Les deux journalistes français accusés d’avoir demandé plusieurs millions d’euros à la famille royale du Maroc en 2015 pour ne pas publier un livre embarrassant pour elle ont été renvoyés en procès, a appris ce mercredi l’AFP de source proche du dossier.
Dans une ordonnance de onze pages datée du 2 février, consultée par l’AFP, les juges d’instruction chargés de cette enquête ont ordonné un procès pour «chantage» pour Eric Laurent et Catherine Graciet, auteurs en 2012 d’un précédent ouvrage sur le monarque chérifien Mohammed VI, «Le Roi prédateur».
Ils ont en revanche abandonné les poursuites pour «extorsion de fonds par menace».
«Comme trop souvent l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel est un copier-coller du réquisitoire», ont réagi Me William Bourdon et Me Bertrand Repolt, avocats de M. Laurent. «Depuis l’origine, une mécanique judiciaire s’est mise en route avec tapage et orchestration, sans aucun fondement factuel. Eric Laurent devra être relaxé du chef de chantage», ont-ils estimé.
Pour rappel, l’affaire avait éclaté à l’été 2015, quelques mois avant la parution programmée d’un nouveau livre de ces journalistes sur le Maroc. Le 23 juillet, Eric Laurent contactait le secrétariat particulier du roi en vue d’obtenir un rendez-vous, finalement organisé le 11 août dans un palace parisien, avec un émissaire de la monarchie, par ailleurs avocat. Lors de cette rencontre, M. Laurent annonçait la publication prochaine d’un second tome sur Mohammed VI, contenant des informations potentiellement embarrassantes pour la monarchie.
Les versions divergent ensuite. Selon M. Laurent, il lui a été proposé un accord financier en vue de la non-publication de l’ouvrage. Le royaume, qui a été défendu au cours de la procédure par Eric Dupond-Moretti, désormais ministre de la Justice, assure que la proposition émanait du journaliste, qui réclamait trois millions d’euros. Le 20 août 2015, le Maroc déposait plainte à Paris et une enquête était ouverte.
La rédaction/Le7tv.