Brillant vainqueur de son deuxième Masters 1000 face à Alexander Zverev (6-3, 6-1), Carlos Alcaraz a savouré son accomplissement devant la presse. Conscient d’avoir franchi un nouveau cap dans un tournoi qui l’a vu terrasser deux légendes avant sa démonstration en finale, le prodige espagnol a déjà les yeux rivés sur Roland-Garros et ne cache pas ses ambitions.
Il y a des événements clés dans l’histoire du tennis. Des dates dont on se souvient et qui forgent le destin d’un champion. Carlos Alcaraz n’oubliera pas cette semaine de mai 2022, « la meilleure de sa vie » jusqu’ici de son propre aveu, qui l’a vu s’affirmer un peu plus comme le monstre que l’on pressentait. A 19 ans et trois jours, il compte désormais déjà cinq titres à son palmarès, dont deux en Masters 1000. Mais ce sacre madrilène a quelque chose de plus, d’abord en raison du pedigree de ceux qu’il a fait tomber.
En l’emportant face à Rafael Nadal, Novak Djokovic et Alexander Zverev à la suite, Alcaraz est devenu le plus jeune joueur à battre trois membres du Top 5 dans un même tournoi. Ajoutez à cela le soutien d’une Caja Magica électrique et l’empreinte devient indélébile. « C’est une super sensation d’être capable de battre ces joueurs. Battre deux des meilleurs joueurs de l’Histoire et puis Zverev, le numéro 3 mondial. C’est un grand joueur. Regarder Rafa soulever ce trophée par le passé m’a donné beaucoup d’énergie pour travailler dur pour ce moment. C’est vraiment spécial de remporter ce tournoi qui est le premier où je suis venu quand j’étais enfant à 7 ou 8 ans », a-t-il lâché après son triomphe.
DÉJÀ UN GRAND, SURTOUT MENTALEMENT
Lors de cette semaine, le Murcien s’est affirmé comme d’ores et déjà un grand joueur, de sa capacité d’adaptation à son approche des matches en passant par son état d’esprit sur le court. Il lui a d’abord fallu se faire aux conditions d’altitude à Madrid, avant que celles-ci ne magnifient son jeu. Étrillé lors d’un set d’entraînement par Djokovic en préparation – il en riait d’ailleurs -, Alcaraz a cherché son tennis lors de ses deux premiers tours, sans jamais se frustrer toutefois malgré des fautes directes à la pelle.
Et dès que les choses très sérieuses ont débuté, il a haussé son niveau car l’occasion l’exigeait. Diminué par une cheville douloureuse face à Nadal en quart, il a trouvé les ressources en lui pour continuer et en faire abstraction. Mené d’un set par le numéro 1 mondial en demie, il a toujours cru en ses chances quand tant d’autres auraient baissé la tête. Dur au mal, il s’est mis mentalement dans les conditions pour aller chercher la gagne en finale.
Car même s’il a bénéficié d’une bonne nuit de récupération, il venait tout de même d’enchaîner deux combats, dont un monumental, et six heures de tennis à haute intensité en deux jours. « Je me suis levé avec la cheville droite plus enflée et j’avais une ampoule au pied qui s’était infectée. Le début de journée a été compliqué, ça me faisait un peu mal quand je marchais. Mais je crois en moi : je dis toujours que je ne joue pas des finales, je les gagne », a-t-il lancé en conférence de presse. Et pour cause, il en est à cinq sur cinq désormais dans ses matches pour le titre.
FAVORI À ROLAND ? PAS UNE PRESSION, UNE SOURCE DE MOTIVATION
Si Alcaraz est déjà un grand, c’est aussi parce que les autres le disent. Des éloges de Nadal et Djokovic à l’hommage de Zverev qui le désigne comme le meilleur joueur du moment, il est servi. Mais il refuse de se laisser griser. « Djokovic est le numéro 1 mondial. Ce n’est pas parce que j’ai gagné à Barcelone et ici que je me considère comme le meilleur. Demain (lundi), je serai numéro 6, il y a cinq joueurs devant. Il faut que je m’améliore encore, je peux progresser dans tous les secteurs et il n’y a pas de limites. Rafa, Novak ne stagnent pas, ils continuent de progresser. »
Car l’animal regarde devant lui. Et si cette semaine madrilène laissera vraisemblablement une trace indélébile, c’est parce qu’elle est déjà un souvenir sur lequel bâtir. Deuxième à la Race (classement depuis le 1er janvier 2022) à 70 minuscules points de Nadal, Alcaraz peut regarder les légendes droit dans les yeux et le prochain objectif est clair : gagner Roland-Garros. Il a d’ailleurs décidé de faire l’impasse sur Rome pour soigner sa cheville et se donner toutes les chances de succès possible.
« Je crois que je suis prêt à gagner un Grand Chelem. Roland-Garros est un tournoi spécial. L’an passé, ça a été le premier Grand Chelem dans lequel je suis allé jusqu’au 3e tour. Cette fois, je pense que les gens me considéreront comme favori, mais je ne prends pas ça comme une pression supplémentaire, plutôt comme une source de motivation. J’ai envie d’aller à Paris pour montrer que je peux bien jouer en Grand Chelem. Ce titre me donne confiance pour me présenter à Roland-Garros avec énergie. » A bon entendeur…
La rédaction /Le7tv