriculture, en tant que secteur offrant des opportunités énormes pour la création de la richesse et de l’emploi pour les jeunes et les femmes”, a expliqué l’ambassadeur.
Il a, dans ce cadre, insisté que pour renforcer la résilience, il est impératif d’investir dans des systèmes alimentaires durables et favoriser de nouvelles opportunités dans ce secteur aux femmes agriculteurs et aux jeunes, notant que le renforcement du secteur agricole peut créer des emplois et renforcer l’autosuffisance, stimuler la production locale et assurer la sécurité et la souveraineté alimentaire au sein de chaque contexte national.
M. Hilale a, en outre, relevé que l’intérêt que porte le Royaume du Maroc à l’élimination de la faim et la promotion d’une agriculture durable, émane d’une prise de conscience profonde du défi que représente la sécurité alimentaire dans le monde et dans le continent africain en particulier.
“Aujourd’hui, plus de 800 millions de personnes dans le monde souffrent chaque jour d’un manque de nourriture chronique et une personne sur cinq serait touchée par la sous-alimentation en Afrique, ce qui représente plus de 281 millions d’Africains”, a-t-il indiqué, ajoutant que dans 30 ans, l’Afrique aura à nourrir le double de sa population actuelle. « Malheureusement, le continent continue d’importer plus de 43 milliards de dollars de produits alimentaires net par an et demeure donc tributaire des importations pour nourrir une population en pleine croissance », a-t-il déploré.
Et de poursuivre que l’insécurité alimentaire est aussi accentuée par les effets de la crise du Covid-19, le changement climatique, ainsi que par les conflits armés qui ont un réel impact sur les chaînes d’approvisionnement alimentaire à l’échelle globale et perturbent les importations des denrées de base.
“Cette situation engendre une augmentation des prix sur les marchés internationaux et a des répercussions majeures sur la stabilité des pays les plus vulnérables, car la rareté des ressources et la hausse soudaine des prix alimentaires alimentent les troubles sociaux”, a fait remarquer le diplomate marocain.
Il a, dans ce sens, signalé que le Maroc a toujours investi dans l’agriculture notamment à travers la coopération sud-sud en Afrique, qui dispose de plus de la moitié des terres arables non cultivées au monde.
Soulignant que l’Afrique dispose d’une population jeune et d’un marché continental immense, de plus d’un milliard de personnes, M. Hilale a fait valoir que le Maroc appuie fortement la Zone africaine de libre échange qui a le potentiel de stimuler l’échange de produits alimentaires entre les pays africains à moindre coût , améliorer les revenus des agriculteurs et favoriser l’agro-industrie.
Il a, à ce propos, rappelé que le Royaume a signé plus de 38 accords et conventions dans le domaine agricole avec 18 pays africains frères, comme en témoignent les partenariats lancés récemment avec l’Ethiopie et le Nigeria pour la production de fertilisants naturels. Le Maroc a initié une coopération triangulaire riche et diversifiée avec l’appui de la FAO et plusieurs accords tripartites ont été signés dans ce cadre notamment avec le Mali, le Sénégal, la Guinée, la Guinée Bissau, Eswatini et le Cameroun, a-t-il enchainé.
“C’est également dans le même esprit que s’inscrit le lancement, lors de la COP22, de l’Initiative Triple A pour l’Adaptation de l’agriculture africaine au changement climatique”, a encore indiqué l’ambassadeur, relevant que cette initiative a pu accompagner à ce jour pas moins de 7 pays du continent africains. “L’Initiative Triple S, lancée en 2016 avec la République du Sénégal, vise également à soutenir la Soutenabilité, la Stabilité et la Sécurité en Afrique à travers le vecteur de l’agriculture”, a-t-il annoncé.
Et M. Hilale de rappeler que plus récemment, le Maroc et les Nations Unies ont organisé conjointement un Dialogue régional de l’Afrique avant le Sommet alimentaire de l’ONU, mobilisant plus de 40 ministres et décideurs africains, pour mettre en lumière les priorités, les opportunités et les pistes d’action d’une transformation réussie des systèmes alimentaires en Afrique, en tenant compte du contexte mondial contraignant.
Il a, de même, fait remarquer que le Maroc “reste convaincu que des partenariats novateurs dans ce domaine permettront d’approfondir et développer des synergies prometteuses”, soulignant qu’une coopération efficace entre les Nations Unies et les Etats membres, mais aussi avec le Secteur privé est indispensable si nous voulons aboutir à cet objectif.
“C’est à travers des partenariats novateurs entre toutes ces parties prenantes que nous pouvons aspirer à éliminer la faim dans le monde, renforcer la souveraineté agricole au sein des pays, produire des aliments de qualité localement, efficacement, durablement et faire face aux enjeux multiples et interdépendants de l’insécurité alimentaire, la paix et la sécurité internationale”, a conclu M. Hilale.
Le débat public du Conseil de sécurité vise à identifier les moyens de briser le cycle de l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits. Il s’agit aussi d’examiner les moyens d’atténuer ces impacts, notamment en renforçant l’approvisionnement alimentaire mondial d’une manière compatible avec les obligations commerciales internationales, en promouvant le respect des obligations du droit international humanitaire et en mobilisant des ressources et une action collective pour améliorer la sécurité alimentaire et la résilience, en particulier dans les pays les moins avancés, selon une note de la présidence du Conseil de sécurité.
Mercredi, les Etats-Unis ont organisé une réunion ministérielle sur la faim au siège des Nations Unies à New York.
La rédaction /Le7tv (avec MAP)