Le président français Emmanuel Macron a dit avoir des relations « vraiment cordiales » avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune alors que les deux pays traversent une crise diplomatique et qu’Alger a rappelé son ambassadeur et souhaite un « apaisement » sur le sujet mémoriel.
« Mon souhait, c’est qu’il y ait un apaisement parce que je pense que c’est mieux de se parler, d’avancer », déclare-t-il dans un entretien à France Inter, appelant à « reconnaître toutes ces mémoires » et leur « permettre de cohabiter ».
« J’ai le plus grand respect pour le peuple algérien et j’entretiens des relations vraiment cordiales avec le président Tebboune », a-t-il déclaré sur France Inter, liant les tensions actuelles au travail de mémoire fait en France sur la Guerre d’Algérie. Emmanuel Macron a déclenché la colère d’Alger après des propos rapportés accusant le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » sur cette guerre.
Emmanuel Macron, premier président français né après la guerre d’Algérie achevée en 1962, a entrepris un travail de mémoire inédit sur cette guerre, souvenir douloureux pour des millions de Français, dont de nombreux d’origine algérienne.
Il a commandé un rapport à l’historien Benjamin Stora et estime faire « un travail en profondeur avec la jeunesse française et franco-algérienne. Et donc, on se dit des choses qui ne sont pas agréables pour nous-mêmes. Je ne nous ai pas ménagé avec notre propre histoire. Il y a quelques années de ça, ça avait produit quelques troubles et quelques réactions. J’ai été le plus franc possible avec notre histoire sur la question des harkis, mais je continuerai ce travail », a-t-il dit.
« Quand la question m’a été posée sur l’accueil du rapport de Benjamin Stora en Algérie, j’ai été obligé de dire la vérité au président Tebboune, on en a parlé et c’est quelqu’un en qui j’ai confiance. Il a eu des mots amicaux et proportionnés ». Mais en Algérie, « beaucoup de gens ont insulté, parfois menacé Benjamin Stora suite à ce rapport. On ne va pas faire comme si cela n’était rien », a-t-il dit.
Il estime toutefois que ce travail mémoriel, « c’est d’abord un problème franco-français. On doit continuer à faire ce travail avec beaucoup d’humilité, avec beaucoup de respect ».
Outre le rappel de son ambassadeur, le régime algérien, dans lequel l’armée joue un rôle clé, a interdit le survol du pays aux avions militaires français, qui participent notamment à l’opération militaire antijihadistes Barkhane au Sahel.