La crise en Ukraine aura des conséquences mondiales sur l’approvisionnement des marchés de matières premières. Le Maroc n’est pas à l’abri et doit également subir à moyen et long termes des conséquences à différents niveaux.
La guerre en Ukraine plonge les Occidentaux au fond d’une impasse entre condamnations de l’intervention militaire russe et la prudence liée aux dépendances notamment énergétiques, les répercussions sur les marchés se font déjà ressentir.
Au Maroc, le gouvernement a assuré hier jeudi, qu’il va assumer la responsabilité de cette augmentation des prix du blé tendre importé d’Ukraine, tout en rassurant les consommateurs Marocains inquiets de l’impact sur les prix du pain précisément, l’exécutif n’a pas non plus balayé la très probable hausse sur les marchés mondiaux.
Comme cause, une forte possibilité de diminution de l’offre face à une demande toujours inchangée, dans un environnement incertain et instable. En conséquent, les clients directs de l’Ukraine pourraient se retrouver à chercher des sources ailleurs, et de ce fait, faire augmenter les prix pour les autres acheteurs.
Et, au cas où des sanctions économiques et une isolation doivent frapper la Russie, c’est encore une fois d’autres marchés qui semblent compromis.
Pour le Maroc, les effets directs de cette crise vont être porter sur le niveau du blé et du gaz. Le Royaume a déjà perdu une source importante avec la non reconduction du contrat de gaz GME qui reliait l’Algérie à l’Espagne et le Portugal en passant par le Maroc.
Said Saddiki, professeur de relations internationales et droit international, à l’Université de Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès a confié à nos confrére Hespress FR :« Nous vivons dans un monde interconnecté et chaque crise dans un pays a des conséquences politiques, économiques, et sécuritaires sur d’autres Etats même s’ils ne sont pas proches géographiquement » .
« Le développement de la crise en Ukraine et la détérioration de la situation sécuritaire et militaire en Europe de l’Est, aura sans doute des conséquences négatives sur l’économie marocaine », il a affirmé en précisant que l’Ukraine est l’un des grands producteurs de blé dans le monde et exporte une importante quantité de ce blé au Maroc ainsi qu’à plusieurs pays arabes.
« La détérioration de la situation militaire en Ukraine aura donc un effet sur le circuit de distribution
ce qui aura comme résultat l’augmentation du prix du blé ou encore la difficulté de s’approvisionner suffisamment », a estimé l’universitaire en référence au blé.
D’autres produits vont connaitre des augmentations, du côté de l’Ukraine tout autant que du côté de la Russie. Cela va concerner, des produits comme le tournesol, le titane, l’aluminium, le gaz ou encore le nickel.
Au niveau du Maroc, un autre point va subir des conséquences directes sur son économie, selon ce qu’estime Sadiki, le gaz russe.
L’universitaire Sadiki réaffirme que:« Si les Occidentaux imposent des sanctions sur le gaz russe, et nous savons qu’il représente plus de 40% de la consommation en Europe, cela voudrait dire que le mettre de côté va obliger les Européens à trouver des sources de gaz ailleurs et concurrencer le Maroc sur ses sources, ce qui aura certainement un impact sur les coûts sur les marchés mondiaux».
Il est prévu que « le gaz sera plus rare » dans les mois à venir si la crise continue et « conduira le Maroc à avoir plus de peines à trouver les quantités suffisantes de cette matière ».
En guise de conclusion, Said Saddiki, professeur de relations internationales et droit international, à l’Université de Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, finit par souligné:« le problème se posera aussi bien au niveau de la quantité que du prix».
Le 7tv